Édition du 19 novembre 2001 / Volume 36, numéro 12
 
  La pilule du lendemain efficace jusqu’à cinq jours
Mieux vaut la prendre rapidement, mais mieux vaut tard que jamais.

La contraception d’urgence ou «pilule du lendemain» demeure efficace jusqu’à cinq jours après une relation sexuelle non protégée. C’est ce que vient de démontrer pour la première fois une étude réalisée par Isabel Rodrigues et Fabienne Grou, toutes deux professeures au Département de médecine familiale et médecins au CLSC du Marigot de Laval, affilié à l’UdeM.

L’étude des Dres Isabel Rodriguez (à gauche) et Fabienne Grou montre que l’efficacité de la pilule du lendemain peut atteindre 87 % chez les femmes au cycle régulier même cinq jour après la relation sexuelle.

Ce traitement, prescrit pour éviter une grossesse non désirée lorsque aucun moyen de contraception n’a été utilisé, doit normalement être administré à l’intérieur des 72 heures qui suivent la relation sexuelle.

«Les études cliniques chez la femme se sont toujours concentrées sur ce délai de 72 heures, mais nous savions qu’il était théoriquement plausible qu’une efficacité persiste jusqu’à cinq jours après le rapport sexuel», indique Isabel Rodrigues.

Contrairement à ce que plusieurs croient, la pilule du lendemain n’est pas une pilule abortive. Composée d’œstrogènes et de progestérone, elle agit soit en empêchant la fécondation de l’ovule, soit en empêchant un ovule fécondé de se fixer à l’utérus. «Si l’ovule fécondé s’est déjà fixé à l’utérus, ce qui se fait normalement au cinquième jour, cette pilule n’aura aucun effet et ne provoquera pas d’avortement», précise la Dre Rodrigues.

C’est pourquoi les deux chercheuses qualifient cette méthode de «contraception d’urgence». Il existe, par ailleurs, une pilule abortive (la RU-486) qui peut être efficace au-delà de cinq jours, mais elle n’est pas encore sur le marché en Amérique du Nord.

Jusqu’à 87 % d’efficacité

Pour étudier la durée d’efficacité de la pilule du lendemain, Isabel Rodrigues et Fabienne Grou ont comparé le taux réel de grossesses chez des femmes s’étant prévalues du contraceptif d’urgence avec le taux de risque calculé en fonction de leur cycle menstruel.

Quelque 300 femmes, âgées de 14 à 38 ans, ont participé à l’étude. Elles ont été réparties en deux groupes selon le délai survenu entre la relation sexuelle et le traitement. Cent trente et une femmes ont reçu le traitement à l’intérieur de 72 heures et 169 femmes l’ont obtenu entre 72 et 120 heures après leur relation sexuelle.

Selon les cycles menstruels des femmes du premier groupe, le nombre de grossesses attendu allait de 8 à 10, mais un seul cas de fécondation a été observé. Le taux d’efficacité de la contraception d’urgence pour ce groupe se situe ainsi entre 87 et 90 %.

Dans le second groupe, le nombre de grossesses aurait dû se situer entre 11 et 14. Mais seulement trois se sont produites, ce qui indique un taux d’efficacité allant de 72 à 79 % lorsque le traitement est administré jusqu’à cinq jours après le rapport sexuel. Chez un sous-groupe ayant un cycle parfaitement régulier, l’efficacité a atteint 87 %.

Selon la Dre Rodrigues, le taux d’efficacité pourrait possiblement être plus grand, car certains échecs peuvent être dus non pas au traitement mais à des relations sexuelles qui se sont produites plus de cinq jour avant la consultation et qui n’ont pas été déclarées.

«Mais plus on s’approche du quatrième ou du cinquième jour, plus il est probable que l’efficacité de la contraception d’urgence diminue», tient-elle à souligner.

Pour les chercheuses, le message est clair: les femmes qui craignent une grossesse non désirée après une relation sexuelle non protégée doivent consulter leur médecin le plus rapidement possible. Mais si cela ne peut se faire dans les 72 heures qui suivent, elles ne doivent pas renoncer pour autant à la contraception d’urgence.

Daniel Baril



 
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