Édition du 3 décembre 2001 / Volume 36, numéro 14
 
  Montrer patte blanche pour accéder au CEPSUM...
6000 entrées quotidiennes au CEPSUM sont désormais gérées par un système de biométrie.

Chaque main est unique. Les appareils de biométrie de la société Recognition Systems ont en mémoire la morphologie de quelque 8000 mains de clients du CEPSUM. Le tourniquet est déverrouillé lorsque l’image de la main de l’usager correspond à celle qui a été enregistrée.

Quelque 6000 entrées quotidiennes au CEPSUM sont désormais gérées par un système de biométrie. L’usager compose un code personnel de cinq chiffres, puis pose sa main sur un lecteur optique qui vérifie si la morphologie des doigts et de la paume est identique à celle qui a été enregistrée au moment de l’inscription. Si oui, le tourniquet est déverrouillé pour un passage. «Nous sommes les premiers au Québec à avoir implanté un système de biométrie sur une aussi large échelle, signale Edgar Malépart, directeur adjoint du CEPSUM. Ce système nous permettra d’augmenter nos revenus tout en contrôlant mieux la fraude.»

En plus d’éviter au personnel à l’accueil de devoir s’assurer de l’identité de chacun des usagers qui entrent au CEPSUM (à partir d’une photo format timbre-poste), le système épargne aux préposés la fastidieuse tâche qui consiste à vérifier les dates d’échéance et les couleurs sur les vignettes collées au dos de la carte de membre. En outre, il permettra d’étendre les activités à de nouvelles clientèles. Par exemple, les nouveaux forfaits «lève-tôt» ou «week-end» seront programmés de manière électronique. On pourra aussi vendre des abonnements de durée limitée ou comptant 10 ou 20 entrées.

Si une trentaine de fraudeurs étaient pris chaque année, il est difficile d’évaluer le nombre et le coût des fraudes aux tourniquets du CEPSUM. Mais M. Malépart croit qu’il était urgent de resserrer les mesures de contrôle. «Je pense que nos membres sont rassurés de voir que nous redoublons d’efforts pour vérifier l’identité des personnes qui entrent au CEPSUM. Surtout depuis les événements du 11 septembre.»

De tout temps, reprend le directeur adjoint, les gens ont dû prouver leur identité par des sceaux, puis des signatures. Pour Edgar Malépart, la biométrie est un nouveau moyen, plus sûr, d’assurer cette authentification. Dès 1993 d’ailleurs, il avait proposé un tel système pour contrôler l’accès aux installations sportives.

Moins de un pour cent des abonnés du CEPSUM ont refusé de présenter leur main droite à l’appareil qui prend les mesures biométriques. Et novembre, qui est habituellement un mois creux pour les inscriptions, a connu une hausse notable de celles-ci. M. Malépart attribue cette augmentation à une série de facteurs, dont une campagne de publicité ciblée. Mais il semble clair que le nouveau système n’a pas repoussé la clientèle.

L’implantation de cette innovation technologique suscite tout de même un malaise chez ceux qui craignent une utilisation abusive des renseignements personnels. Jacques Frémont, doyen de la Faculté de droit, a notamment fait part de ses inquiétudes aux membres de l’Assemblée universitaire le 5 novembre dernier. Le procès-verbal de cette séance mentionne que M. Frémont se demande si l’Université de Montréal a «soupesé tous les inconvénients d’un tel système». Selon le juriste, l’emploi de la biométrie a jusqu’ici été limité aux «fonctionnaires fédéraux et aux criminels» et il n’est pas prouvé que son utilité puisse s’étendre aux sportifs d’occasion.

Dans un rapport rédigé pour répondre aux interrogations du doyen, M. Malépart rappelle que le consultant qui a été engagé pour une étude de faisabilité, Marc Antoine Flot, a exposé à la Commission d’accès à l’information le projet du CEPSUM. Son rapport ne contenait qu’une recommandation: utiliser un numéro d’accès individuel plutôt que le numéro d’assurance sociale du client pour déverrouiller le tourniquet. Les responsables l’ont appliquée dans la version définitive du projet.

Par ailleurs, «conscients des réticences normales associées à l’implantation des nouvelles technologies», les responsables disent avoir réduit le rôle de la biométrie à sa plus simple expression. «Aucun renseignement personnel n’est consigné dans le fichier de biométrie, assurent-ils. Ce fichier contient deux champs: le numéro unique de l’usager attribué par notre logiciel de gestion des activités physiques et un gabarit crypté de neuf octets comprenant une série de coordonnées spatiales des bords de la main droite de l’usager.»

À noter, les responsables de l’application du nouveau système ont renoncé à d’autres technologies de biométrie éprouvées qui leur sont apparues inadéquates: la lecture de la rétine ou de l’iris, de la morphologie du visage, de l’empreinte digitale ou encore l’identification par ADN.

M. Malépart précise que, si le CEPSUM est le premier centre public à utiliser la biométrie sur une large échelle au Québec, des universités américaines ont adopté depuis longtemps de tels systèmes. À la Georgia University, notamment, on contrôle depuis 1990 l’accès non seulement au centre sportif, mais à des endroits comme la cafétéria et les résidences. À Atlanta, aux derniers Jeux olympiques, l’accès au village où logeaient les athlètes était géré par la biométrie.

M.-R.S.



 
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