Édition du 21 janvier 2002 / Volume 36, numéro 17
 
  100 ans de programmes de théâtre au Québec
Gilbert David et Sylvain Schryburt montent l’exposition Théâtre au programme.

Fridolinons 39, de Gratien Gélinas, février 1939.

Le peintre Alfred Pellan a réalisé, en 1946, le décor et les costumes d’un spectacle des Compagnons de Saint-Laurent qui a marqué le théâtre québécois: La nuit des rois, de Shakespeare. Mais l’histoire a oublié que l’artiste a aussi conçu le programme de la pièce, dont la page frontispice et la couverture arrière ne comportaient aucun texte. Pas un mot. La composition de formes géométriques à la manière caractéristique de Pellan était pliée en deux et renfermait les notes du programme.

Cette œuvre originale est exposée jusqu’au 2 février prochain à l’édifice Saint-Sulpice de la Bibliothèque nationale du Québec, à l’occasion d’une exposition sans précédent intitulée Théâtre au programme et portant sur l’évolution du graphisme des programmes de théâtre à Montréal. «Assez étrangement, il n’y a pas de politique de mise en valeur des programmes de théâtre au Québec. Nous avons voulu en présenter un certain nombre pour montrer qu’ils se sont modifiés au rythme de la transformation des mentalités et de la culture.»

Gilbert David a organisé l’exposition Théâtre au programme, qu’on peut voir à la Bibliothèque nationale du Québec jusqu’au 2 février. Un catalogue des œuvres présentées paraîtra sous peu.

La décennie 1940-1950 correspond, par exemple, à une période d’effervescence culturelle dont témoigne le graphisme des affiches de spectacles, qui sont le plus souvent reproduites au recto des programmes. Par comparaison, les décennies précédentes font porter l’attention sur l’acteur qui tient le premier rôle. Lorsqu’on annonce la prestation de Sarah Bernhardt ou de Tizoune, un comédien fort populaire durant les années 30, on ne fait que reproduire leur photo et l’on ne mentionne même pas ce qu’ils vont interpréter...

L’acteur en une

Cette glorification de l’acteur est revenue en force à la fin du siècle, notamment dans les campagnes de publicité du Théâtre du nouveau monde. Mais comme le fait remarquer Gilbert David, l’acteur apparaît cette fois costumé et non en train d’incarner son propre rôle...

 

Un pays dont la devise est je m’oublie, de Jean-Claude Germain, Théâtre populaire du Québec, janvier 1983. Illustration: Alain Massicotte et Claude Cloutier.

Quand on regarde l’ensemble de la production du siècle, on est étonné par l’utilisation de la couleur — principalement le rouge. Pourtant, au cours des années 70, la photographie en noir et blanc sera très populaire. «Plus on se rapproche de notre époque, plus la diversité graphique nous saute aux yeux», souligne le professeur du Département d’études françaises.

La Bibliothèque nationale possède quelque 2000 programmes de théâtre et la théâtrothèque du Centre d’études québécoises en conserve près de 300. L’exposition est organisée conjointement par l’Université de Montréal et la Bibliothèque nationale. Un catalogue paraîtra sous peu. Il sera signé par Gilbert David et Sylvain Schryburt, un étudiant au doctorat qui a travaillé à titre d’agent de recherche à ce projet.

En novembre dernier, M. David a organisé avec l’Université du Québec à Montréal un colloque sur le théâtre francophone qui a réuni une centaine de spécialistes d’un bout à l’autre du Canada, dont une trentaine de conférenciers. Ce colloque avait pour but de dresser un bilan des connaissances.

Depuis trois ans au Département d’études françaises, on a mis l’accent sur le théâtre en embauchant deux professeurs spécialisés dans ce genre particulier: Gilbert David, qui se décrit comme un historien du théâtre, et Marie-Christine Lesage, engagée en 1998, qui s’intéresse à la dramaturgie contemporaine, européenne et québécoise et au rapport entre le théâtre et les autres arts. Ils travaillent ensemble sur la réception critique du théâtre des femmes au Québec entre 1930 et 1995.


M.-R.S.



 
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