Édition du 11 février 2002 / Volume 36, numéro 20
 
  Accès aux personnes handicapées: l’UdeM à l’avant-garde
Le CEPSUM aura bientôt un ascenseur destiné aux personnes à mobilité réduite.

 Paul Foster président de Mille et un métiers financera le tiers du coût de l'ascenseur du CEPSUM.

Victime d’un accident de plongeon qui l’a rendu tétraplégique à l’âge de 15 ans, Dominico Cavaliere n’a pas renoncé à mener une carrière d’avocat. Il en est à sa deuxième année de baccalauréat en droit à l’Université de Montréal. Depuis son arrivée sur le campus, il apprécie le fait que chaque pavillon dispose de rampes d’accès pour les fauteuils roulants et que celles-ci sont rapidement déblayées après une chute de neige. Le Bureau des étudiants handicapés (BEH) lui a aussi procuré un ordinateur portable adapté à ses besoins. «J’ai fréquenté une autre université avant de venir ici et je peux vous dire que la vie des personnes handicapées n’était pas si simple», confie-t-il.

Ce sentiment est partagé par Mohammed Ali El Qabli, qui souffre de surdité. Arrivé à Montréal en 1999 en provenance du Maroc, il a frappé à quelques portes pour se trouver du travail, puis s’est adressé aux conseillers du BEH, Daniel Boucher (également responsable du Bureau) et Baudouin Cardyn. Il a reçu de l’aide pour préparer son entrée à l’École d’architecture. Lorsque les cours ont commencé, on lui a fait rencontrer des interprètes pour lui permettre de choisir le langage qu’il préférait.

«Les sourds doivent choisir entre le langage des signes québécois, le système oraliste ou un autre système de communication consistant en un mélange des deux», explique Joël Saint-Pierre, un sociologue devenu interprète professionnel. En s’adressant à Forum, il traduit ses propos avec des gestes bien compris par M. El Qabli.

Payé par le gouvernement du Québec dans le cadre d’un programme spécial d’intégration, Joël Saint-Pierre passe une vingtaine d’heures chaque semaine avec M. El Qabli, notamment dans les salles de classe. La relation professionnelle qu’ils entretiennent ne les empêche pas de se taquiner comme deux bons amis. «Je me sens très bien, explique le jeune homme par la voix de son interprète. Je suis accepté comme un étudiant à part entière. Même les professeurs semblent avoir oublié ma surdité.»

Un bureau dynamique

Étudiants au premier cycle, Mohammed Ali El Qabli (à gauche, accompagné de son interprète, Joël Saint-Pierre, à droite) et Dominico Cavaliere (à l’avant-plan) trouvent que le campus est bien adapté aux besoins des personnes handicapées.

«Il y a environ 120 étudiants handicapés à l’Université de Montréal, explique Daniel Boucher. Nous définissons le handicap comme une condition qui crée une incapacité particulière. Cela inclut les affections chroniques comme la maladie de Crohn ou l’insuffisance rénale, de même que les troubles d’apprentissage ou certaines maladies mentales.»

Président de Mille et un métiers, un organisme privé à but non lucratif de Montréal qui a pour mission d’intégrer les personnes handicapées dans le milieu du travail, Paul Foster a lui aussi trouvé que l’Université de Montréal s’occupait bien de ses étudiants handicapés. «Nous cherchions à élargir notre mission sociale quand j’ai visité votre campus. Je dirais que l’Université de Montréal est actuellement le meilleur endroit pour un étudiant qui souffre d’un handicap. Nous avons voulu encourager les initiatives visant à leur rendre la vie plus facile.»

À plusieurs reprises, M. Foster a joint le geste à la parole. Grâce à ses dons, le Comité pour l’intégration des personnes handicapées offre, chaque année, des bourses d’études de 2000 $ à six étudiants handicapés. Il s’agit des bourses Lise-Arseneault, Robert-E.-Goudreau, David-Gaboury, Howard-Lacey, Julien-Raymond et Alan-Short. L’entreprise Mille et un métiers a poussé plus loin sa participation en acceptant d’assumer les frais du transport adapté sur le campus (110 000 $ sur deux ans). Cette dernière initiative portait à plus de un quart de million les engagements financiers de cette entreprise pour l’amélioration de la situation des personnes handicapées à l’Université de Montréal.
Un ascenseur au CEPSUM
M. Foster a fait un pas de plus, récemment, en offrant une mise de fonds de 300 000 $ pour un projet porté par la présidente du Comité, Rhoda Weiss-Lambrou: un ascenseur pour le Centre d’éducation physique et des sports (CEPSUM). «Le CEPSUM existe depuis plus de 25 ans et n’a jamais été adapté aux besoins des personnes handicapées, dit-elle. Il y a bien un monte-charge, mais il n’est pas très sécuritaire et il est mal situé. Nous nous sommes dit que c’était là une faiblesse à corriger.»

L’ascenseur, qui permettrait d’éviter les 45 marches à franchir, pourrait servir à d’autres clientèles comme les mères avec leurs enfants. Des plans avaient été élaborés durant les années 80, mais ils ont été remisés faute d’argent. Le don de M. Foster permet de relancer le projet, car il finance à lui seul le tiers des coûts. «Le projet va voir le jour, même s’il nous reste encore des sommes à amasser», signale Mme Weiss-Lambrou.

Le Comité pour l’intégration des personnes handicapées, dont la directrice du Centre d’études et de formation en enseignement supérieur assume la présidence depuis 1995, réunit des représentants de chaque secteur de l’Université, des étudiants au Registrariat, en passant par les Services aux étudiants, la Direction des immeubles et la Bibliothèque des lettres et des sciences humaines.

Mathieu-Robert Sauvé


 
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