Une nouvelle technique de stérilisation chez la femme est pratiquée depuis le 13 février dernier à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. L’opération ne dure que quelques minutes et la patiente peut rentrer chez elle et reprendre le travail dès le lendemain, voire le jour même.

Quasiment sans douleur, ne laissant aucune cicatrice et ne nécessitant pas d’anesthésie, l’intervention consiste en l’introduction, à l’aide d’un endoscope, d’un petit ressort de nitrinol (un métal biocompatible) dans les deux trompes de Fallope. En 12 semaines, une obturation complète des trompes est obtenue. Il s’agit d’une intervention approuvée depuis peu au Canada.

«En 30 ans, c’est la première innovation majeure en matière de stérilisation chez la femme», note le Dr Robert Sabbah, chef du Service de gynécologie-obstétrique de l’Hôpital et chargé d’enseignement clinique à l’Université de Montréal. Premier à effectuer l’intervention au Québec, le gynécologue est visiblement heureux d’offrir une solution différente aux couples qui veulent cesser d’avoir des enfants. En raison de la facilité avec laquelle on procède à la vasectomie de nos jours, le Dr Sabbah estime que les couples optent trop souvent pour la stérilisation de l’homme.

Marie-Josée Desjardins, 39 ans, l’une des quatre patientes opérées le matin du 13 février, confirme n’avoir éprouvé aucune douleur. «Seulement un inconfort, comme celui qu’on ressent au cours d’un examen gynécologique», dit-elle. Mère de trois enfants, elle affirme que «c’était fini pour la famille». Elle était prête pour la ligature chirurgicale des trompes, mais n’a pas hésité à accepter la suggestion du Dr Sabbah.

Le haut taux de succès (aucune grossesse n’a été enregistrée parmi les 850 femmes qui ont participé aux recherches cliniques) et le peu d’effets secondaires de l’intervention en font une solution appelée à gagner en popularité, croit le médecin.

Sans appel

Toutefois, le Dr Sabbah a insisté sur le fait que l’obturation des trompes de Fallope provoquée par le dispositif est irréversible. La patiente doit donc soupeser longuement les effets de sa décision. «Nous n’avons pas de règle stricte quant au type de femmes qui peuvent avoir accès à cette intervention. Ce n’est pas à nous, médecins, de décider pour elles. Mais nous serons réfractaires à l’idée d’effectuer une stérilisation permanente sur une femme de moins de 30 ans qui n’a pas eu d’enfants.»

À l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, de 30 à 35 femmes par semaine subissent une stérilisation. La majorité d’entre elles ont déjà eu un ou plusieurs enfants. Les quatre femmes opérées ce matin-là avaient toutes plus de 30 ans et étaient mères.

Promoteur de l’intervention, le Dr Jay Cooper, de l’Université de l’Arizona, à Phoenix, affirme que les femmes se sont montrées satisfaites dans une proportion de 99 %. Les questionnaires qu’on leur a fait remplir révèlent que leur satisfaction allait de «bonne» à «excellente». Ironie du sort, les États-Unis n’ont toujours pas autorisé leurs médecins à pratiquer cette intervention, encore considérée comme expérimentale. Mais les études cliniques auprès de 745 femmes en Europe, aux États-Unis et en Australie ont donné des résultats à la hauteur des attentes de la Food and Drug Administration, selon le Dr Cooper.

D’après le Dr Sabbah, la technique devrait permettre aux médecins de libérer plus rapidement les salles d’opération tout en faisant épargner de l’argent aux hôpitaux. Toutefois, même si le coût global est moindre, le prix des implants de nitrinol est élevé (1000 $ la paire), ce qui pourrait retarder la diffusion de l’intervention.

Mathieu-Robert Sauvé