Édition du 25 mars 2002 / Volume 36, numéro 25
 
  Simulation de l’ONU
Michel Chossudovsky tient des propos étonnants sur les attentats du 11 septembre.

Michel Chossudovsky

Pendant toute la fin de semaine du 16 mars dernier, une cinquantaine d’étudiants en droit, économie, politique et gestion de l’UdeM et d’autres universités se sont livrés à un exercice de simulation de diverses instances de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, ainsi que du Tribunal pénal international.

«L’objectif était à la fois de se familiariser avec les rouages de l’ONU et de se sensibiliser à l’actualité internationale», explique Sibel Ataogul, étudiante en droit et présidente du groupe Organisation de simulation des Nations Unies à l’Université de Montréal. Ce regroupement indépendant, bénéficiant d’une reconnaissance de la FAECUM, en est à sa deuxième année d’organisation de ce genre d’activité qui se déroule sur plusieurs campus.

À l’instar des simulations de l’Assemblée nationale, l’exercice se veut formateur sur le plan politique tout en relevant du jeu de rôle: «Chaque participant a un rôle à jouer soit comme ambassadeur, comme juge ou comme témoin, poursuit l’étudiante. Le représentant d’un pays doit défendre des positions conformes à celles que défendrait ce pays dans la réalité. Des certificats sont remis à ceux qui ont le mieux défendu leurs positions.»

Les membres de l’Assemblée générale devaient se pencher sur la corruption politique en lien avec le blanchiment d’argent, le Conseil de sécurité devait étudier un projet sur la réforme de cette instance et le tribunal international devait juger Henry Kissinger, accusé de crime de guerre pour les bombardements du Cambodge.

Ben Laden allié de Bush

L’événement le plus marquant de cet exercice a été la conférence publique donnée par Michel Chossudovsky, professeur d’économie à l’Université d’Ottawa, bien connu pour ses positions anti-mondialisation et de gauche. Près de 400 étudiants sont venus l’entendre et ont dû s’entasser dans un amphithéâtre trop petit, les organisateurs ayant été manifestement pris de court par la célébrité du conférencier.

«L’ONU est en crise», a-t-il lancé à son auditoire en dénonçant le fait que le secrétaire général se porte garant des bombardements américains en Afghanistan. Cette guerre, planifiée à son avis depuis 1998, serait le prélude à la troisième guerre mondiale, les États-Unis s’étant installés aux portes de la Russie et de la Chine. «Un rapport secret du Pentagone, sur lequel le Los Angeles Times a mis la main, révèle que les États-Unis sont près à utiliser les armes nucléaires contre la Chine et la Russie au nom de la lutte antiterroriste», a-t-il souligné.

Sibel Ataogul

Après avoir rappelé que les diverses composantes du réseau Al-Qaïda ont été formées, financées et armées par les États-Unis et que Ben Laden a travaillé pour le compte de la CIA, le professeur a affirmé que l’idée selon laquelle Ben Laden se serait retourné contre les États-Unis était une image fabriquée par la presse occidentale.

Sans apporter d’éléments appuyant la fausseté de cette vision des choses, il a plutôt soutenu la thèse voulant que l’alliance entre Ben Laden et les États-Unis tienne toujours. «Si les États-Unis avaient voulu mettre fin aux activités de Ben Laden, ils auraient pu le faire avant le 11 septembre, alors qu’il séjournait dans un hôpital américain aux Émirats arabes unis. Ils l’ont laissé filer pour ne pas brûler le prétexte d’une intervention militaire.»

Selon M. Chossudovsky, puisqu’il y a eu collusion entre ces deux parties, elles ne peuvent aujourd’hui se faire la guerre. «Cela ne peut être une guerre contre le terrorisme puisque les États-Unis hébergent le terrorisme. On ne peut mener une guerre contre ce qu’on a créé.»

Mais les alliances stratégiques ne durent-elles pas le temps d’une paix? À ceci, le professeur répond et répète, à l’encontre de l’évidence en géopolitique, que des ruptures d’alliances, «ça n’arrive jamais».

Selon cette logique, les États-Unis n’auraient donc pas attaqué les talibans, qu’ils qualifiaient il y a quelques années de «combattants de la liberté». Et s’il n’y a pas eu de revirement de la part de Ben Laden non plus, est-ce à dire que les États-Unis sont complices des attentats du 11 septembre? Ou encore que les États-Unis ont utilisé le réseau Al-Qaïda comme marionnette en souhaitant être attaqués pour se donner le prétexte d’une guerre? «Je laisse à chacun le soin de tirer ses conclusions», s’est contenté de répondre Michel Chossudovsky, accordant par le fait même du crédit à ces scénarios hollywoodiens.

Daniel Baril



 
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