Édition du 25 mars 2002 / Volume 36, numéro 25
 
  Parcours d’un diplômé de Poly prospère
Pour Germain Lamonde, la mondialisation est une «occasion d’affaires».

À 43 ans, Germain Lamonde a bien tiré son épingle du jeu dans l’économie du savoir.

En 17 ans, Germain Lamonde a fait de son entreprise née dans son appartement avec une mise de fonds de 100 $ une des quatre firmes les plus importantes de son secteur. Dotée d’un chiffre d’affaires de 146 M$ US, EXFO compte 1000 employés dans 15 villes du monde et exporte ses produits dans 70 pays. «Plus de 80 % des grandes entreprises internationales engagées dans la fibre optique figurent parmi nos clients, annonce le PDG de 43 ans. Franchement, je ne comprends pas ce qui se passe avec les 20 % qui restent.»

Invité à venir parler de son cheminement professionnel devant les étudiants de l’École Polytechnique le 21 février dernier, Germain Lamonde s’est dit enchanté de revoir le pavillon où il a fait ses études d’ingénieur. «Une bonne école où j’ai travaillé fort, mais où j’ai eu du plaisir. Il faut s’amuser dans la vie. Quand nous obtenons de gros contrats ou que nous faisons un bon coup, chez EXFO, nous fêtons ça en grand. C’est une tradition qui date de mes années à Poly…»

Après ses études de premier cycle à Montréal, M. Lamonde a obtenu une maîtrise en fibre optique à l’Université Laval. Il a aussitôt saisi le potentiel que représentait son secteur sur le plan technologique. EXFO, qui signifie «expertise en fibre optique», s’est spécialisée dans les appareils permettant de tester les communications par fibre optique. «Je me souviens que j‘avais écrit dans mon plan d’affaires qu’EXFO devait devenir un chef de file mondial dans le domaine des appareils de tests, de mesure et de surveillance de la fibre optique. C’est un énoncé qui figure encore, mot pour mot, dans notre mission. Il ne faut pas avoir peur de viser la première place lorsqu’on se lance dans l’entreprise technologique.»

Terrain de jeu mondial

Pour Germain Lamonde, le terrain de jeu a été la planète entière. À ses professeurs de gestion qui disaient qu’il fallait d’abord conquérir le marché intérieur avant de tenter sa chance à l’étranger, il répond que ça dépend des cas. «Nous, nous avons commencé par l’étranger. On a accaparé le marché canadien après avoir percé aux États-Unis.»

La mondialisation a été pour lui une «occasion d’affaires» incomparable. Dans ses bureaux de Paris, Barcelone, Tokyo et Beijing, pour ne nommer que ceux-là, les employés parlent une quinzaine de langues et proviennent de 25 pays. Cela ne ralentit en rien les opérations, au contraire. La mise en marché, les critères de qualité, la clientèle, la concurrence s’évaluent sur la scène internationale, explique l’ingénieur.

Mais celui-ci met en garde les futurs entrepreneurs trop intéressés par les gadgets au détriment des attentes du marché. «Je crois que plusieurs entreprises technologiques disparaissent parce qu’elles sont dirigées par des gens qui croient que leur invention va changer le monde. Chez nous, ce sont les besoins de la clientèle qui orientent nos activités. Nos meilleurs produits ne sont pas les plus complexes sur le plan technologique. Au contraire, ce sont souvent les plus simples. Ils répondent à une demande très concrète.»

Un exemple: tester les communications par fibre optique sur une longue distance exigeait naguère un interlocuteur à chaque bout du segment. EXFO a mis au point un système où deux ordinateurs enregistrent les données, qu’ils échangent ensuite de façon électronique. «Ce sont des machines qui se parlent, non des humains», explique M. Lamonde.

Petite semaine de 65 heures

L’ingénierie constitue un excellent champ pour l’entrepreneurship technologique, estime Germain Lamonde. Son entreprise emploie d’ailleurs plus de 375 ingénieurs. Mais cette vie demande une grande abnégation. «J’étais plus riche étudiant que durant les deux premières années d’EXFO», confie-t-il.

Puis, il faut travailler fort. Après des années où ses semaines de travail comptaient souvent plus de 90 heures, il est revenu à un rythme plus «normal»: 65 heures par semaine. «Et les week-ends, c’est sacré. Si vous faites du ski au mont Sainte-Anne dans les bosses, vous avez des chances de m’y voir.»

Cette conférence était la première d’une série organisée par la titulaire de la chaire JVR Cyr en entrepreneurship technologique, Jozée Lapierre. «Nous cherchions un conférencier diplômé de l’École Polytechnique qui soit un modèle pour nos étudiants et qui incarne la réussite dans l’économie du savoir. Nous n’aurions pas pu trouver un meilleur candidat que M. Lamonde», avait déclaré Mme Lapierre en le présentant.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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