Édition du 25 mars 2002 / Volume 36, numéro 25
 
  Bibliothèques
La véritable nature de la recherche d’information

Il faut dire, d’abord, que le monde de la recherche d’information spécialisée est en continuum avec les méthodologies de la recherche scientifique. En effet, les méthodes de recherche d’information relèvent de la logique au même titre que les méthodologies disciplinaires. Par ailleurs, si l’on définit la logique dans sa plus simple expression, on peut dire que, dans une recherche d’information, il faut commencer par le début et terminer par la fin: il y a des étapes à suivre dans toute recherche d’information. Or, cette vérité de La Palice n’est pas toujours respectée par les étudiants. Le célèbre philosophe Aristote disait que les hommes possèdent en eux toute la connaissance du monde et qu’il suffit de faire surgir cette connaissance par la réflexion.

Toute recherche d’information digne de ce nom est donc, avant toute chose, un exercice de réflexion qui doit faire appel à des questionnements précis. Quel est le but de ma recherche? Comment puis-je en formuler clairement l’objet? Quels sont les spécialistes qui publient sur mon thème de recherche? Quels sont les mots clés en français et en anglais les plus propices au succès de ma recherche? Quelles sont les sources bibliographiques les plus connues et reconnues sur le sujet? Quelles sont les personnes-ressources auxquelles je pourrais m’adresser? Ainsi, avant de se précipiter sur une base de données quelconque ou sur Internet, il serait bon de s’étendre un certain temps sur son sofa pour réfléchir. Cette première étape, qui n’est pas la moindre, peut faire gagner beaucoup de temps.

Problématique et hypothèse

La deuxième étape est la formulation par écrit de sa problématique et ou de son hypothèse. En effet, si je n’ai pas clairement défini que je cherche une aiguille dans une botte de foin, lorsque j’aurai trouvé ladite aiguille, je vais continuer la recherche indéfiniment. Deux personnes m’ont déjà posé une question de référence à cinq minutes d’intervalle sur la tarification des eaux. L’une étudiait en génie, l’autre en anthropologie. On peut supposer que le sujet de recherche de ces deux personnes n’était pas le même. Le départ de toute recherche sérieuse devrait donc être une belle grande feuille blanche bien propre (pas un petit bout de papier), où la personne détaille son thème de recherche, même lorsqu’il s’agit d’une recherche exploratoire.

La troisième étape consiste à déterminer un état de la question sur le sujet. Notez que l’état de la question est dynamique dans le temps. Il est préférable de trouver un document très récent, dans la mesure du possible. Ce document, signalé par le professeur ou le bibliothécaire ou encore trouvé dans le catalogue Atrium, sera un document qui fait le tour du thème de recherche. Rien ne sert de réinventer la roue: il existe beaucoup de sources dans le catalogue des bibliothèques de l’Université de Montréal, dont des encyclopédies, des dictionnaires, des manuels, des traités ou même des thèses qui expliquent un sujet dans ses composantes les plus essentielles. Rien ne sert de se précipiter sur des bases de données ou Internet s’il est possible de trouver un document récent de niveau universitaire qui fait le tour de notre sujet! Ce document va signaler des articles de revues dans sa bibliographie. Il s’agira alors de terminer la recherche dans les bases de données appropriées pour trouver d’autres articles de revues qui permettront de compléter la bibliographie pour les années qui ne sont pas couvertes (souvent les plus récentes).

Réflexion et synthèse

Par ailleurs, l’exercice de réflexion se poursuit toujours, en ce sens que la lecture de l’état de la question nous permet de repérer d’autres mots clés utiles pour continuer la recherche dans les diverses bases de données. À cette quatrième étape, il faut prendre garde quand on cherche des articles de revues. En effet, les bases de données en ligne ne couvrent, en général, que les 20 dernières d’années, parfois moins. Si le sujet est un événement d’un passé lointain ou un sujet de recherche qui n’est pas très actuel, l’information peut se trouver plutôt dans les anciens répertoires en format papier.

La cinquième étape sera le repérage de la documentation sur tous supports. Le Service du prêt entre bibliothèques peut se révéler fort utile à cette étape. On peut faire sa demande sur Internet à l’adresse www.bib.umontreal. ca/PB/.

La sixième étape sera celle de la consultation, de la synthèse et de l’analyse critique de l’information. Voici quelques critères d’analyse. Quelle est l’origine de l’information: une université de prestige? un gouvernement? une association de spécialistes? un illustre inconnu? Quelle est l’étendue de la source: s’agit-il de quelques pages ou d’un document substantiel? L’information est-elle cohérente avec les autres sources? Les auteurs sont-ils renommés? La critique collégiale est-elle positive?

Enfin, dans la septième étape, l’étape oubliée, il faut utiliser l’information recueillie de façon concrète dans le cadre d’une pratique de vie. Il faut passer de la théorie (de la recherche) à l’application pour tester la valeur de sa recherche. Même si dans un environnement d’études il n’est pas toujours facile de passer à la phase appliquée, trouvez des moyens de rendre la chose possible dès que vous en avez l’occasion. Bonne recherche!

Luc Girard
Bibliothécaire de référence


Pour plus d’information:
www.bib.umontreal.ca/SS/ri/rirecherche_fichiers/frame.htm (utiliser Microsoft PowerPoint).



 
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