Édition du 8 avril 2002 / Volume 36, numéro 26
 
  La Rive-Sud conservera sa part de l’emploi
Fernand Martin présente un scénario sur le développement économique de la Rive-Sud à la commission Nicolet.

Selon Fernand Martin, le parachèvement de l’autoroute 30 n’aurait aucun impact sur le nombre de voitures circulant entre la Rive-Sud et Montréal.

Après les démographes et les urbanistes, c’est au tour des économistes de livrer leurs analyses à la commission Nicolet sur la mobilité entre Montréal et la Rive-Sud. Le transport entre ces deux zones étant lié au développement économique, la commission a demandé au professeur Fernand Martin, du Département de sciences économiques, d’établir le scénario de base de la croissance de la Rive-Sud pour les 20 prochaines années.

Selon ses projections, la part relative d’emplois situés sur la rive sud de Montréal demeurera inchangée d’ici 2021, malgré une augmentation absolue d’environ 10,5 % du nombre d’emplois.

«Actuellement, 14 % des emplois de la région métropolitaine se trouvent sur la Rive-Sud, précise le professeur. Les scénarios de croissance économique indiquent que cette part demeurera la même malgré une croissance de plus de 10 % que connaîtra la Rive-Sud parce que l’île de Montréal aura une croissance équivalente.»

Le scénario de M. Martin, qui concorde d’ailleurs avec les prévisions démographiques, est basé sur le taux de croissance de l’emploi observé entre 1981 et 1996 et qui était de près de 0,6 % par année. Si l’on tient compte du type d’entreprises présentes sur la Rive-Sud, cette croissance devrait se poursuivre. «La Rive-Sud maintient sa performance, mais n’améliorera pas sa part relative de l’emploi», estime Fernand Martin.

Augmentation du transport

Ceci ne veut pas dire que le transport entre la Rive-Sud et Montréal restera au même niveau. Puisqu’il y a croissance démographique, il y aura augmentation des déplacements. De plus, la Rive-Sud va continuer d’attirer des travailleurs urbains qui cherchent un environnement de vie différent de la ville.

«La moitié des travailleurs de la Rive-Sud occupe présentement un emploi à Montréal ou à Laval, poursuit le professeur. Cette proportion va demeurer stable, mais la croissance démographique fera augmenter le nombre de déplacements de 12 %.»

Comme ses collègues urbanistes, Fernand Martin ne croit pas que de nouvelles infrastructures routières constituent une solution à l’engorgement des ponts. «Pour les économistes, les questions de congestion ne sont pas des problèmes, affirme-t-il. Si les inconvénients de demeurer sur la Rive-Sud deviennent intolérables, les gens vont déménager sur l’île et ceux de l’île n’iront plus sur la Rive-Sud. Mais ce mouvement peut se faire dans les deux sens: ou bien des travailleurs déménagent plus près de leur travail, ou bien des entreprises déménagent plus près de leur clientèle. Dans ce dernier cas, la Rive-Sud pourrait être avantagée.»

À titre d’exemple, l’économiste mentionne le cas de la division des véhicules récréatifs de Bombardier, qui s’est installée à Saint-Bruno pour se rapprocher de son marché. On pourrait aussi donner l’exemple de l’Université de Montréal, qui a ouvert des centres à Longueuil et à Laval afin de joindre une nouvelle clientèle.

Le port et l’autoroute 30

À la demande de la commission Nicolet, le professeur s’est aussi penché sur l’impact que pourrait avoir le parachèvement de l’autoroute 30 ainsi que le déménagement du port de Montréal sur la Rive-Sud. À son avis, le parachèvement de l’autoroute n’aurait aucun impact sur le nombre de voitures circulant entre la Rive-Sud et Montréal. Les ponts seraient toutefois allégés du transport lourd qui n’a pas à entrer dans l’île.

La situation concurrentielle du port pourrait être quant à elle améliorée par le déménagement des installations portuaires, qui faciliterait la circulation des marchandises destinées aux États-Unis. «La moitié des conteneurs débarqués à Montréal va aux États-Unis et le quart part tout de suite vers le poste de Lacolle en direction des États de la Nouvelle-Angleterre. Le transport de ces marchandises serait moins long si le port était sur la Rive-Sud et ceci pourrait avoir un effet d’attraction pour les commerces de gros.»

Par contre, ce déménagement entraînerait une hausse du transport de marchandises entre la Rive-Sud et Montréal. Le professeur Martin poursuit ses travaux sur ces aspects du développement économique de la Rive-Sud et devrait remettre un rapport à la commission sous peu.

Daniel Baril



 
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