Édition du 6 mai 2002 / Volume 36, numéro 28
 
  Le minot d’or à la Cinémathèque québécoise
Le film d’Isabelle Raynauld a récolté un Jutra.

Sept déficients intellectuels âgés dans un centre d’hébergement de Lotbinière. C’est le thème du dernier film d’Isabelle Raynauld, professeure au Programme d’études cinématographiques de la Faculté des arts et des sciences, qui a remporté le Jutra 2002 du meilleur documentaire à la Soirée des Jutra, qui a eu lieu en février dernier. Le minot d’or sera présenté à la Cinémathèque du 21 au 26 mai prochains.

Ce film émouvant, dans la plus pure tradition du cinéma direct, raconte le quotidien d’une maison très spéciale où l’œil de la cinéaste a capté beaucoup d’humanité. «La première fois que j’ai mis les pieds dans ce centre d’hébergement, j’étais comme tout le monde, relate-t-elle: mal à l’aise, pleine de préjugés. On ne voit pas souvent des déficients âgés... Rapidement, une complicité s’est installée et je me suis beaucoup attachée aux gens de cette maison.»

Son film, tourné au cours de plusieurs séjours sur une période de huit ans, présente la déficience intellectuelle avec tendresse et sensibilité. Le propriétaire du lieu, d’abord réticent à ce qu’on trouble l’intimité des Élisée, Michel, Marcel, Denis et autres, a décidé de faire confiance à Mme Raynauld. Celle-ci a amené les protagonistes à oublier complètement la caméra. S’ouvre au spectateur le cœur de ces hommes qui sont demeurés des enfants dans leur corps vieillissant. L’arrivée du père Noël et la célébration de l’Halloween, de même que leur préparation minutieuse pour un voyage de 24 heures, sont des moments d’intense excitation.

Isabelle Raynauld

«T’as vu mon dentier neuf?»

Les déficients dont s’occupe Michel Mineau, un personnage d’une générosité et d’un jovialisme qui ne s’inventent pas, sont bien connus dans le village, et non seulement on les tolère, mais on les apprécie. Les passants prennent quelques minutes pour leur parler, et un entrepreneur de palettes de bois pour chariots élévateurs les embauche dans son atelier à but non lucratif. Deux adolescents racontent qu’Élisée est toujours content de faire un brin de causette avec eux, pour parler de sa plus récente acquisition. «La dernière fois, il m’a parlé de son dentier.»

La réalisatrice, qu’on aperçoit plusieurs fois, tombe enceinte durant le tournage. Elle reviendra présenter son fiston aux habitants de la résidence, ce qui donne lieu à l’une des scènes les plus touchantes. Michel Rey, qui confie du bout des lèvres ses amours déçues, meurt accidentellement quelques jours après cette interview, ce qui plonge toute la communauté dans le deuil.

Isabelle Raynauld, une spécialiste de la scénarisation et du cinéma des premiers temps, n’avait pas prévu, en 1992, se lancer dans la réalisation d’un documentaire. Elle a simplement été happée par son sujet. Elle pensait encore moins gagner un jour un Jutra dans cette catégorie. C’est pourtant ce qui est arrivé en février dernier, au cours de la Soirée des Jutra, organisée par un regroupement d’associations du milieu cinématographique québécois. Le fait de remporter la palme devant des documentaristes de carrière l’a grandement émue… et un peu gênée.

Elle dit avoir eu la piqûre pour le documentaire à travers Le minot d’or, mais c’est décidé: son prochain projet sera un film de fiction.

M.-R.S.

Le minot d’or, d’Isabelle Raynauld, Productions Virage, Cinémathèque québécoise, du 21 au 26 mai à 19 h, salle Fernand-Seguin, 335, boul. De Maisonneuve Ouest. Entrée: 5 $.



 
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