Édition du 6 mai 2002 / Volume 36, numéro 28
 
  Le canal de Lachine renaît enfin!
Réflexion sur les grands projets urbains montréalais à l’occasion du 40e anniversaire de l’Institut d’urbanisme

Le 14 mai, le canal de Lachine s’ouvrira à la navigation de plaisance, après 32 ans d’inactivité. Avec ses cinq écluses rénovées, des casse-croûte et des installations sanitaires aménagés le long de ses 14,5 kilomètres, le canal devrait accueillir, dès la première année, de 4000 à 10 000 embarcations qui emprunteront cette voie maritime pour traverser le sud-ouest de Montréal, entre Lachine et le Vieux-Port.

«Il s’agit d’un projet porteur pour unifier le centre-ville à différents secteurs de Montréal, mais aussi unificateur en ce sens qu’il représente un lien entre le passé, le présent et l’avenir», souligne Pierre Richard, directeur général du Regroupement pour la relance économique et sociale du Sud-Ouest. Au cours d’une conférence donnée le 19 avril dernier à la Faculté de l’aménagement à l’occasion d’un colloque axé sur les grands projets urbains montréalais, l’ancien journaliste du Devoir a livré ses réflexions sur les attraits récréotouristiques du canal de Lachine.

 Ouvert en 1825, le canal, qui servait de voie navigable pour le transport des marchandises destinées aux usines installées sur ses rives, a été fermé en novembre 1970. Les travaux de réfection du canal et de ses abords, dans lesquels Parcs Canada, la Ville de Montréal et d’autres municipalités riveraines ont investi 95 M$, auront un effet déterminant sur le développement du secteur, selon M. Richard. «La mise en valeur du canal de Lachine représente un axe central de la relance du Sud-Ouest, affirme-t-il. Avec ses écluses de Saint-Gabriel, le marché Atwater et la Redpath, le canal est un parc urbain qui possède un riche patrimoine industriel.»

Au cours des prochaines années, le secteur devrait connaître un nouvel essor avec la construction d’un centre d’hébergement à loyer modique, d’un centre d’interprétation de l’histoire des Noirs et de gîtes pour touristes. L’industrie touristique y participera en organisant des croisières patrimoniales, des visites de quartiers et des visites industrielles.

Mais le développement du canal pose aussi des défis culturels et sociaux, prévient M. Richard. «Ce territoire est un milieu de vie pour 260 000 personnes et une centaine d’entreprises. La mise en valeur du canal de Lachine doit donc s’appuyer sur une vision sociale et humaniste du tourisme. Cette approche prône un équilibre entre les avantages économiques que peut entraîner le tourisme et les impacts négatifs qu’il peut engendrer, notamment par un achalandage intensif.»

À son avis, le défi majeur réside dans l’intégration de la communauté. «Les résidants et les acteurs socioéconomiques du Sud-Ouest veulent être partie prenante du projet pour que celui-ci profite à l’ensemble de la communauté et réponde aux besoins à la fois des visiteurs et des résidants.»

40 ans d’urbanisme

Le colloque, intitulé «Stratégies de développement et de revitalisation, projets urbains: y a-t-il une approche montréalaise?», a donné lieu à une réflexion sur d’autres projets d’envergure comme la Cité du multimédia, la Cité du commerce électronique, le Quartier international de Montréal et le Montréal souterrain. Il couronnait les célébrations organisées pour les 40 ans de l’Institut d’urbanisme.

Fondé en 1961, au début de la Révolution tranquille, l’Institut est aujourd’hui la principale école professionnelle en aménagement et en urbanisme au Québec. Environ la moitié des urbanistes du Québec y ont été formés, sans compter ceux qui sont repartis exercer leur profession dans leur pays d’origine.

 Depuis le lancement du programme de baccalauréat, en 1980, près de 500 diplômes de premier cycle ont été délivrés. À la maîtrise, on compte environ 600 diplômés. L’Institut offre également un mineur en urbanisme et un D.E.S.S. en gestion urbaine pour les pays en développement, un programme d’études offert conjointement par l’École Polytechnique, l’École des Hautes Études Commerciales et la Faculté de médecine.

C’est en 1968 que l’Institut s’est joint à l’École d’architecture pour former la Faculté de l’aménagement. Aujourd’hui, cette faculté regroupe cinq disciplines (architecture, architecture de paysage, design industriel, design d’intérieur et urbanisme), ce qui est unique au pays. Le millier d’étudiants, encadrés par une soixantaine de professeurs et autant de chargés de cours et de chargés de formation pratique, ont en commun un intérêt pour l’espace et la création environnementale.

Le dernier numéro de la revue Trames rappelle les circonstances de la fondation de l’Institut d’urbanisme et retrace les grands moments de quatre décennies consacrées à la formation et à la recherche en urbanisme.

Dominique Nancy



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications