Édition du 21 mai 2002
 
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Résurgences baroques - Les médias au Québec et la guerre d’Algérie - Parfums d’Amérope - Laisser jouer l’enfant - Actualité de la philosophie de l’histoire

Résurgences baroques

Le baroque est à la fois une idée, un style et une sensibilité. Comment expliquer que cette réalité multiforme qu'on associe spontanément à l'excès, à la complexité, à l'irrégularité, à la corporéité ou au mélange des genres puisse s'inventer et disparaître un temps, puis se réactiver et gagner de nouvelles significations? Issu de la rencontre entre des chercheurs et des créateurs d'Europe et des Amériques, cet ouvrage traite des transformations et des trajectoires du processus transculturel qu'est le baroque aujourd'hui. Il en éclaire l'axe historique, dans un va-et-vient entre le 17e et le tournant du 21e siècle, pour mesurer toute l'actualité et le potentiel de production du baroque, voire sa réinvention, dans la littérature, la poésie, les arts visuels, le cinéma, la vidéo, les arts de la scène et du spectacle. Il en examine l'axe géographique et politique, qui, entre l'Europe et les Amériques, de l'époque coloniale à la situation postcoloniale, trace le réseau enchevêtré des transferts, des appropriations, des découvertes et des rejets qui définissent le baroque comme processus culturel, et permet de mieux comprendre ses résurgences de part et d'autre de l'Atlantique.

Walter Moser est professeur titulaire au Département de littérature comparée.

Sous la direction de Walter Moser et Nicolas Goyer, Résurgences baroques, Bruxelles, Éditions de la Lettre volée, 2001.

Les médias au Québec et la guerre d'Algérie

Qu'est-ce qui, dans cette terrible guerre qui déchira la France et l'Algérie pendant près de 10 ans, a bien pu fasciner journalistes, écrivains, poètes ou hommes politiques d'ici, anglophones et francophones confondus? Comment, au fil des ans, la politique de De Gaulle a-t-elle été perçue? Pourquoi et en quoi les analyses des Raoul Roy, André d'Allemagne, Pierre E. Trudeau, Gérard Pelletier, André Laurendeau, René Lévesque, Albert Memmi, Frantz Fanon, Jacques Berque et bien d'autres ont-elles influé sur nos débats d'idées? Réactions, discussions, polémiques et cris du cœur ont laissé leurs traces dans l'image que nous nous faisons aujourd'hui de la décolonisation, du nationalisme québécois, des idées de gauche, de l'immigration et des maudits Français.

«La guerre d'Algérie fait dorénavant partie de notre mémoire collective», affirme l'auteure, Magali Deleuze, professeure au Département d'histoire, et qui tire cet ouvrage de sa thèse.

Mme Deleuze a recensé plus d'une centaine d'articles de journaux et de magazines québécois consacrés à la guerre d'Algérie entre 1957 et 1962, signe que le Québec était ouvert aux questions internationales avant les années 60. René Lévesque a notamment consacré huit émissions de Point de mire à la situation en Algérie. Selon l'analyse de l'historienne, le cas algérien a servi à forger le nationalisme québécois par ses aspects à la fois inspirants ou à éviter. C'est aussi au cours de cette période que la gauche québécoise s'est dissociée de la gauche canadienne pour devenir plus nationaliste.

L'une et l'autre indépendance dévoile un visage encore peu étudié, celui d'un Québec ouvert sur le monde, curieux des événements internationaux, et ce, bien avant la Révolution tranquille. Un livre novateur qui ouvre un pan encore méconnu de notre mémoire et des modèles qui ont inspiré, peut-être même infléchi, notre histoire.

Magali Deleuze, L'une et l'autre indépendance, 1954-1964: les médias au Québec et la guerre d'Algérie, Montréal, Éditions Point de fuite, 2001, 229 p., 25,95 $.

Parfums d'Amérope

Parfums d'Amérope est le troisième recueil de poèmes humoristiques de Réjean Plamondon, pour qui la poésie est une panacée au trop grand sérieux de la vie: «L'esprit est ainsi faible d'amours et de conquêtes que la mort lui interdit de savourer au grand jour.»

La démarche de Réjean Plamondon est plus sérieuse qu'il n'y paraît. Le poète déconstruit méticuleusement l'univers lourd et complexe de la langue pour mieux s'approprier le monde et le reconstruire à sa façon, de son point de vue original, sans concession.

À la manière de Jacques Prévert, les poèmes de l'auteur des Parfums d'Amérope inventent ou réinventent le sens pour faire réfléchir, c'est-à-dire pour parler directement au cœur tout en passant par la tête. Mais, dit l'auteur, il faut se méfier: «Si tu comprends mes poèmes à voix haute relis-les à la lueur d'un silence.»

Si la langue est une formule de laboratoire qu'il applique avec humour, Réjean Plamondon se donne pour objectif d'inviter le lecteur à prendre le contre-pied des moments les plus simples de sa vie et d'en extraire l'insolite. Il veut ainsi provoquer un doute sur l'apparente logique de la réalité.

Comme de petits fruits acidulés, les poèmes qui composent Parfums d'Amérope sont des instants de bonheur dans la grisaille du quotidien.

Réjean Plamondon est directeur général de l'École Polytechnique.

Réjean Plamondon, Parfums d'Amérope, Montréal, Écrits des Forges Poésie, 2002, 110 p., 10 $.

Laisser jouer l'enfant

Pour Francine Ferland, professeure d'ergothérapie à l'École de réadaptation, le jeu est l'activité la plus importante de l'enfance. Cet aspect de la vie est à ce point essentiel que la convention des droits de l'enfant de l'ONU en fait un droit fondamental: «Tout enfant a droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités propres à son âge», peut-on lire à l'article 31 de la déclaration.

«Non seulement il est important de permettre à l'enfant de jouer, mais il faut éviter l'encadrement trop serré ou trop axé sur la performance», prévient la professeure, qui vient de publier un petit guide sur le sujet à l'intention des parents. Le jeu y est décrit comme une activité librement choisie, où le plaisir et la curiosité se côtoient et pour laquelle aucun rendement particulier n'est attendu.

Résolument à contre-courant de la tendance Nintendo, ce guide suggère plutôt une approche ludique dans les tâches simples et ordinaires de la vie quotidienne afin d'éveiller l'intérêt de l'enfant. Le jeu est ici un état d'esprit plutôt qu'un objet.

Selon l'auteure, les activités qui misent sur un apprentissage trop précoce peuvent avoir un effet de saturation ou de désintérêt chez l'enfant. «Les parents sont soucieux de réussir leur métier de parents et craignent de ne pas en faire assez, affirme-t-elle. Mais il est important de laisser l'enfant être un enfant. Le jeu libre et spontané est d'ailleurs un indice de santé. Les parents doivent fournir à leurs enfants du matériel stimulant et les intégrer à des activités familiales, mais ils doivent aussi éviter l'outrance.»

Ainsi, aucune étude n'a montré qu'un enfant qui sait lire à trois ans réussira mieux sa vie, souligne Francine Ferland. Par contre, on aurait déjà démontré que les adolescents qui ont appris à lire vers quatre ans lisent moins que ceux qui ont fait cet apprentissage à six ou sept ans. «L'important est plutôt de faire en sorte que l'enfant trouve agréable d'apprendre. Il prendra alors plaisir aux apprentissages scolaires.»

Sous le titre Et si on jouait? Le jeu chez l'enfant de la naissance à six ans, le guide regorge de conseils pour stimuler adéquatement l'enfant de façon appropriée à son âge. Laissons parler la table des matières: «Le jeu et le développement de l'enfant», «Développer ses habiletés de communication», «Favoriser sa compréhension de l'environnement», «Sécurité et durabilité», «Les jouets éducatifs», «Les bonnes positions de jeu», «Rangement des jouets», «L'animal comme partenaire de jeu», «Activités familiales», «Des jouets maison», etc.

De tous les chapitres, celui que préfère l'auteure porte sur le jeu au service des parents. «Plusieurs tâches domestiques peuvent devenir des corvées pour les parents, mais nombre d'activités ennuyeuses peuvent être agrémentées si on les aborde de façon ludique.» Se laver les mains peut devenir une démonstration de magie, faire les emplettes se transformer en chasse au trésor et l'heure du coucher devenir le moment privilégié pour la lecture d'une histoire.

«On sous-estime l'effet du bien-être avec l'enfant comme source de stimulation pour son éveil et pour le développement de sa confiance en lui. C'est pourtant sur ces bases que se grefferont toutes ses réalisations futures», conclut Francine Ferland.

D.B.

Francine Ferland, Et si on jouait? Le jeu chez l'enfant de la naissance à six ans, Montréal, Éditions de l'hôpital Sainte-Justine, 2002, 177 p.


Actualité de la philosophie de l'histoire

Cet ouvrage veut montrer que l'entreprise intellectuelle qui a maintes fois été dénigrée sous le nom de philosophie «spéculative» de l'histoire demeure toujours très actuelle. Bien qu'il ne cherche nullement à dissimuler les limites de ce type de réflexion philosophique, l'auteur soutient que les penseurs qui s'y sont adonnés entendaient d'abord — tout comme tant d'intellectuels aujourd'hui — apporter une réponse à la question de savoir ce qui est en train de se passer dans le monde actuel. Pour appuyer ses vues, il rappelle l'influence qu'exercent encore sur nos façons de penser nombre de débats théologiques qui ont donné naissance aux philosophies de l'histoire. Il montre également combien il est difficile d'échapper aux schèmes à l'aide desquels les philosophes de l'histoire se sont représenté la succession des temps historiques. Au terme d'une discussion des principales thèses de ces philosophes, il conclut que les réponses souvent présomptueuses qu'ils ont fournies à la question du sens de l'histoire ne devraient pas nous faire oublier que cette question continue de hanter nos contemporains, qui se hasardent souvent à avancer des réponses à peine plus convaincantes.

Maurice Lagueux est professeur au Département de philosophie.

Maurice Lagueux, Actualité de la philosophie de l'histoire, Les Presses de l'Université Laval, 2001, 30 $.



 
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