Édition du 10 juin 2002
 
  Jean-Claude Scraire: le droit mène à tout!
Le président de la Caisse de dépôt est le 25e lauréat de l’Ordre du mérite.

«Samouraï du Québec», selon L’actualité, «Homme le plus puissant du Québec», d’après la revue Commerce, on peut dire que le 25e lauréat de l’Ordre du mérite de l’Association des diplômés de l’Université de Montréal aura marqué l’histoire de la Caisse de dépôt et placement (CDP). Sous la présidence de Jean-Claude Scraire, soit sur une période de sept ans, l’actif de la Caisse est passé de 44 à plus de 133 milliards de dollars.

«Succès d’équipe», a commenté ce diplômé de la Faculté de droit (1969) en recevant la médaille de l’Ordre du mérite, qui récompense une carrière exceptionnelle et un apport significatif à la communauté et au rayonnement de l’Université de Montréal. Avec tous les hommages qu’il a reçus depuis qu’il a annoncé sa démission, à la mi-mai, il pourrait bien changer d’idée, a-t-il blagué. «Bon exemple pour nos jeunes, selon le doyen de la Faculté de droit, Jacques Frémont, Jean-Claude Scraire est la preuve que le droit mène à tout.»

Jean-Claude Scraire (à droite) reçoit la médaille de l'ordre du mérite des mains du recteur Robert Lacroix. La présidente de l'Association des diplômés de l'Université de Montréal, Jacqueline Desrosiers, avait présenté le lauréat à quelque 300 personnes venues l'honorer.
Si l’on ne peut attribuer à un seul homme la performance de la CDP, Jean-Claude Bachand, membre du conseil d’administration de la Caisse et président du comité de vérification, signale que c’est M. Scraire qui a transformé les structures décisionnelles pour en faire un des 10 plus importants gestionnaires d’actif dans le monde. «Il a fait en sorte que la Caisse joue à présent dans les ligues majeures», a commenté M. Bachand dans un enregistrement vidéo réalisé pour l’occasion par Michel Saint-Laurent, secrétaire général de l’Association des diplômés et maître de cérémonie de la soirée qui a eu lieu le 23 mai dernier.

Tel est aussi l’avis de Pierre-Karl Péladeau, président et chef de la direction de Quebecor. «La Caisse doit aujourd’hui développer son expertise internationale, car les fonds qui y sont gérés sont trop considérables pour se limiter au Québec et au Canada», estime-t-il.

Selon l’ancien premier ministre du Canada, Brian Mulroney, maintenant associé principal chez Ogilvy, Renault, «les Québécois ont été très bien servis par Jean-Claude Scraire».

Un parcours atypique

Le parcours de cet homme, qui a la réputation d’écouter beaucoup et de parler peu, n’est pas traditionnel. «J’adorais les études, a-t-il relaté devant les 287 personnes qui avaient payé 200 $ pour être de la fête au hall d’honneur du Pavillon principal. On avait d’excellents professeurs. Quand mon père m’a demandé quelles études je désirais entreprendre, je lui ai dit que j’hésitais entre la sociologie, l’histoire, les sciences politiques et l’économie. “Inscris-toi en droit, m’a-t-il répondu. Tu feras tout ça, les études juridiques en prime…” J’ai suivi son conseil.»

Dès les années 70, il occupe différents postes dans la fonction publique québécoise, dont celui de chef de cabinet du ministre de la Justice, Marc-André Bédard. En 1981, il entre à la Caisse de dépôt et placement, où il est successivement conseiller juridique, directeur puis vice-président du secteur des affaires juridiques. En 1995, il est nommé président et directeur général.

Au cours de son ascension dans le monde des affaires, M. Scraire n’a jamais cessé de s’intéresser à la protection du patrimoine (la fondatrice du Centre canadien d’architecture, Phyllis Lambert, en a témoigné) et a participé à plusieurs campagnes de financement. Dans la vidéo, Mariana Simeone, éditorialiste à la station de radio CJAD, lui a rendu hommage pour son engagement auprès de la fondation de l’hôpital Santa Cabrini et de la chambre de commerce de la Petite Italie.

Quand il jette un regard rétrospectif sur sa carrière, M. Scraire constate qu’il a réussi à toucher aux différentes disciplines qui l’intéressaient lorsqu’il était étudiant: l’histoire, la politique et l’économie. «J’ai même fait du droit», signale-t-il en riant.

Dès sa sortie de l’université, il a fait sienne cette pensée de Henri Bergson: il faut agir en homme de pensée et penser en homme d’action.

Hommage de Robert Lacroix

De 1961 à 1966, le recteur Robert Lacroix a fréquenté le campus de l’Université de Montréal en même temps que M. Scraire. L’ancien étudiant en sciences économiques a tenu à dire que, comme la Caisse de dépôt et placement, l’UdeM a acquis au fil des ans une réputation internationale. «Dans les années 60, c’était une petite université régionale, qui comptait 5000 étudiants et 300 professeurs. Mais elle avait déjà l’ambition de devenir une grande université. C’est ce qu’elle est aujourd’hui.»

Le recteur a profité de la présence des gens d’affaires sous la grande tour pour parler de la profonde mutation qui s’opère à l’Université de Montréal en 2002. Actuellement, les programmes d’études, les activités de recherche et le corps professoral sont repensés et réformés en fonction de la nouvelle économie du savoir. Le campus lui-même connaît une effervescence qu’on n’avait pas vue depuis longtemps, avec la construction de cinq nouveaux pavillons au cours des trois prochaines années. Participer à la campagne de financement Un monde de projets, c’est investir dans l’avenir, a-t-il affirmé. «L’Université de Montréal ne fait pas la charité. Elle dit: “Aidez-nous à vous aider.”»

La campagne, dont l’objectif de 125 millions de dollars a été dépassé de 25 millions, se poursuit jusqu’en 2003.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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