Édition du 10 juin 2002
 
  Échec scolaire: intervenir tôt
Résultats de trois études menées par des chercheurs du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant.

Plus tôt on découvre les problèmes des enfants, plus on a de chances d’intervenir efficacement pour prévenir l’échec scolaire. C’est la conclusion unanime exprimée par trois chercheurs du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP) au cours d’un colloque sur la pertinence d’un palmarès dans les milieux défavorisés qu’ont organisé le 24 mai dernier le Conseil scolaire de l’île de Montréal et le GRIP.

L’équipe de Pierre Lapointe a évalué l’impact du temps passé à la maternelle sur la réussite scolaire de l’enfant à l’école primaire pour réaliser qu’il n’y en avait pas. Que l’enfant provienne d’un milieu défavorisé ou mieux nanti, le fait de fréquenter la maternelle à temps plein n’influe pas sur le taux de réussite en français et en mathématiques. Faut-il pour autant abolir ces programmes? «Au contraire, déclare M. Lapointe. Il faut y investir davantage. Si l’on connaissait mieux les caractéristiques des enfants dès leur entrée à l’école, on pourrait adapter les programmes en conséquence.» Le chercheur conclut qu’il faut rapidement établir de nouveaux indicateurs de réussite au primaire et adopter une approche d’évaluation continue.

La chercheuse Linda Pagani a étudié l’influence de programmes d’éveil aux mathématiques chez les enfants de quatre et cinq ans. Ses résultats préliminaires indiquent que l’enfant a plus de chances de réussir en mathématiques si ses parents sont associés à la démarche. «Il est essentiel de montrer aux parents qu’en réalité ils font des mathématiques tous les jours», déclare Mme Pagani.

Par ailleurs, la chercheuse a constaté qu’à leur arrivée en prématernelle les enfants allophones présentent des habiletés verbales inférieures à celles des enfants francophones, mais qu’ils rattrapent leur retard avant d’entrer à la maternelle.

Quant à Frank Vitaro, il constate que, si l’on prévient les comportements turbulents des garçons entre 7 et 9 ans, on diminue de moitié le risque de décrochage scolaire au secondaire. Selon les résultats de son étude, les garçons turbulents qui redoublent à l’âge de 12 ans risquent cinq fois plus que les autres de ne pas terminer leurs études secondaires. Éliminer le redoublement ne résout pas le problème, selon M. Vitaro, qui croit qu’on devrait au contraire intervenir dès la maternelle, en évaluant les programmes de façon rigoureuse.

Richard E. Tremblay, directeur du GRIP et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le développement de l’enfant, abonde dans le même sens: «La façon dont on bâtit les palmarès établit des comparaisons qui ne rendent pas justice aux écoles. On évalue la performance des élèves sans tenir compte de leurs caractéristiques individuelles de départ. Cette façon de faire ne permet pas de se prononcer sur la qualité de l’intervention. De plus, on procède à l’évaluation trop tard. Si l’on s’intéressait à la situation des enfants dès la maternelle, on pourrait viser plus juste. On serait alors en mesure de comparer les écoles en fonction de leurs capacités à répondre adéquatement aux besoins des enfants.»



 
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