Édition du 26 août 2002 / volume 37, numéro 1
 
  Québécoises, debout!
Suzanne Laberge veut inciter les femmes à faire plus de sport.

 

Suzanne Laberge estime que les Québécoises de 25 à 44 ans devraient faire plus d’activités physiques. C’est souvent leur sens du devoir qui les en empêche. 

«L’activité physique, pour moi, ce n’est pas une priorité.» «Faire de l’exercice, dans mon cas, ce serait être déchirée tout le temps: est-ce que je m’occupe de moi ou des autres?» «C’est moi qui fais tout dans la maison. Ajoutez le stress du travail, à la fin de la journée, je suis vidée. Je n’ai plus d’énergie pour faire du sport.»

Voilà le type de réponses qu’a obtenues l’équipe de la sociologue Suzanne Laberge, professeure au Département de kinésiologie, lorsqu’elle a demandé à des femmes d’expliquer pourquoi elles étaient si peu portées sur l’activité physique. «Les Québécoises de 25 à 44 ans ont bien intégré le stéréotype de la superwoman. L’image de la femme débordée par les tâches ménagères, les soins aux enfants, les activités avec le conjoint n’est pas un mythe. Elle correspond à la réalité. La priorité, ce sont les autres», commente Mme Laberge.

Selon une enquête du Secrétariat au loisir et au sport du Québec parue en 2000, les Québécoises sont parmi les moins actives des Canadiennes avec les femmes des provinces maritimes. De plus, la sédentarité croît avec l’âge, à tel point que Kino-Québec a ciblé les adultes de 25 à 44 ans parmi les groupes auprès de qui il faut intervenir de façon prioritaire. Si trois jeunes femmes sur quatre chez les 15 à 24 ans font de l’exercice régulièrement, cette proportion chute à partir de 25 ans, alors que moins de 48 % pratiquent une activité physique au moins une fois par semaine. La marche est l’activité la plus populaire, suivie par la danse, la baignade, la randonnée à vélo, le jardinage, le patinage, la bicyclette stationnaire, les quilles, la natation et le conditionnement physique.

Dites-nous pourquoi

Avec la collaboration de la firme SOM Recherches et sondages, le Groupe de travail sur la problématique des femmes et de l’activité physique de Kino-Québec, dirigé par Mme Laberge et composé de Diane Boudreault, Suzanne Delisle et Sonia Dugal, a organisé des rencontres avec quatre groupes de femmes de 25 à 44 ans soigneusement sélectionnées. Les discussions ont permis d’établir des points de convergence et de divergence entre les femmes sédentaires et les femmes actives.

Des facteurs socioéconomiques influent sur la pratique d’activités physiques. Plus la scolarité et le revenu sont élevés, plus la femme intègre le sport dans son quotidien. Le type de ménage a également une incidence sur cette pratique: les chefs de familles monoparentales sont souvent plus sédentaires. La femme qui occupe un emploi est aussi mieux à même d’intégrer l’activité physique dans son horaire.

Si la culpabilité empêche certaines femmes d’aller jouer dehors, par égard à la marmaille, celles qui pratiquent régulièrement un sport se sentent-elles également coupables? Non, répondent-elles. «Leurs commentaires suggèrent qu’elles ont développé une autre conception de leurs devoirs et de leur qualité de vie: les bienfaits retirés de l’activité physique sont perçus comme avantageux pour toute la famille», peut-on lire dans le rapport de recherche.

Le prix de la sédentarité

Le groupe des 35 à 44 ans inquiète particulièrement la sociologue, car c’est durant cette période que la santé risque de payer le gros prix de la sédentarité. Et les habitudes de vie sont de plus en plus difficiles à modifier avec l’âge… «Les femmes prennent du poids avec les années et n’osent plus se montrer dans les salles de musculation, peuplées de jeunes gens au corps longiligne», commente Mme Laberge.

Une synthèse de son enquête a été distribuée dans les CLSC, les organismes municipaux de loisirs et les centres privés de conditionnement physique du Québec. Dans cette brochure, les chercheuses présentent une revue de la littérature sur les bienfaits de l’activité physique chez la femme. Ils sont nombreux et spectaculaires: une réduction de 30 % de la mortalité chez les Canadiennes actives comparativement aux sédentaires; les femmes actives ont un taux de cholestérol moins élevé et un meilleur profil lipidique; les inactives courraient 30 % plus de risques de souffrir d’hypertension; les risques de cancer du sein et d’ostéoporose seraient également plus grands chez les sédentaires.

L’activité physique, c’est peut-être la fontaine de Jouvence que plusieurs recherchent dans une pléthore de produits miracles. Pour la sociologue, il existe des solutions simples. Les organismes municipaux et communautaires devraient offrir des services de garde parallèlement aux programmes d’activités physiques pour les mères. Dans les bureaux, on devrait faire davantage la promotion de l’activité physique et mettre en place des mesures incitatives.

Les femmes de 25 à 44 ans constituent une cible d’autant plus importante pour les organismes de promotion de la santé qu’elles sont souvent elles-mêmes mères et exercent donc une grande influence sur leurs enfants.

 Un mot aux conjoints: un peu d’encouragement, SVP. Les discussions ont révélé que les conjoints se contentaient souvent d’approuver au lieu d’offrir leur soutien concret pour que madame prenne l’air.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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