Édition du 9 septembre 2002 / Volume 37, numéro 3
 
  Dysfonctions sexuelles et affirmation de soi
Les femmes sont moins préoccupées que les hommes par leurs dysfonctions sexuelles.

 

La recherche de Jocelyne Bounader montre que les thérapies sexuelles sont beaucoup moins efficaces pour les femmes que pour les hommes. Alors que les taux de réussite varient de 80 à 88 % chez les hommes, ils vont de 20 à 35 % chez les femmes.
 

Qu’elles soient seules ou en couple, les femmes aux prises avec des problèmes de dysfonctionnement sexuel non physiologique auraient intérêt à s’affirmer davantage afin de venir à bout des difficultés qui les empêchent de profiter de la vie.

«La principale caractéristique qui distingue les femmes ayant des dysfonctions sexuelles d’origine psychologique de celles qui n’en ont pas est leur attitude de soumission dans les relations interpersonnelles, affirme Jocelyne Bounader. Elles n’osent pas s’affirmer et manifestent en outre davantage d’anxiété.»

Sur le plan clinique, l’affirmation de soi et le développement de la capacité de prendre sa place dans une relation lui apparaissent donc comme des solutions susceptibles d’aider ces femmes à être plus satisfaites de leur vie sexuelle. Une conclusion à laquelle est arrivée Jocelyne Bounader dans son travail de doctorat réalisé au Département de psychologie et codirigé par Ariel Stravynski (UdeM) et Irving Binik (Université McGill).

Les problèmes de dysfonctionnement abordés dans cette recherche sont ceux liés au désir sexuel, à l’orgasme et à la douleur chez les femmes; ont été exclues les dysfonctions d’ordre physiologique. La chercheuse voulait d’abord savoir s’il existait des différences entre les femmes confrontés à ces problèmes selon qu’elles sont seules ou en couple.

«Cette distinction s’est avérée non pertinente, indique-t-elle. Les femmes dysfonctionnelles sexuellement, seules ou en couple, ont la même attitude à l’égard de la sexualité et ne présentent pas de différences sur le plan des fantasmes, de l’image de leur corps ou des connaissances sur la sexualité. Dans les deux cas, ce sont les difficultés vécues dans les relations interpersonnelles qui apparaissent comme le facteur déterminant.»

Les hommes sont plus motivés

La recherche de Mme Bounader fait par ailleurs ressortir des différences majeures entre les hommes et les femmes dans le taux de réussite des psychothérapies sexuelles.

Des données antérieures obtenues par le professeur Stravynski dans une recherche menée auprès des hommes montrent que les thérapies qui misent sur les relations interpersonnelles atteignent dans leur cas un taux de succès de 80 %; le taux monte à 88 % lorsque cette méthode est combinée avec une approche plus particulièrement sexuelle. Mais chez les femmes, les données de Jocelyne Bounader révèlent que les taux de réussite respectifs de ces deux approches ne sont que de 35 et de 20 %.

Selon la psychologue, la plus faible efficacité des psychothérapies chez les femmes serait due à leur moins grande motivation de venir à bout de leurs dysfonctions.

«Les femmes qui participaient aux thérapies de groupe prenaient plaisir à ces rencontres en raison des liens sociaux et d’amitié qui se tissaient entre elles, affirme Mme Bounader. Ces relations devenaient plus importantes que l’objectif des rencontres et les participantes négligeaient de travailler sur leurs dysfonctions alors que les hommes étaient plus motivés à les régler.»

La détermination masculine serait liée au fait que les problèmes masculins — impuissance ou éjaculation précoce — sont plus apparents que ceux des femmes et affectent davantage l’homme dans son rôle sexuel. En outre, il était mal vu encore récemment que les femmes éprouvent du plaisir, ajoute la chercheuse, ce qui fait qu’elles cherchaient moins à régler ce type de troubles.

Son expérience en clinique privée montre également que la sexualité occupe plus de place dans les préoccupations des hommes. «La majorité des femmes qui se présentent à la clinique le font parce que leurs conjoints veulent davantage de relations; les hommes viennent nous consulter parce qu’ils souffrent eux-mêmes de problèmes fonctionnels, soit d’érection ou d’éjaculation. Et même si elles recherchent de plus en plus la satisfaction sexuelle, le rapport affectueux demeure au premier plan chez les femmes.»

Daniel Baril



 
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