Édition du 16 septembre 2002 / volume 37, numéro 4
 
  L’IRBV a le vent dans les feuilles
Il vaut un centre de recherche hospitalier, dit André Bouchard.

 

André Bouchard a reçu Forum dans un sous-bois qu’il affectionne. «L’Université de Montréal est intimement liée à l’histoire du Jardin botanique.» 

De 2000 à 2001, les fonds de recherche amassés par les 14 chercheurs de l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) sont passés de 1,2 à 1,9 M$.

«Nous sentons une réelle effervescence sur le plan de la recherche tant fondamentale qu’appliquée, lance son nouveau directeur, André Bouchard, professeur d’écologie au Département de sciences biologiques. C’est une période très excitante pour nous.»

Au cours d’un entretien dans un des sous-bois du Jardin botanique de Montréal, qui jouxte l’IRBV, le professeur Bouchard évoque la longue collaboration qui unit la ville de Montréal et les botanistes de l’Université de Montréal. Pour lui, l’Institut est un peu l’équivalent en sciences de la terre des centres de recherche en milieu hospitalier. «Il ne faut pas oublier que le Jardin botanique a été créé par le frère Marie-Victorin à partir de ce qui s’appelait alors l’Institut botanique de Montréal. On peut dire que, depuis 1990, l’IRBV a connu une nouvelle naissance dans son milieu naturel.»

Le Jardin et les chercheurs universitaires ont pourtant évolué parallèlement depuis le décès de Jacques Rousseau. Mais les choses changent depuis une douzaine d’années. Abritant la deuxième collection de plantes vivantes la plus riche du monde après celle du Jardin botanique de Key, en Angleterre, le Jardin botanique de Montréal reçoit bon an, mal an un million de visiteurs. Peu d’entre eux savent que l’IRBV a ses laboratoires dans l’immeuble central et que ses chercheurs et étudiants sont dispersés dans tous les coins du Jardin afin d’étudier les végétaux à toutes les échelles. «Quels sont les signaux moléculaires transmis par les cellules de la plante pour entamer le processus de reproduction? C’est un mystère que nos chercheurs réunis sous l’axe «Mécanismes cellulaires de développement» tentent de percer. Je crois que nous sommes au début d’une série de découvertes majeures en botanique moléculaire. La décennie actuelle pourrait nous réserver de grandes surprises.»
 

Sans fleurs, pas de nourriture

L’IRBV est également actif dans l’étude de la biodiversité. Il existerait 350 000 espèces de plantes à fleurs sur la planète. Or, cette famille est à la base de l’alimentation humaine. En effet, le maïs, le blé, la pomme de terre, les légumineuses, bref presque tous les végétaux que nous consommons sont des produits des plantes à fleurs.

Les recherches menées à l’IRBV ont permis d’obtenir des résultats significatifs sur la systématique, la biogéographie et les mécanismes de reproduction de ces plantes. Ces recherches s’appuient en grande partie sur les collections de plantes vivantes du Jardin botanique (qui comptent quelque 20 000 espèces) et sur l’herbier Marie-Victorin, mis sur pied par le fondateur du Jardin et comportant 750 000 spécimens séchés.

Le troisième axe de recherche, l’écologie et l’aménagement des écosystèmes, se penche sur la place de la végétation dans les zones habitées. Les études sont entreprises à l’échelle municipale, à l’intérieur de la politique montréalaise de conservation des espaces verts, par exemple, et sur de très longues distances dans les corridors de transport d’électricité. Les chercheurs ont constaté, notamment, que l’utilisation d’herbicides ou le recours à la coupe forestière étaient souvent excessifs le long des pylônes électriques. Ils effectuent donc des recherches visant à en diminuer les effets sur l’écosystème. Plusieurs travaux sont également menés à la Station de biologie des Laurentides, située à Saint-Hippolyte.

En 2001-2002, les chercheurs de l’IRBV et leurs étudiants ont publié 35 articles scientifiques et 20 autres étaient sous presse. Par l’intermédiaire de la revue des Amis du Jardin botanique de Montréal, Quatre-temps, ils publient aussi régulièrement des articles de vulgarisation qui s’adressent à un large public. «C’est essentiel, de nos jours, d’avoir un rayonnement dans la communauté, et nous valorisons beaucoup cet aspect», commente André Bouchard. À titre d’écologiste, M. Bouchard est lui-même invité à intervenir dans des débats publics.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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