Édition du 16 septembre 2002 / volume 37, numéro 4
 
  Le rôle du potassium dans le cas de la fibrose kystique
Rémy Sauvé cherche à définir la structure atomique des canaux potassiques.

 

Rémy Sauvé, professeur au Département de physiologie et membre du Groupe de recherche en transport membranaire, s’intéresse au rôle que peuvent jouer les canaux potassiques dans les processus de sécrétion de mucus et dans le contrôle de la pression artérielle. 

Les connaissances fondamentales sur le transport membranaire pourraient venir en aide aux personnes atteintes de fibrose kystique ou souffrant d’hypertension.

Le transport membranaire désigne les phénomènes d’échanges d’ions et de nutriments entre les milieux interne et externe de la cellule. Ces échanges se font grâce à des protéines dont certaines forment des canaux à travers lesquels les ions peuvent circuler. Ces canaux sont spécialisés, chacun ne laissant passer qu’un seul type d’ions, soit le potassium, le chlorure ou le sodium.

Rémy Sauvé, professeur au Département de physiologie et membre du Groupe de recherche en transport membranaire, s’intéresse aux canaux potassiques et au rôle qu’ils peuvent jouer dans les processus de sécrétion de mucus et dans le contrôle de la pression artérielle.

La sécrétion du mucus pulmonaire est problématique chez les personnes atteintes de fibrose kystique: une accumulation de mucus épais rend difficile l’élimination des bactéries, ce qui cause des infections pulmonaires. «Chez ces personnes, il y a un problème de sécheresse et de viscosité des sécrétions pulmonaires parce que les molécules d’eau ne parviennent pas à traverser la muqueuse, explique le professeur. Or il existe un lien étroit entre la quantité d’eau contenue dans les sécrétions pulmonaires et le mouvement du chlorure à travers les membranes cellulaires.»

Dans le cas de la fibrose kystique, la protéine responsable du passage du chlorure ne joue pas son rôle, d’où l’assèchement du mucus. Plusieurs stratégies sont actuellement à l’étude pour corriger cette déficience en sécrétion de chlorure. Celle du professeur Sauvé consiste à forcer la sortie du chlorure en favorisant la sortie du potassium. «On sait que l’activation du canal potassique stimule la sécrétion de chlorure, explique-t-il. Et la sécrétion de chlorure de potassium permettrait à son tour le passage de l’eau par osmose.»

Ceci nécessite toutefois de bien connaître la structure atomique des canaux potassiques et de comprendre ce qui cause leur fermeture et leur ouverture afin de pouvoir agir sur leur fonctionnement au moyen de molécules spécifiquement adaptées. C’est précisément ce à quoi travaillent le professeur Rémy Sauvé et son équipe dans leurs recherches fondamentales. Ils ont déjà pu tracer un portrait modélisé assez fiable de cette structure à partir de la cristallisation d’un autre canal.

Hypertension et lymphocytes

Des interventions pharmacologiques visant à activer des canaux potassiques pourraient aussi être utilisées pour traiter l’hypertension artérielle. L’hypertension est créée en partie par une contraction trop grande des muscles entourant les vaisseaux sanguins, ce qui gène la circulation sanguine. On peut provoquer un relâchement de cette tension en ouvrant les canaux potassiques des cellules endothéliales à la surface de ces muscles.

Par ailleurs, l’activation de canaux potassiques favorise la prolifération des lymphocytes T, qui jouent un rôle essentiel dans notre système immunitaire. L’inhibition de ces canaux constitue par le fait même un moyen de supprimer la réponse immune qui fait problème dans les cas de transplantation d’organes.

Daniel Baril




 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement