Édition du 23 septembre 2002 / Volume 37, numéro 5
 
  Encadrer les étudiants: un défi
La Faculté des études supérieures récompense les meilleurs thésards.

 

Les auteurs des meilleures thèses de l’Université de Montréal pour l’année 2002: dans l’ordre habituel Louis-Jean Thibault, Christian Beauséjour et Louis Bherer. Un quatrième, André Beauchemin, ne figure pas sur la photo. 

Lorsqu’elle a suivi ses cours de maîtrise en sociologie, Shahrzad Adib a vécu une période passionnante. Rien à voir avec l’enseignement de premier cycle, alors qu’elle s’était retrouvée parmi une centaine d’étudiants dans un amphithéâtre, à un kilomètre du professeur.

«À 10 personnes par groupe, c’était formidable, a-t-elle relaté au cours d’une table ronde sur l’encadrement aux cycles supérieurs le 12 septembre dernier. La socialisation y était pour quelque chose. Nous poursuivions souvent nos discussions après les cours dans des cafés des environs. C’était super.»

Après avoir terminé sa scolarité, Mme Adib est toutefois tombée de haut. «Je me suis retrouvée seule. Comme je n’étais pas intégrée à une équipe de recherche, je travaillais de chez moi. De plus, j’ai eu toutes sortes de problèmes avec mon hypothèse de départ, que j’ai dû reformuler. Mon étude de cas dans des entreprises québécoises connaissait des ratés. Mes prêts et bourses n’arrivaient pas. Je me sentais très vulnérable. Bref, j’ai compris pourquoi plusieurs étudiants renoncent à leur maîtrise en cours de route.»

Shahrzad Adib venait à l’Université une fois par semaine et avait peu de contacts avec les autres étudiants. Heureusement, sa directrice de maîtrise l’a encouragée sans cesse, fixant des objectifs précis et lui envoyant des articles par courriel. Puis, histoire de replonger dans le milieu universitaire, elle a occupé un bureau destiné aux étudiants des cycles supérieurs. «Ça m’a beaucoup aidée», raconte l’étudiante, aujourd’hui inscrite à la maîtrise en management à l’École des Hautes Études Commerciales.

L’examen de synthèse

Pour Karine Lévesque, candidate au doctorat en microbiologie, la transition entre la scolarité proprement dite de la thèse et la rédaction a lieu au moment de l’examen de synthèse. «Cet examen à mi-course vise à déterminer où se trouve l’étudiant dans son cheminement.» De plus, il permet au professeur d’évaluer si le candidat connaît suffisamment son sujet avant d’entreprendre le dernier droit.

Mais il peut arriver que le professeur retarde indûment le début de la rédaction, sous prétexte que son étudiant ne possède pas suffisamment d’information. Dans les faits, il étirera tout simplement le temps au cours duquel cet étudiant mène des travaux de recherche dans son laboratoire. L’étudiant au doctorat peut aussi souffrir du «syndrome du patron absent» lorsque celui-ci dirige de trop nombreux travaux.

Comme on le voit, l’encadrement aux cycles supérieurs comporte une zone nébuleuse, estime Mme Lévesque. Car des difficultés peuvent survenir et il est parfois difficile de régler les différends à l’interne. «Manifestez-vous, recommande l’étudiante. C’est à vous d’exploiter les ressources disponibles. Ne restez pas avec vos problèmes.»

À la Faculté de médecine, un comité de suivi formé de deux personnes extérieures au groupe de recherche peut être constitué pour régler les conflits.

Des projets à long terme

Professeur au Département de physique, Louis Lessard a donné un aperçu de sa conception de l’encadrement des travaux d’étudiants. Ceux-ci s’inscrivent dans une perspective très large (et stimulante, il faut le dire) où chercheurs, pédagogues, étudiants et professionnels se complètent. «Pour moi, un projet est une activité de recherche portant sur un sujet important sur le plan scientifique et faisant appel à des ressources techniques et scientifiques majeures. J’inclus ici le budget.»

S’étendant sur une longue période, les projets auxquels Louis Lessard a contribué (ou qu’il a mis sur pied comme le projet Picasso, dont Forum fera état prochainement) vont parfois au-delà de la carrière des chercheurs. «Trois étapes les caractérisent: la préparation, la phase de construction et d’instrumentalisation et enfin la phase d’analyse. Ces projets occupent inévitablement plusieurs chercheurs de plusieurs universités et idéalement de plusieurs pays.»

 

Les participants de la table ronde (de gauche à droite): Louis Lessard, Karine Lévesque, l’animateur Jean Trépanier, professeur au Département de criminologie, Lucie Bourassa, professeure au Département d’études françaises, et Shahrzad Adib. 

Au Département de physique, le projet Atlas a duré 20 ans et n’est pas encore terminé. Le projet Opal a débuté dans les années 90; on en est à la phase d’instrumentalisation. L’analyse des données ne sera pas entamée avant 2008. «Quant au projet Picasso, il durera bien après la fin de ma carrière…»

L’étudiant, là-dedans? Il s’intègre dans l’ensemble du travail de recherche. Son sujet de maîtrise ou de doctorat est défini avec son directeur (ou ses codirecteurs, car la codirection est plus fréquente avec des collaborateurs interuniversitaires) de façon à apporter une contribution scientifique au projet.

Une année capitale

Avant de laisser la parole aux participants de la table ronde, le doyen Louis Maheu leur avait souhaité la bienvenue à cette première rencontre de la rentrée organisée par la Faculté des études supérieures (FES). Il a dit que la Faculté entamait en 2002-2003 une année capitale. À son 30e anniversaire, la FES est «tout entière vouée au développement des études supérieures en tant que composante essentielle et distinctive de la mission de l’Université de Montréal dans les communautés scientifique et universitaire nationale et internationale».

En effet, l’UdeM arrive au deuxième rang au Canada au chapitre des inscriptions aux cycles supérieurs, derrière l’Université de Toronto (9771) mais devant le réseau des universités du Québec (7628) et l’Université de la Colombie-Britannique (6293) (statistiques de 1999). Les priorités pour l’année en cours: le recrutement et la diplomation.

Pour la deuxième fois cette année, la Faculté a accordé des prix aux meilleures thèses dans quatre domaines: sciences biomédicales et appliquées, sciences de la santé, sciences sociales et sciences humaines, arts et lettres. Lancé en mai dernier, le concours était ouvert aux 43 thèses qui figuraient sur la liste du doyen pour avoir récolté une moyenne générale de 4 points sur une possibilité de 4,3 et reçu la mention «Excellente». Douze finalistes ont été retenus et les quatre gagnants ont été choisis par autant de jurys. Les lauréats sont André Beauchemin (chimie), Christian Beauséjour (pharmacologie), Louis Bherer (psychologie) et Louis-Jean Thibault (études françaises).

C’est le recteur Robert Lacroix qui a remis les prix aux lauréats.

Mathieu-Robert Sauvé






 
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