Édition du 07 octobre 2002 / Volume 37, numéro 7
 
  Musique
Le baryton Mark Pedrotti chante Brahms.

 

Mark Pedrotti

Le prochain concert de la saison de l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM) célèbre le retour de son chef Jean-François Rivest, après une fructueuse année sabbatique, mais aussi la présence au sein de la Faculté de musique d’un interprète exceptionnel: le baryton Mark Pedrotti.

Professeur de chant à la Faculté depuis deux ans, M. Pedrotti est né en Nouvelle-Zélande en 1949 et a émigré au Canada en 1974. Torontois d’adoption, il voyage toutes les semaines pour venir enseigner à Montréal et mène de front une carrière qui le fait monter sur de nombreuses grandes scènes d’opéra dans le monde.

Le baryton a chanté avec l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg sous la direction d’Herbert von Karajan, s’est produit à la télévision autrichienne avec la soprano Elizabeth Schwartzkopf, a participé à un concert donné devant la reine Élisabeth II au Roy Thomson Hall de Toronto, a donné des récitals au Lincoln Center et au Southbank Center de Londres, etc. Son bureau à l’Université est d’ailleurs tapissé de photos des personnages qu’il a incarnés dans les nombreuses productions où il a joué: Figaro, Don Giovanni, Tonio, Eugène Oneguin, Papageno...

C’est à son initiative que l’OUM s’attaque à cette œuvre considérable qu’est le Requiem allemand, de Johannes Brahms. Mark Pedrotti avait en effet approché Jean-François Rivest dès l’an dernier pour lui proposer d’interpréter le Requiem avec lui. «Il a sauté sur l’occasion, rapporte le chanteur, car c’est une de ses œuvres préférées.» En répétition, on sent très bien la connivence qui lie les deux musiciens et la communauté d’intentions qui leur permet de donner à l’œuvre la stature qu’elle mérite. «J’ai chanté le Requiem en juillet dernier avec le St. Petersburg State Symphony Orchestra et je peux dire qu’il n’était même pas d’un niveau qui approche celui de l’OUM. Jean-François Rivest fait jouer les interprètes comme des professionnels!» s’enthousiasme Mark Pedrotti.

Au-delà de la technique, le baryton et le chef d’orchestre cherchent à transmettre aux jeunes musiciens et chanteurs le sens de l’œuvre et de la communication avec le public. «Pour eux, c’est une occasion fantastique d’explorer, de trouver des nuances, des couleurs. Le Requiem et les Quatre chants sérieux de Brahms sont des œuvres qui nous enseignent pourquoi nous sommes ici, à quoi nous pouvons aspirer durant notre séjour terrestre, comment nous voyons la mort... Elles nous montrent donc l’humilité, la petitesse de notre existence. Ce sont aussi des œuvres qui parlent d’amour. Je ne suis pas croyant, mais je peux comprendre le pouvoir de l’amour et ce que la religion tente d’insuffler aux êtres.»

À partir de cette réflexion sur les œuvres, Mark Pedrotti enchaîne aisément sur le rôle du chanteur: «Si les auditeurs ne comprennent pas les textes, ce n’est pas grave, car ils doivent pouvoir ressentir la signification émotionnelle des pièces. C’est à nous, comme interprètes, de leur donner accès à cette signification. Nous ne devons pas ressentir ces émotions, mais les jouer de façon qu’elles passent dans le public. C’est ce que j’essaie d’enseigner à mes étudiants: comment prendre n’importe quelle chanson et la rendre vraie pour eux et surtout pour leur public afin qu’ils deviennent des communicateurs. Le chanteur est un catalyseur, un transmetteur. Notre travail est de convaincre du pouvoir de la musique!»

Mark Pedrotti est très conscient de son rôle non seulement en tant qu’interprète, mais aussi en tant que professeur de chant. Depuis son arrivée, le travail qu’il effectue aux côtés de Rosemarie Landry a donné à la classe de chant de la Faculté de musique une envergure qu’elle n’avait pas auparavant. À preuve, la participation, à ce concert, de la soprano Anaït Khamroian, étudiante au doctorat en chant.

De plus, ces allers-retours entre le milieu professionnel de la scène et l’enseignement permet au baryton de guider ses étudiants avec pertinence et de prêcher par l’exemple. Ce ne sont pas tous les professeurs de chant qui ont l’audace de s’exposer ainsi devant leurs collègues et étudiants. Mais Mark Pedrotti est formel: «Je dois faire ce que j’enseigne.»

Dominique Olivier
Collaboration spéciale


Requiem allemand et Quatre chants sérieux de Johannes Brahms, par l’Orchestre de l’Université de Montréal sous la direction de Jean-François Rivest, avec la collaboration du chœur de l’Atelier d’opéra de l’UdeM, le chœur de l’Orchestre métropolitain, Mark Pedrotti (baryton) et Anaït Khamroian (soprano), le vendredi 11 octobre à 20 h, Faculté de musique, 220, avenue Vincent-d’Indy, salle Claude-Champagne; frais: 5 $ (gratuit pour les étudiants). Renseignements: (514) 343-6427.




 
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