Édition du 21 octobre 2002 / Volume 37, numéro 8
 
  Pour une mondialisation à visage humain
Le développement du monde nouveau dans lequel nous vivons est à ce prix, selon Robert Lacroix.

 

Alors que la mondialisation touche tous les secteurs de la société, le rôle de l’université n’est plus seulement de former les nouvelles générations ni de faire avancer et de transférer les connaissances nouvelles, mais d’être un lieu de réflexion critique sur les grands enjeux sociétaux. 

«Le nouveau monde dans lequel nous vivons ne pourra se développer que si nos sociétés réussissent à combiner harmonieusement science, technique et humanisme et à donner un visage humain à la mondialisation et à l’économie du savoir. On ne peut pas et l’on ne doit pas négliger les impacts sociaux de l’économie du savoir et les problèmes éthiques de tous ordres qui découlent d’un développement scientifique aux applications nombreuses, souvent insoupçonnées et parfois controversées.

«C’est pourquoi il importe de comprendre que le plus grand frein au développement harmonieux de ce monde nouveau ne sera pas scientifique ou technologique mais bien social, éthique, culturel et environnemental. De telles préoccupations interpellent l’université plus que toute autre institution dans nos sociétés, car elles touchent directement aux trois fondements de la mission universitaire: l’enseignement, la recherche et le transfert des connaissances.»

Tel est le message qu’a livré le recteur Robert Lacroix dans sa déclaration annuelle à l’Assemblée universitaire le 7 octobre dernier. Après avoir fait le bilan de ses quatre premières années de rectorat qui se traduisent, entre autres, par une augmentation de 20 % de la clientèle étudiante depuis 1998 et cinq nouveaux pavillons en chantier, ou sur le point de l’être, pour un total de 175 M$, M. Lacroix a fait part à l’Assemblée de sa vision de l’avenir pour les années 2003-2006.

Alors que la mondialisation touche tous les secteurs de la société, le rôle de l’université n’est plus seulement de former les nouvelles générations ni de faire avancer et de transférer les connaissances nouvelles, mais d’être un lieu de réflexion critique sur les grands enjeux sociétaux, a-t-il déclaré.

Pénurie de main-d’œuvre hautement qualifiée

La demande de main-d’œuvre hautement qualifiée continuera de croître au cours de la prochaine décennie sous les effets des départs à la retraite des baby-boomers; elle exercera une tension constante sur le marché du travail au Canada, aux États-Unis et en Europe, où les titulaires de doctorat sont déjà fortement sollicités, constate le recteur, qui parle de crise appréhendée.

«Nous savons déjà qu’à elles seules les universités canadiennes auront besoin de 3000 professeurs par année d’ici 2010. Les universités canadiennes forment bien 4000 docteurs annuellement, mais 60 % d’entre eux trouvent de l’emploi dans des secteurs extra-universitaires. Des secteurs qui, à n’en pas douter, auront eux aussi à répondre à des besoins criants en main-d’œuvre hautement qualifiée. Nous nous acheminons donc vers une demande excédentaire de quelque 20 000 diplômés de 3e cycle au cours des 10 prochaines années.»

Il ne faut pas s’attendre, comme par le passé, à combler l’écart avec l’immigration étant donné que la concurrence sera plus vive que jamais sur le marché international, comme on le voit déjà avec les infirmières, les médecins et les pharmaciens.

Au 1er cycle, les mesures adoptées depuis 1998 (mise sur pied de nouveaux programmes d’études, restructuration des programmes existants, soutien à la persévérance aux études et à la diplomation, promotion des NTIC, transformation de l’environnement d’accueil, d’enseignement et d’encadrement des étudiants) se sont avérées tout à fait pertinentes, conclut le recteur. Mais aux cycles supérieurs, le défi reste entier. «Nous devons augmenter le nombre, la qualité et la diversité de la provenance de nos étudiants. Il nous faut aussi accroître la persévérance des étudiants, réduire substantiellement la durée des études, augmenter nettement la diplomation et inciter vigoureusement nos étudiants à pratiquer la mobilité internationale.» Pour y parvenir, l’Université doit embaucher au moins 100 nouveaux professeurs par année au cours des cinq prochaines années.

Une carte maîtresse

Au cours des quatre dernières années, l’Université a élaboré plusieurs projets pour consolider les milieux de recherche et en créer de nouveaux dans des secteurs scientifiques clés. Ces projets, dont plusieurs sont en voie de réalisation, «feront de l’Université de Montréal, mieux qu’aucune autre université au Québec, un foyer de recherche et d’encadrement capable d’attirer les meilleurs chercheurs et les meilleurs étudiants, une carte maîtresse aussi bien pour le renouvellement et la croissance du corps professoral que pour le développement des études aux cycles supérieurs», assure M. Lacroix.

L’Université a aussi fait des efforts considérables pour subvenir aux besoins des étudiants des 2e et 3e cycles. Mais ce n’est pas suffisant, prévient le recteur. «Le Canada et le Québec ne réussiront pas à attirer un nombre suffisant de bons étudiants au 3e cycle sans un allègement des frais d’études. Augmenter le nombre et le montant des bourses distribuées par les gouvernements fédéral et provinciaux reste selon nous la meilleure solution aux difficultés financières des étudiants des cycles supérieurs.»

Afin d’être en mesure de remplir pleinement sa mission, l’Université de Montréal devra, au cours des trois années à venir:
• continuer d’améliorer ses programmes de 1er cycle en portant une attention particulière à leur internationalisation;
• multiplier, en regroupant ses ressources, les milieux de recherche de calibre international et de formation aux cycles supérieurs;
• offrir les infrastructures de soutien à l’enseignement et à la recherche nécessaires à la création d’une université d’envergure internationale;
• travailler à l’atténuation à court terme et à la solution à moyen terme du problème de la pénurie croissante de professionnels dans le secteur biomédical et dans celui de la santé;
• créer un environnement et des conditions de travail qui encouragent le personnel et les professeurs à travailler à l’atteinte des grands objectifs institutionnels;
• s’assurer de disposer des ressources financières nécessaires à l’accomplissement de sa mission en faisant notamment valoir, auprès de tous les milieux concernés, les besoins essentiels qu’elle doit combler.

C’est sur la base de ces grandes orientations que seront définies en cours d’année les priorités d’action 2003-2006. La déclaration intégrale du recteur est disponible à l'adresse suivante: www.umontreal.ca/divers/recteur/declaration2002.htm

Françoise Lachance



 
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