Édition du 21 octobre 2002 / Volume 37, numéro 8
 
  -erudit.org- en ligne le 24 octobre
À un clic de souris, des milliers d’articles scientifiques, de livres, de thèses et de prépublications universitaires.

 

Guylaine Beaudry et Gérard Boismenu signent ensemble un livre sur l’édition électronique. Ils sont aussi les responsables à l’Université de Montréal du projet - erudi.org. 

En lançant le site , les universités de Montréal, du Québec à Montréal et Laval, marqueront l’évolution de l’autoroute de l’information au Québec. À partir de ce portail sans équivalent au Canada, les usagers auront accès à des travaux de chercheurs et d’étudiants des trois établissements. Ce consortium représente une petite révolution dans un monde où les universités ont plutôt tendance à se considérer comme des concurrentes.

À terme, les articles de 45 revues savantes, des livres de trois éditeurs universitaires (Presses de l’Université de Montréal, Presses de l’Université du Québec, Presses de l’Université Laval), des centaines de thèses ainsi que des prépublications seront accessibles gratuitement au bout de la souris. Plus de un million de dollars en six ans seront investis dans ce site. Le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), le Fonds de l’autoroute de l’information, le ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie de même que le Fonds de la recherche sur la société et la culture du Québec en sont les principaux commanditaires.

«Le site a pour fonction de diffuser la recherche universitaire sous toutes ses formes, explique Guylaine Beaudry, directrice du traitement de l’information à la Direction générale des technologies de l’information et de la communication. Beaucoup d’efforts ont été consacrés à la technologie. Par exemple, l’outil de recherche est très performant, et il sera facile de distinguer la nature des textes trouvés. Et nous avons accordé un soin particulier à la présentation graphique.»

Avec Gérard Boismenu, directeur du Département de science politique, Mme Beaudry a représenté l’Université de Montréal au cours de l’élaboration de ce projet interuniversitaire. Ils sont aussi les auteurs d’un livre qui vient de paraître sur un sujet connexe, Le nouveau monde numérique: le cas des revues universitaires (voir l’encadré). Mais les deux porte-parole insistent pour dire qu’ils n’ont pas la paternité exclusive de ce projet. «Le consortium unit trois universités et nous ne saurions trop insister là-dessus», signale M. Boismenu.

Un appui unanime

La liste des collaborateurs est en effet impressionnante et compte, au premier chef, les trois recteurs: Robert Lacroix (UdeM), Roch Denis (UQAM) et François Tavenas (ancien recteur de l’Université Laval). «Nous avons été soutenus par tous. À toutes les portes où nous avons frappé, l’intérêt était très grand pour , signale M. Boismenu. À titre d’exemple, la quasi-totalité des revues savantes publiées au Québec compte y participer.»

Le jour du lancement, une partie seulement des 45 revues participantes seront en ligne, mais leur contenu intégral, constitué de 8000 articles, sera rapidement accessible. Ce fonds inclut autant les archives de plusieurs décennies que des articles parus il y a quelques jours à peine.

Le site offre aussi l’accès à des monographies que les éditeurs, en accord avec les auteurs, acceptent de diffuser sur le Web. On trouve le texte intégral de cinq ouvrages parus «sur papier» en 1995 et 2001. Parmi eux, Le fantasme métropolitain (PUM, 2001), de Jacques Lachapelle, professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, généreusement illustré. Le contenu de ce livre, qu’on peut télécharger sous forme de livre électronique (livrel), est en hypertexte et compte des dizaines de photos de qualité. Fait à noter, ce ne sont pas les pages qui sont numérotées, mais les paragraphes. La pagination, dans le monde numérique, perd un peu de son sens, car le format des pages est variable d’un ordinateur à l’autre.

Un site trilingue

Même s’il contribuera grandement au contenu francophone sur le Web, le site n’est pas à proprement parler un site d’expression française ni un site purement québécois. «Une étude menée à l’UQAM a déjà révélé que plus de la moitié des auteurs des revues savantes québécoises provenaient de l’extérieur du Québec, signale M. Boismenu. Cela se reflétera sur le site.»

De plus, si la langue française domine largement dans le contenu, on trouve des résumés en anglais, voire dans une troisième langue pour plus de la moitié des articles. Cette troisième langue est principalement l’espagnol, mais on peut lire aussi de l’allemand.

Quatre «zones» seront exploitées sur le site: revues, thèses, livres et prépublications. Cette dernière section suscite déjà un vif engouement. «Les prépublications sont des textes de conférence ou de colloque, des notes de recherche ou encore des résultats qui ne mèneront pas à des publications savantes, explique Mme Beaudry. Les auteurs souhaitent en général les diffuser rapidement. Le projet leur permettra de le faire.»
La particularité du nouveau site est de favoriser l’accès à des travaux universitaires de différentes natures.

Par comparaison, les sites américains MUSE ou Highwire, consacrés à la diffusion d’articles savants, mettent en ligne seulement le contenu d’un certain nombre de revues. Avec , on pourra obtenir autant la thèse d’un chercheur que l’ensemble de sa production savante, incluant des travaux non publiés.

Vive l’édition électronique!

Dans Le nouveau monde numérique: le cas des revues universitaires, les auteurs Guylaine Beaudry et Gérard Boismenu font la démonstration que l’édition électronique est une excellente solution à la crise des revues savantes provoquée par la hausse des coûts d’abonnement.

«Le principal problème des revues à tirage limité est leur diffusion. Le Web constitue une heureuse nouvelle pour elles», affirment d’une seule voix les auteurs. Mais cela ne signifie pas que les impressions n’existeront plus. Au contraire, aucune revue financée actuellement par le CRSH au Québec n’est à 100 % numérique.

Le bon vieux papier est encore incontournable, mais la version électronique s’impose. Ainsi, les 35 revues produites au Québec ont reçu de 5000 à 8000 $ du Fonds de la recherche sur la société et la culture pour offrir à leurs lecteurs une version électronique de leur contenu.

Selon les auteurs, ce n’est pas le coût du papier qu’il faut éliminer. Pour survivre, les revues universitaires doivent s’unir de façon à diminuer le coût de leur gestion. Le cas des Presses de l’Université de Montréal est intéressant. C’est là qu’on trouve le plus de revues savantes au Québec. Les frais d’administration sont ainsi partagés.

Il peut sembler étrange que deux spécialistes de l’édition électronique publient un livre… Pour Guylaine Beaudry et Gérard Boismenu, il n’y a là aucune contradiction. «Un livre, ça reste, dit Mme Beaudry. Il existe un réseau de distribution propre au livre imprimé. Nous l’avons écrit avec cette idée.»

Le nouveau monde numérique sera lancé sous peu à Paris. L’ouvrage est publié par les PUM au Québec et par La découverte en France.

Guylaine Beaudry et Gérard Boismenu, Le nouveau monde numérique: le cas des revues universitaires, Montréal, PUM, 2002, coll. «Champ libre», 25,95 $.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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