Édition du 21 octobre 2002 / Volume 37, numéro 8
 
  Quand l’œil guide la main
L’UdeM est l’hôte du congrès de la Société québécoise pour l’étude biologique du comportement.

 

«L’éthologie n’est plus une science de la promenade», affirme Denis Boire. 

«La vue est le sens dominant chez la plupart des mammifères. Plus rapide et plus précise que l’ouïe, elle joue un rôle essentiel dans le comportement, notamment dans le repérage des prédateurs, la quête de nourriture et la sélection de partenaires sexuels.»

Pour Denis Boire, chercheur à l’École d’optométrie et chargé de cours au Département de sciences biologiques, le thème du congrès de la Société québécoise pour l’étude biologique du comportement (SQEBC), qu’il avait pour mandat de préparer en tant que vice-président, était donc tout trouvé: le contrôle visuel du comportement.

Fondée en 1975, la SQEBC est issue de rencontres qu’organisait un groupe d’étudiants diplômés en éthologie du Département de sciences biologiques et réunis autour du professeur Georg Baron. «Le but de la Société est de regrouper tous ceux qui s’intéressent à l’étude des comportements animal et humain selon l’approche biologique, précise Denis Boire. Elle se veut un carrefour interdisciplinaire où se rencontrent des professeurs, des étudiants et des techniciens de provenances diverses, notamment de biologie, de psychologie, d’optométrie, d’anthropologie et de neurologie.»

L’évolution de la «science de la promenade»

Selon Denis Boire, l’éthologie n’est plus ce qu’elle était, du temps où Konrad Lorenz se promenait sur les bords de son étang, suivi de canetons qui le prenaient pour leur mère. «Ce n’est plus une science de la promenade, affirme-t-il. Konrad Lorenz a fait des découvertes dans son chalet, mais on a su en tirer des théories qui aujourd’hui peuvent être étudiées de façon expérimentale.»

D’autres éthologues célèbres, comme la primatologue Jane Goodall, bien connue pour ses études sur le comportement des gorilles, n’avaient au départ que l’observation comme outil de travail. «Aujourd’hui, la génétique peut nous en apprendre beaucoup sur les liens de parenté dans un groupe animal. Ces liens de parenté influent sur le comportement, notamment sur les gestes altruistes qui peuvent maintenant être mieux compris.»

Les avancées de la biologie de l’évolution jettent aussi un éclairage nouveau sur le comportement animal. «Quand des étudiants nous racontent, par exemple, le contenu d’un reportage qu’ils ont vu sur la faune à la télé, nous pouvons à présent interpréter les comportements observés à l’aide de théories sur le caractère adaptatif de ces comportements.»

Le clonage est une autre technique moderne dont les éthologues peuvent bénéficier. En recourant à des animaux clonés, les chercheurs peuvent en effet modifier les facteurs environnementaux et mieux déterminer quelle est la part du facteur génétique dans le comportement, les habitudes ou les habiletés cognitives.
«Chez les êtres humains, où l’on sait qu’il existe une part de prédisposition génétique jusque dans le QI, le même type d’étude peut être faite à l’aide de jumeaux identiques», ajoute le professeur.

L’œil et l’environnement

La SQEBC s’intéresse donc à l’animal en interaction avec son milieu puisque son comportement et sa physiologie sont toujours déterminés par son environnement.

Le congrès de cette année abordera plus précisément les questions liées à la structure de l’œil, à l’analyse de l’information visuelle par le cerveau et à l’évolution du système visuel, toujours en relation avec le milieu.

Les quatre conférenciers sont Graham Martin, de l’Université de Birmingham (aspects écologiques de la vision chez les oiseaux), Thomas Cronin, de l’Université du Maryland (design visuel chez la crevette et la grenouille), Barrie Frost, de l’Université Queen’s (mouvements de capture, d’évitement et de reconnaissance des pairs) et Georg Baron, de l’UdeM (système visuel des mammifères).

Une quarantaine de présentations orales portant sur diverses recherches sont également au programme.

L’organisateur du congrès a par ailleurs tenu à souligner l’importance de la contribution du professeur Baron au développement de l’éthologie au Québec et à lui rendre hommage. «Tous ceux qui ont étudié le comportement animal à l’Université de Montréal sont passés dans les classes de Georg Baron, indique Denis Boire. Il a fait sa marque non seulement au Québec, mais aussi sur la scène internationale. Ses bases de données sur le rapport entre la taille du cerveau et l’environnement, tant chez les marsupiaux que chez les primates et les autres mammifères, sont uniques au monde; elles sont utilisées partout sur la planète et le seront encore pour des décennies.»

Le congrès se déroule du 25 au 27 octobre, au Pavillon 3200 Jean Brillant et au Pavillon Marie-Victorin. Information: www.er.uqam.ca/nobel/sqebc

Daniel Baril




 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement