Édition du 4 novembre 2002 / volume 37, numéro 10
 
  Première chaire en oncogénomique pédiatrique au Canada
La chaire François-Karl-Viau permettra de développer le volet bio-informatique de la recherche en oncogénomique.

 

Le jeune François-Karl Viau et sa mère Francine Laplante, en compagnie de Daniel Sinnett, titulaire de la chaire en oncogénomique pédiatrique. 

La recherche sur le cancer vient de s’enrichir d’une nouvelle chaire: la chaire François-Karl-Viau en oncogénomique pédiatrique, lancée le 30 octobre et créée dans le cadre de la campagne Un monde de projets.

Cette chaire est consacrée au soutien de la recherche sur les facteurs génétiques des cancers affectant plus particulièrement les enfants. Le nom François-Karl Viau est celui d’un garçon d’une dizaine d’années chez qui les médecins ont diagnostiqué un cancer des ganglions lymphatiques à l’âge de cinq ans et qui est en rémission depuis ce temps.

La chaire a été constituée grâce à un don de 1,5 M$ de la Fondation des gouverneurs de l’espoir, un organisme mis sur pied par la mère de François-Karl, Francine Laplante, et François Chenail, un membre de la famille et un organisateur d’activités-bénéfices.

L’amélioration de l’état de santé du jeune garçon n’est pas unique puisque les traitements actuels permettent d’atteindre un taux de 70 % de rémissions pour l’ensemble des cancers pédiatriques. Dans le cas des lymphomes, les rémissions vont jusqu’à 80 %. «C’est un des beaux succès de la médecine moderne», déclare le titulaire de la chaire, Daniel Sinnett, professeur aux départements de pédiatrie et de biochimie de la Faculté de médecine et chercheur à l’hôpital Sainte-Justine.

«Cette chaire se distingue de toutes les autres en oncologie et elle est la seule consacrée aux cancers pédiatriques au Canada, précise-t-il. Sa création contribuera à la reconnaissance de ce nouveau champ de recherche et à celle des travaux en recherche génomique à l’Université de Montréal. Elle aura sans aucun doute un effet d’entraînement sur le financement des recherches dans ce domaine.»

Bio-informatique

Le programme de recherche en oncogénomique de Daniel Sinnett couvre toutes les dimensions de la problématique, allant du dépistage de gènes de susceptibilité jusqu’aux traitements. «Nous recherchons les variables de combinaisons génétiques associées à des risques de cancer, puis nous comparons leur distribution entre la population en général et celle des populations atteintes, précise le chercheur. Le même processus peut également être appliqué à des combinaisons présentant des facteurs de protection contre le cancer.»

Ce travail est accompli à l’aide de banques informatiques associant des données démographiques, des données cliniques sur les différents types de cancers, des données thérapeutiques sur l’effet des traitements et des données sur les facteurs environnementaux comme le tabagisme.

La chaire permettra de développer l’aspect bio-informatique de ce programme de recherche par l’élaboration de modèles mathématiques et statistiques multivariés. Elle vient combler un vide puisque le volet bio-informatique constitue le point faible des programmes de recherche en oncologie au Québec.

Le prix à payer

En oncologie, les enfants constituent un meilleur modèle de dépistage de facteurs génétiques que les adultes parce que l’effet des causes environnementales a été pour eux plus limité dans le temps. Une des réussites de l’oncologie pédiatrique a été la découverte du gène P53, qu’on retrouve muté dans 53 % des cas de cancer.

Toutefois, la recherche sur les cancers pédiatriques fait figure de parent pauvre parce que le marché est trop petit. «Il n’existe aucun médicament mis au point spécialement pour les cancers chez les enfants, souligne le chercheur. Toutes les thérapeutiques sont des récupérations de traitements pour adultes.»

Et malgré le haut taux de rémission chez les enfants, le prix à payer est énorme. Les survivants des traitements de la leucémie lymphoblastique, par exemple, ont six fois plus de risques que la population en général de souffrir d’un autre cancer dans les 20 ans qui suivent leur rémission à cause des traitements. Sans compter les problèmes de croissance, les difficultés d’apprentissage et le risque de stérilité.

«Le succès est donc un fardeau à long terme et il faut élaborer des thérapeutiques qui diminuent ces effets secondaires», indique Daniel Sinnett. Les données obtenues par son programme de recherche contribueront à cet objectif.

Daniel Baril



 
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