Édition du 4 novembre 2002 / volume 37, numéro 10
 
  Vient de paraître
Lise Gauvin chez Riopelle - Sociologie et sociétés

 

Lise Gauvin a côtoyé Jean-Paul Riopelle pendant une vingtaine d’années. Elle livre ici quelques-uns de ses souvenirs. 

Lise Gauvin Chez Riopelle

Lorsqu’il était enfant, Jean-Paul Riopelle s’appliquait à pêcher à la ligne sans hameçon, avec une simple pierre au bout du fil. «C’est le geste qui compte, disait-il. C’est une certaine perfection du geste, un certain accord avec le monde et ça va très loin. J’ai un ami, grand pêcheur, qui parle aux poissons. J’aimerais être comme lui, en peinture.»

Cette anecdote est rapportée dans un petit livre de Lise Gauvin, professeure au Département d’études françaises, qui vient de paraître à L’Hexagone: Chez Riopelle. L’ouvrage est constitué du récit de quatre visites d’atelier qu’a effectuées l’auteure entre 1989 et 1996 ainsi que du texte d’un album paru en 1983.

Le mieux réussi de ces textes est sans doute celui qui a pour thème la pêche et qui relate une visite d’atelier à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson en 1993. On y sent la complicité entre l’écrivaine et l’artiste. Le peintre avait chargé Mme Gauvin de lui trouver un livre sur la pêche à la ligne écrit par… une religieuse européenne du 15e siècle. Croyant à une blague, elle n’y repense plus jusqu’au jour où elle tombe sur une réédition de l’ouvrage en question chez un bouquiniste parisien. La religieuse, dame Juliana Berners, érudite d’une grande beauté, était la fille d’un noble décapité par le roi d’Angleterre. Entrée au couvent à la suite d’une peine d’amour, elle consacra toute sa vie à un traité sur la pêche. Riopelle est fou de joie de mettre la main sur ce livre, qui l’inspirera pour quelques gravures.

Il y a des choses qui ne s’inventent pas…

Des récits agréables

Il s’est écrit beaucoup de choses depuis le décès de Riopelle. L’intérêt de ce petit ouvrage est de présenter simplement le peintre des oies blanches à quatre moments de sa vie. Qu’il parle de pêche, de course automobile (il a toujours aimé les voitures de sport) ou de peinture, ce qui arrive tout de même à l’occasion, il se révèle un homme curieux et imprévisible.

Que ce soit dans l’atelier de l’artiste à Vétheuil, en France, ou dans celui de l’île aux Grues, au Québec, Mme Gauvin invite le lecteur à l’accompagner discrètement, comme sur la pointe des pieds. Pas de grandes révélations de la part de celui qu’André Breton a surnommé le trappeur céleste, plutôt de petites choses sympathiques et étonnantes. Par exemple, à la page 12: «Chez Jean-Paul Riopelle, chaque repas est une fête. Celui que l’on croit solitaire ne sait quoi imaginer pour le bien-être de ses invités. Ce jour-là, il parle abondamment, écoute, pose des questions. Sa mémoire est phénoménale, il se trompe rarement. J’ai souvent eu l’occasion de vérifier ses dires, qui me paraissaient invraisemblables. Ils se révélaient toujours vrais. Après déjeuner, le Québécois arrivé en même temps que moi, peintre et coiffeur de son métier, offre de lui couper les cheveux. Ce que Riopelle accepte.»

On apprend aussi du signataire du Refus global — alors «antenne parisienne» du groupe des automatistes — qu’il aurait suggéré à Paul-Émile Borduas de s’inspirer d’un texte intitulé Rupture inaugurale, que signait notamment André Breton. C’était un texte anticommuniste visant à «éliminer cette conception de l’art des staliniens», comme l’écrit Riopelle. Lorsque Borduas le reçoit, il veut le signer aussitôt. Mais Riopelle l’en empêche, car ce document circule depuis déjà trop longtemps en Europe. «Fais-en un manifeste pour nous», propose-t-il.

Borduas rédige donc Refus global, que Riopelle illustrera en couverture.

Mathieu-Robert Sauvé

Lise Gauvin, Chez Riopelle, Montréal, L’Hexagone, 2002, 62 p.



 

Sociologie et sociétés, L’exclusion: changement de cap

Ce numéro de Sociologie et sociétés s’est donné comme mandat de poursuivre la réflexion sur la thématique de l’exclusion tout en évitant l’écueil des redites et du déjà-lu. On a cherché à explorer les potentialités que cette topique recelait encore, malgré les critiques qui lui avaient été adressées.

Sociologie et sociétés, vol. 33, no 2, L’exclusion: changement de cap, Les Presses de l’Université de Montréal, 2002, 224 p., 22 $.



 
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