Édition du 11 novembre 2002 / volume 37, numéro 11
 
  Le Pavillon J.-Armand-Bombardier, un exemple d’architecture durable
L’immeuble abritera un laboratoire de nanotechnologie et un immense atrium.

 

Dans l’ordre habituel, Robert E. Brown, PDG de Bombardier, le recteur Robert Lacroix, la ministre Pauline Marois, le secrétaire d’État Claude Drouin, Janine Bombardier, présidente de la Fondation J. Armand Bombardier, et le directeur de Polytechnique, Robert Papineau, devant la maquette du pavillon qui portera le nom du célèbre inventeur québécois. 

«Attention à votre tête!» avertit Pierre Gravel à son invité du journal Forum alors que, coiffés du casque de construction réglementaire, nous grimpons l’échelle menant au deuxième étage du futur Pavillon J.-Armand-Bombardier.

Un deuxième étage qui en est encore à l’état de projet, car une trentaine de cargaisons de bétonnières seront nécessaires pour couvrir la surface. Et comme le temps s’est refroidi, le béton doit être chauffé dans les camions avant d’être étendu dans les coffrages.

«Cette étape est cruciale, note Anick Shooner, chargée de projet et une des architectes du consortium qui a dessiné les plans. Dans l’immeuble, le béton sera apparent à bien des endroits; il doit donc être exempt d’imperfections.»

Les travaux avancent de façon accélérée depuis quelques semaines sur le chantier situé entre l’École Polytechnique et le Pavillon principal de l’Université. Et M. Gravel, le directeur du projet, n’est pas peu fier de dire que l’échéancier sera respecté, peut-être même devancé si la cadence se maintient. Au cours de la visite, il mentionne que ce projet revêt pour lui une connotation particulière. Ancien étudiant de l’École Polytechnique (il est diplômé en génie civil), il a commencé sa carrière sur le chantier du CEPSUM. Le fait de revenir ici même, à son alma mater, lui fait chaud au cœur.

Un consortium d’anciens

Pour le consortium d’architectes, choisi à la suite d’un appel d’offres, c’est un peu la même chose. «Nous sommes tous trois diplômés de l’École d’architecture, explique Claude Provencher. Nous sommes donc très contents de pouvoir contribuer à la construction d’un nouvel immeuble sur le campus.»

Représentant trois «générations de diplômés», les architectes André Mercure (de la firme Desnoyers, Mercure et Associés), Claude Provencher (de Provencher, Roy et Associés) et Anick Shooner (de Menkès, Shooner, Dagenais) sont sortis de l’Université respectivement en 1960, 1974 et 1987. Tous trois connaissaient déjà leurs interlocuteurs de l’Université de Montréal pour avoir travaillé avec eux sur des chantiers récents: le Pavillon Paul-G.-Desmarais pour M. Provencher et le pavillon de la Faculté de l’aménagement pour Mme Shooner, notamment.

 

Les architectes Anick Shooner, Claude Provencher et André Mercure ont dessiné le Pavillon J.-Armand-Bombardier, qui accueillera Technopole Montréal, où l’UdeM et l’École Polytechnique travailleront ensemble.

Projet de 60,5 M$ financé notamment par l’Université de Montréal et l’École Polytechnique (11 M$ chacun), les gouvernements du Québec et du Canada (10 M$ chacun) et la Fondation J. Armand Bombardier, le Pavillon innove sur plusieurs aspects. Sa position géographique, entre les deux établissements universitaires, reflète son identité, car cette «technopole» abritera en parts égales des chercheurs et employés de l’École Polytechnique et de l’Université de Montréal. «Cela peut paraître banal, mais il a fallu manœuvrer entre deux clients attachés à leur autonomie, mentionne M. Provencher. Par exemple, quel système téléphonique devait-on adopter? Quel système de sécurité?»

Du côté scientifique, le maillage prévu entre Polytechnique et l’UdeM ne se limitera pas aux sciences dites dures. Des travaux porteront sur les sciences et le génie en «intégrant plusieurs aspects des sciences humaines et sociales», comme on peut le lire dans un document d’information. Dès l’ouverture, en 2004, quelque 700 chercheurs se partageront près de 7000 m2 d’espace.

Laissez entrer la montagne

La première chose qui frappe lorsqu’on examine les plans et maquettes du nouveau pavillon, c’est l’importance du verre. «Nous avons cherché à maximiser l’éclairage naturel», confirme M. Provencher, un architecte reconnu pour ses généreuses fenestrations. Ainsi, après avoir résolu de séparer les laboratoires des bureaux (les aires de recherche seront concentrées dans un bloc, au centre, alors que les bureaux formeront un grand L au nord et à l’ouest), les architectes ont suggéré de créer un immense atrium sur cinq étages entre les deux structures.

De plus, sur l’élévation, quatre grandes salles pleines de verdure viendront rompre la monotonie des étages de bureaux. Ce sont les jardins. «Il nous semblait important de prévoir des aires de repos et de rassemblement où les chercheurs pourraient avoir des échanges à l’extérieur des bureaux et des laboratoires», dit Mme Shooner. De plus, souligne-t-elle, le fait d’y faire pousser non seulement des plantes mais des arbres et arbustes permettait de redonner à la montagne un peu de ce qu’on lui a pris.

Les particularités de cet immeuble? La plus marquante réside sans doute dans la base d’un laboratoire de nanotechnologie situé au rez-de-chaussée. Pour limiter au maximum tout risque de vibration qui pourrait mettre en péril des travaux sur l’infiniment petit, il a fallu ancrer la base du laboratoire dans le gisement le plus stable du granit du mont Royal. Or, des analyses géologiques ont démontré qu’il fallait couler la fondation sur… sept mètres de profondeur. Ce qui a été fait. Il y a à cet endroit précis plus de 150 000 $ de béton armé.

Ces contraintes font partie du prix à payer pour mettre sur pied ce qu’on appelle un «complexe scientifique et technologique axé sur l’innovation et l’ouverture sur le monde»…

Mathieu-Robert Sauvé


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Un pavillon qui annonce l’université de l’avenir

«Le Pavillon J.-Armand-Bombardier préfigure l’université des 40 prochaines années», a déclaré le recteur Robert Lacroix à la présentation officielle de l’immeuble, qui avait lieu le 7 novembre. «La complexité croissante du monde de même que celle des problématiques auxquelles nous sommes confrontés chaque jour font en sorte que la multidisciplinarité représente la voie d’avenir la plus prometteuse en matière de recherche scientifique. Avec ce nouveau pavillon de l’Université de Montréal et de l’École Polytechnique, cet avenir commence aujourd’hui.»

D’une superficie de 16 800 m2, le Pavillon abritera des laboratoires de pointe aménagés de façon à favoriser les regroupements d’activités et la communication entre les chercheurs qui se consacreront à la recherche en nanotechnologie, en biotechnologie, en aéronautique, en aérospatiale et sur les nouveaux matériaux.

Le nouveau pavillon deviendra le cœur de Technopole Montréal, une structure scientifique et technologique d’envergure internationale en sciences et en génie intégrant plusieurs aspects des sciences humaines et sociales, et qui instaurera un nouveau paradigme organisationnel pour la recherche.

«La construction d’un espace de rencontre multidisciplinaire comme le Pavillon J.- Armand-Bombardier est une formidable illustration du genre de projets novateurs qui peuvent naître de la valorisation de l’innovation et de la créativité indispensables à toute démarche scientifique», a souligné pour sa part le directeur général de l’École Polytechnique, Robert Papineau.

De son côté, le secrétaired’État responsable de Développement économique Canada, Claude Drouin, a précisé que la contribution de 10 M$ du gouvernement fédéral est destinée spécialement à l’espace consacré à la préincubation des entreprises dérivées de la recherche et aux locaux qui abriteront les divers partenariats.

«J’espère que le nom de Joseph Armand Bombardier saura inspirer les dizaines et les centaines de passionnés de recherche qui passeront une bonne partie de leur vie active à l’intérieur des murs du nouveau pavillon», a quant à elle ajouté Janine Bombardier, présidente de la Fondation J. Armand Bombardier.

«Nous portons un intérêt tout particulier à la recherche, à l’innovation et à l’acquisition de connaissances nouvelles», a renchéri le président et chef de la direction de Bombardier, Robert E. Brown. «Notre croissance et notre rayonnement doivent donc beaucoup à la formation et aux connaissances que nos employés ont acquises dans nos universités, notamment à l’Université de Montréal.»

Pour la vice-première ministre et ministre des Finances, de l’Économie et de la Recherche, Pauline Marois, la contribution de 10 M$ de Québec constitue un réel engagement de son gouvernement à l’égard des nouvelles technologies, de la recherche et des sciences.

Le bloc des laboratoires et la Maison des technologies de l’information et des communications formera le noyau de l’immeuble de cinq étages, autour duquel seront aménagés bureaux, salles de réunion, salles de séminaire et locaux de rencontre et d’échange.

On estime à environ 200 M$ la valeur du matériel scientifique qui sera installé dans le nouveau pavillon; celui-ci accueillera quelque 700 professeurs, chercheurs, étudiants et professionnels. Construit sur un ancien stationnement, le bâtiment est conçu de façon à s’intégrer harmonieusement à son environnement, au cœur du mont Royal. Par le choix des matériaux, il s’inscrira dans une perspective de continuité du bâti du campus de l’Université de Montréal. Enfin, tous les systèmes mécaniques de l’immeuble seront conçus dans un esprit de conservation d’énergie. Le Pavillon J.-Armand-Bombardier ouvrira ses portes en juin 2004.



 
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