Édition du 11 novembre 2002 / volume 37, numéro 11
 
  Un colloque international sur l’insertion sociale et professionnelle
La rencontre de trois jours mettra l'accent sur l'approche multidisciplinaire qui caractérise les travaux de la seule école de criminologie francophone du continent.

À la base de notre système pénal, l’intégration sociale et professionnelle des personnes judiciarisées fera l’objet d’un colloque international du 13 au 15 novembre. «Cette thématique est fondamentale et fait l’objet de travaux partout en Occident», souligne Jean Poupart, professeur à l’École de criminologie et responsable scientifique de cette activité qui réunira plus d’une centaine de participants d’Europe et d’Amérique du Nord.

Organisée par le Centre international de criminologie comparée en concertation avec l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec, la rencontre de trois jours mettra l’accent sur l’approche multidisciplinaire qui caractérise les travaux de la seule école de criminologie francophone du continent. Une sommité dans le domaine de la sociologie de l’insertion sociale, Robert Castel, directeur d’études à École des hautes études en sciences sociales (France), y donnera une conférence. Auteur d’un ouvrage marquant dans la discipline, Les métamorphoses de la question sociale, M. Castel «exerce une influence déterminante sur les travaux qui ont été entrepris depuis une dizaine d’années en Europe francophone et au Québec», remarque M. Poupart. En d’autres termes, c’est une référence obligée.

Double vulnérabilité

À mesure que se creuse l’écart entre les riches et les pauvres, particulièrement depuis 15 ans, on constate que les gens qui peuplent nos prisons sont issus en grande majorité de milieux modestes, voire défavorisés. Les populations moins nanties sont donc doublement vulnérables. «D’abord, peut-on lire dans le document de présentation de la thématique, elles s’inscrivent souvent au départ dans une trajectoire difficile sur le plan du travail puisque, comme elles sont peu scolarisées, elles sont plus sujettes au chômage et aux emplois précaires peu qualifiés et mal rémunérés. Ensuite, outre que leur passage à travers le système pénal peut signifier pour ceux et celles qui sont incarcérés une situation de chômage plus ou moins prolongé, ces personnes ont à faire face au stigmate rattaché à une condamnation judiciaire et pour certains au fait d’avoir fait de la prison.»

On sait que les ex-détenus doivent tisser de nouveaux liens sociaux après leur séjour en prison de façon à éviter de tomber dans le cercle vicieux marginalité-pauvreté-criminalité. En pratique toutefois, les chercheurs admettent mal connaître les divers cheminements suivis par les personnes judiciarisées, «le sens qu’elles donnent elles-mêmes à leur intégration et les conditions dans lesquelles cette intégration s’effectue».

Le professeur Poupart a d’ailleurs mené une recherche auprès d’une trentaine d’ex-détenus ayant fait de la prison dans un établissement fédéral. Il présentera quelques résultats de son analyse. «Il y a des choses qui changent dans l’étude de la réinsertion sociale, affirme-t-il. Autrefois, les chercheurs avaient tendance à ne regarder que le processus pénal. Aujourd’hui, on tente de plus en plus de comprendre les personnes dans leur intégralité, de porter un regard global sur leurs actions. Cela inclut les dimensions socioéconomiques.»

Presque tous criminologues, les conférenciers proviennent de France, de Belgique et du Canada, des milieux communautaires et correctionnels aussi bien que des universités et des ministères concernés. Le colloque se déroule à L’Estérel et les frais d’inscription sont de 140 $ (les étudiants à temps plein n’en paient aucuns). Information: (514) 343-2120 ou r.hindi@umontreal.ca.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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