Édition du 11 novembre 2002 / volume 37, numéro 11
 
  Catherine en Tanzanie
L’étudiante au doctorat en santé publique a lancé un programme d’aide humanitaire qui lui a valu un prix de Forces Avenir.

 

Catherine Boileau souhaite retourner bientôt en Afrique pour donner suite a son projet d’aide humanitaire. 

À Shirati, un village du nord de la Tanzanie, Catherine Boileau et Sophie Chabot, deux microbiologistes venues prêter main-forte à un médecin dans le petit hôpital local, ont été ébranlées par le nombre d’orphelins qui y aboutissaient. Explication du phénomène: les parents meurent du sida et les enfants doivent se débrouiller seuls.

«En quatre mois et demi de travail, nous avons vu beaucoup de cas de malaria et de maladies infectieuses dues à l’eau non potable et à la malnutrition. Mais ce sont les cas de sida qui nous ont le plus touchées», raconte Catherine Boileau, qui poursuit aujourd’hui des études de doctorat en santé publique à la Faculté de médecine.

D’après l’Unicef, 1,3 million de Tanzaniens, soit plus de huit pour cent de la population totale, vivent avec le VIH. Les victimes du sida laissent dans le deuil de très nombreux enfants. En 2000, lorsque les deux jeunes femmes sont allées à Shirati, la Tanzanie comptait 800 000 orphelins. D’ici 2010, un enfant sur trois sera orphelin.

À leur retour au pays, les coopérantes étaient déterminées à faire leur part pour venir en aide aux gens de Shirati. Avec la collaboration de l’un de leurs amis, Claudio del Chiappa, elles ont créé une fondation qui a pour but d’aider les orphelins du sida en Tanzanie: Mama-Africa. Avec quelques milliers de dollars, un orphelinat a été construit; il accueille une dizaine d’enfants depuis plus d’un an. «Ce qui est bien en Afrique, c’est que les choses bougent très vite, explique Catherine Boileau. Dès qu’il y a eu de l’argent, la construction a pu commencer.»

1 $ par jour pour survivre

Sur le site Web de la fondation (www.mama-africa.ca), on peut voir quelques orphelins en attente d’un parrain. Plus de 25 enfants ont pu profiter jusqu’à maintenant du programme pour lequel on demande un don de 1 $ par jour (365 $ par an). Cet argent leur assure la nourriture et l’éducation. Les interventions ont d’abord porté sur les plus démunis, qui viennent parfois de familles constituées de 12 enfants.

La directrice de thèse de Catherine Boileau, Maria-Victoria Zunzunegui, professeure à la Faculté de médecine, déclarait récemment que le projet avait fait ses preuves en peu de temps. «L’orphelinat et le programme de parrainage ont su répondre à l’un des besoins les plus urgents dans cette communauté.»
Le plus étonnant, c’est que ni Catherine Boileau ni sa collègue n’avaient d’expérience dans l’aide internationale lorsqu’elles se sont rendues au bord du lac Victoria, il y a deux ans, offrir leurs services au Dr Ziki Mukoyo. Celui-ci assure les soins dans le petit hôpital de Shirati avec un assistant médical; il a accueilli les microbiologistes à bras ouverts.

Durant les quatre mois et demi de leur séjour, les deux jeunes femmes ont établi des protocoles de diagnostic, analysé des échantillons de sang et assuré la formation du personnel infirmier afin de prévenir la contamination. Mais elles ont vite compris que les problèmes de santé étaient démesurés. «Les séropositifs qui viennent à l’hôpital sont en général trop malades pour qu’on puisse faire quelque chose, note Catherine Boileau. D’où l’importance d’instaurer des programmes de dépistage du VIH.»

Avec la collaboration de l’organisme Médecins du monde, elle tente de mettre sur pied un programme de prévention du VIH. L’étudiante de 29 ans affirme que son voyage en Afrique a modifié sa vision des choses. Elle a d’ailleurs changé de programme et d’université à la suite de ce séjour. À l’Université de Montréal, l’unité de santé internationale proposait un regard global sur la santé. «Exactement ce que je cherchais», dit-elle. Son doctorat porte sur la prévention du VIH au Mali.

10 000 $ à Mama-Afrika

Le projet auquel a travaillé Catherine Boileau n’a pas échappé aux responsables du concours Forces Avenir, qui a pour mandat de «rendre hommage aux leaders étudiants qui ont à cœur leur monde en consacrant temps et énergie, en plus de leurs études, à la réalisation de projets dans toutes les sphères de la société». Plus de 205 projets et candidatures ont été soumis cette année. Le projet que Catherine Boileau a présenté a retenu l’attention du jury dans la prestigieuse catégorie «projet Avenir par excellence», dotée d’une bourse de 15 000 $. Le 10 octobre dernier, au gala Forces Avenir, près de 500 personnes ont applaudi Catherine Boileau lorsqu’elle a reçu son trophée.

Mme Boileau n’a pas qu’une vision théorique du concept de la solidarité puisqu’elle a décidé de consacrer les deux tiers de sa bourse, soit 10 000 $, à la fondation. Quand on souligne la générosité d’un tel geste de la part d’une étudiante du troisième cycle, où les conditions de vie sont reconnues pour être précaires, elle répond qu’elle se sent au contraire plutôt privilégiée comparativement aux gens qu’elle a côtoyés en Afrique…

D’autres lauréats

D’autres étudiants de l’Université de Montréal et de HEC Montréal ont aussi été honorés au cours de cette soirée. Joël Monzée, ex-président de l’Association des étudiants aux grades supérieurs de la Faculté de médecine et militant respecté (il est l’auteur d’un rapport sur les conditions économiques des jeunes chercheurs), a reçu le titre de personnalité de l’année aux deuxième et troisième cycles (bourse de 8000 $). Personnalité de l’année au premier cycle (8000 $), Steve Galarneau n’a pas renoncé aux études universitaires ni à l’engagement social même s’il souffre d’un handicap visuel grave. Durant un programme d’échanges avec la Suède, il s’est si bien adapté qu’il a appris le suédois…

Amateur de soirées rave, Jean-Sébastien Fallu, étudiant au Département de psychologie, a été remarqué pour avoir mis sur pied un programme de prévention de l’abus de drogues auprès des jeunes. Cette initiative lui a valu le prix Avenir société, communication et éducation (8000 $). Un groupe de jeunes vétérinaires se partagent quant à eux le prix Avenir santé de 8000 $ pour avoir constitué un groupe d’intervention pour les animaux des jeunes de la rue (voir Forum du 5 novembre 2001).

Enfin, quelques regroupements ou individus de l’Université de Montréal et de ses écoles affiliées ont reçu des bourses de 2000 $: Christine Renaud, Raphaëlle Derome, U21, Productions Glitch & Noise (Polytechnique) et Brenda Plante (HEC Montréal).

Mathieu-Robert Sauvé

Forces UdeM est lancé

La «version maison» de Forces Avenir, qui a vu le jour l’an dernier afin de stimuler la participation des étudiants de l’Université de Montréal au concours national, recevra des candidatures dès le 11 novembre. Cette année, les bourses destinées aux projets ont été bonifiées de 50 %, passant de 500 à 750 $, et les bourses individuelles demeurent de 1000 $. Sont admissibles les étudiants dont les réalisations personnelles ont contribué à l’enrichissement de la vie collective et à la progression du savoir. L’étudiant inscrit dans la catégorie «personnalité» doit également avoir eu un bon rendement scolaire.
Les lauréats de Forces UdeM sont automatiquement inscrits au concours de Forces Avenir 2003, mais rien n’empêche un étudiant de participer aux deux concours. Les inscriptions prendront fin le 28 février prochain.
Information: <www.sae.umontreal.ca>.
Forces Avenir: <www.forcesavenir.qc.ca>.



 
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