Édition du 11 novembre 2002 / volume 37, numéro 11
 
  Musique
Concert-bénéfice du gamelan Giri Kedaton.

 
Concert-bénéfice du gamelan Giri Kedaton

Le 12 octobre dernier, les habitants de Bali vivaient une tragédie alors que deux bombes explosaient dans une boîte de nuit. Bilan: 200 morts et 300 blessés. Cette région accueillante, incroyablement riche culturellement est devenue soudain un théâtre d’horreur.

À la suite de l’attentat, les membres du gamelan Giri Kedaton (traduction indonésienne de «mont Royal»), en résidence à la Faculté de musique depuis août dernier, ont décidé d’organiser un concert-bénéfice en signe de solidarité avec les victimes.

Le gamelan est un des symboles de l’épanouissement artistique de Bali. «Dans un simple village, on peut en trouver jusqu’à 20», rapporte José Evangelista, professeur et compositeur à l’origine de la formidable acquisition, par la Faculté de musique, de deux ensembles du genre.

L’histoire remonte à plus de deux décennies: «Je donnais le cours de musique du monde, raconte M. Evangelista, et je m’intéressais beaucoup à l’Indonésie. J’ai compris rapidement que ce serait enrichissant pour les étudiants qu’il n’y ait pas que des cours théoriques et que, de toutes les formes de musiques étrangères accessibles aux Occidentaux, le gamelan était le plus approprié.» On était alors à la fin des années 70.

Une période faste

Le professeur amorce donc des démarches auprès de la Faculté afin qu’elle acquière cet orchestre de percussions métalliques composé de claviers, de carillons et de gongs. Bien entendu, le prix s’avère prohibitif, mais M. Evangelista a tôt fait de contourner le problème. «Je me suis organisé pour en obtenir un tout de même. J’ai profité de mon année sabbatique à Bali pour rencontrer des artistes et des gens d’affaires, qui m’ont appris que le gouvernement indonésien, quand il participe à des expositions universelles, ne reprend pas les instruments de sa délégation, préférant les donner à des établissements qui en feront la promotion. J’ai donc proposé à la Faculté de musique qu’elle fasse une demande officielle pour ces instruments.» En 1986, à la suite de l’exposition universelle de Vancouver, le gouvernement indonésien fait don de deux magnifiques gamelans à l’Université de Montréal.

C’est le début d’une période faste. Au cours de la cérémonie officielle de remise, se souvient José Evangelista, l’ambassadeur a insisté sur cette phrase: «Merci d’accepter ce cadeau.» Le message était clair. Le fait de recevoir de tels objets représentait un engagement à l’égard au donateur, une obligation de diffuser la musique de l’Indonésie. Les huit premières années, la Faculté a reçu autant de professeurs venus de Bali et souvent accompagnés de leurs conjointes, qui dans bien des cas étaient danseuses.

Ainsi, on a formé des musiciens de gamelan qui sont maintenant devenus autonomes, tel Sylvain Mathieu, le directeur musical de Giri Kedaton, ensemble professionnel et organisme à but non lucratif qui s’est donné comme objectif de mieux faire connaître la musique, la danse et la culture de l’île de Bali. «La bataille a plutôt été d’intégrer le gamelan dans les cours ordinaires, constate a posteriori José Evangelista. Maintenant, quand on consulte le choix de cours, il en fait partie au même titre que les autres genres musicaux.»

Une musique accessible et sophistiquée

Les deux ensembles donnés à l’Université sont de configuration différente. Le premier et le plus spectaculaire est un gamelan gong kebyar, au son puissant, aux instruments nombreux, avec une facture magnifique. Le second, plus discret, est un gamelan anklung, constitué de moins d’instruments, produisant moins de notes par octave, que les enfants s’approprient souvent à Bali et pour lequel José Evangelista a une affection particulière. «C’est un ensemble plus limité, mais qui a un charme particulier.» En fait, il ne tarit tout simplement pas d’éloges sur le gamelan balinais.

Curieux de ce phénomène musical unique, il a analysé, à titre de compositeur, la raison de l’engouement spontané du public et des musiciens. «C’est à la fois une musique très accessible (dès qu’on l’entend, on est captivé) et très sophistiquée. Elle nous offre un grand plaisir du point de vue de l’esprit, que ce soit par sa richesse polyphonique ou mélodique, par sa conception formelle ou rythmique. Elle produit des rythmes tellement incroyables! Elle contient de nombreux aspects qui peuvent intéresser les musiciens et, en même temps, c’est une musique immédiate. C’est le meilleur des deux mondes!»

On pourra entendre cette musique savante, raffinée, mais qui sait capter le public dès la première note le samedi 16 novembre à 20 h, à la salle Claude-Champagne. Tous les profits de ce concert-bénéfice seront remis à une fondation qui vient en aide aux victimes et à leursproches. La danseuse d’origine balinaise NiKomang se joindra à Giri Kedaton pour l’occasion. Au programme: danses et musique traditionnelles de Bali, ainsi que deux compositions du directeur musical Sylvain Mathieu.

Renseignements: Annie Massicotte, (514) 272-2030 ou <girikedaton@hotmail.com >.



 
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