Édition du 18 novembre 2002 / volume 37, numéro 12
 
  Nouveau départ pour les PUM
Un vieux routier de l’édition, Antoine Del Busso, a pris les choses en main.

 

Antoine Del Busso a pris en main les PUM, qui célèbrent cette année les 25 ans de la Bibliothèque du Nouveau Monde. 

Avec une trentaine de titres par année, une collection prestigieuse qualifiée de «Pléiade du Québec», des ouvrages primés, une nouvelle image à la fois sobre et distinguée, les Presses de l’Université de Montréal (PUM) font une entrée remarquée au Salon du livre. «Nous voulons faire des PUM une grande maison d’édition. Elles doivent accompagner le rayonnement national et international de l’Université de Montréal», affirme le directeur général, Antoine del Busso.

Depuis 1998, M. del Busso est à la tête des PUM en plus de diriger la maison Fides. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un homme d’expérience. Après avoir fait ses classes avec le réputé éditeur Pierre Tisseyre, il a dirigé les Éditions du Boréal avant de travailler à Sogides. Il est chez Fides depuis 1991. Les deux premières années des PUM sous sa direction ont été discrètes, mais les titres s’accumulent depuis lors. Le rythme de croisière, d’une trentaine d’ouvrages par année, fait des PUM une des maisons d’édition universitaires les plus prolifiques du Québec. «Il ne s’agit pas de se lancer dans une course à la quantité, mais plutôt d’affirmer sa présence sur le marché», affirme le directeur.

Jusqu’à l’été dernier, un litige opposait l’éditeur avec la maison Gaëtan Morin, qui revendiquait des droits sur les livres déjà parus aux PUM. M. del Busso ne veut pas s’étendre sur ce conflit, mais il assure qu’il est bel et bien terminé depuis qu’une entente à l’amiable est intervenue en mai 2002. Les PUM comptent aujourd’hui 360 titres dans leur catalogue et n’ont pas l’intention de s’arrêter là. De plus, comme son nom ne l’indique pas, les PUM ne se limitent pas aux auteurs de l’UdeM. Cette politique s’inscrit dans la tendance à l’ouverture disciplinaire et institutionnelle. D’ailleurs, plusieurs ouvrages se retrouvent sur les présentoirs des librairies étrangères, notamment à la FNAC, en France.

La Pléiade du Québec

Parmi la production des PUM, la Bibliothèque du Nouveau Monde (BNM) occupe une place à part. Dirigée par Jean-Louis Major, professeur à l’Université d’Ottawa, cette collection célèbre ses 25 ans cette année. M. del Busso se souvient d’avoir assisté à son lancement, en 1977. «C’est un des plus grands projets éditoriaux de notre histoire, estime-t-il. Imaginez: réunir en édition critique les principaux textes majeurs de notre littérature.»

Cette collection, que la directrice de la Grande Bibliothèque du Québec, Lise Bissonnette, a désignée comme le «secret le mieux gardé de la littérature québécoise», sera désormais beaucoup plus visible dans les librairies puisque les 40 titres qui la composent seront disposés sur de magnifiques présentoirs créés pour cet anniversaire. Aussi bizarre que la chose puisse paraître, la prestigieuse collection était souvent introuvable dans les librairies.

Parmi les auteurs qui ont fait l’objet d’une édition dans la BNM, il faut mentionner Jacques Cartier, Lahontan, Honoré Beaugrand, Arthur Buies, Henriette Dessaulles, Louis Fréchette, Pamphile LeMay, Paul-Émile Borduas, Alain Grandbois, Jacques Ferron et Ringuet.

M. del Busso avoue son attachement particulier à cette collection qu’on a qualifiée de «Pléiade du Québec» en raison de sa ressemblance avec la célèbre maison spécialisée dans les classiques de la littérature française. Chaque titre coûte de 40 à 80 $ et l’on offre une réduction de 15 % jusqu’au 31 janvier prochain.

Le WEB et le papier

Les PUM, ce sont aussi des revues savantes: Circuit, Criminologie, Études françaises, Géographie physique et Quaternaire, Meta et Sociologie et sociétés. Des revues qui ont fait leur entrée dans Internet, notamment grâce au site (voir Forum du 21 octobre 2002, p. 1). Des livres récents sont aussi accessibles sur ce site. Parmi eux, Le fantasme métropolitain (PUM, 2001), de Jacques Lachapelle, professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. Richement illustré, cet ouvrage peut être consulté à partir d’un micro-ordinateur...

Internet représente-t-il l’avenir des livres savants? Antoine del Busso ne le croit pas. «La radio n’a pas tué l’écrit, la télé n’a pas tué la radio. Je suis désolé de prendre des exemples aussi connus, mais c’est la même chose pour l’impression sur papier. L’édition savante suivant la méthode traditionnelle est là pour rester. Cela ne veut toutefois pas dire que le Web n’offre pas d’intéressantes possibilités. Nous y sommes d’ailleurs très présents.»

Au Salon du livre de Montréal, le stand des PUM présentera donc plusieurs nouveautés. Mais à l’occasion de cette gigantesque foire, on a quand même envie de se demander s’il ne se publie pas trop de livres au Québec. «Plusieurs personnes le pensent. Je suis peut-être même du nombre, répond M. del Busso. Le problème, c’est de trouver lesquels n’auraient pas mérité d’être publiés…»

C’est un peu comme Mozart, qui se fait reprocher par un noble de mettre «trop de notes» dans ses œuvres. «Je veux bien en retrancher quelques-unes, a répondu le compositeur, mais lesquelles?» Certes, admet le directeur des PUM, ces presses ont un mandat particulier: diffuser la connaissance issue des milieux universitaires. Pour certains, cet objectif serait une contrainte insurmontable. Pour Antoine del Busso, il constitue un «intérêt immense». «Nous n’avons rien contre les best-sellers, mais nous savons que nous avons un rôle à jouer sur le plan de l’édition savante. Nous allons nous y appliquer.»

Mathieu-Robert Sauvé




 
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