Édition du 18 novembre 2002 / volume 37, numéro 12
 
  Musique
Concert de clavecins

 

Réjean Poirier, doyen de la Faculté de musique et claveciniste. 

L’Atelier de musique baroque présente des concertos à deux, trois et quatre clavecins de Jean-Sébastien Bach.

L’Atelier de musique baroque de la Faculté de musique présente, le 21 novembre, un concert de concertos à deux, trois et quatre clavecins. C’est à Jean-Sébastien Bach qu’est consacrée cette soirée, qui met en vedette les étudiants de la classe de Réjean Poirier. Le doyen de la Faculté est également claveciniste, organiste et, comme la plupart des interprètes d’ici, pédagogue.

Pionnier de l’interprétation de la musique baroque au Québec, M. Poirier fondait à son retour d’un séjour d’études musicales en Europe, en 1974, le Studio de musique ancienne de Montréal avec Christopher Jackson et Hélène Dugal. En 1975, il lançait l’Atelier de musique baroque de la Faculté afin d’«initier les étudiants aux pratiques d’exécution correctes», précise-t-il.

En effet, ce répertoire, maintenant partie intégrante de la vie musicale montréalaise, n’a pas connu une implantation facile... Longtemps ignorées, les pratiques d’interprétation «correctes» de la musique des 17e et 18e siècles refaisaient surface en Europe dans les années 60. Nos musiciens qui se rendaient étudier auprès de grands noms comme Gustav Leonhardt ou Xavier Darasse, notamment, revenaient au Québec porteurs d’une science encore très contestée. Il fallait donc instaurer de nouvelles habitudes et familiariser les jeunes interprètes, ainsi que le public de chez nous, avec les récentes découvertes qui allaient mettre la musique baroque au premier rang des habitudes d’écoute des mélomanes dans les décennies suivantes.

Pourquoi Bach?

Responsable de l’Atelier durant les périodes où il n’assume pas de fonctions administratives, Réjean Poirier en a laissé la direction à la gambiste Margaret Little (membre du duo Les voix humaines et aussi sa compagne dans la vie), tout en conservant sa classe d’interprétation en clavecin et orgue à la Faculté. C’est donc d’un commun accord qu’ils ont décidé de faire jouer Bach à leurs étudiants. Mais pourquoi Bach?

«J’ai exceptionnellement beaucoup de bons clavecinistes en ce moment, explique celui qui remportait à la fin de ses études le premier prix du Concours international J.-S. Bach de Bruges. Je trouvais que l’occasion était belle de leur donner la chance d’interpréter les concertos parce que c’est quelque chose qui ne peut pas se faire souvent. De plus, c’est le seul compositeur qui a écrit pour deux, trois et quatre clavecins. Et l’idée était que tout le monde puisse jouer.» De son propre aveu, l’apprentissage de ces œuvres est d’une grande difficulté et exige beaucoup de rigueur. «C’est un répertoire que les étudiants ne peuvent pas conserver très longtemps dans leur apprentissage parce que leur programme individuel en souffre...»

Ayant lui-même eu souvent l’occasion de jouer les concertos de Bach en concert avec diverses formations, le professeur sait orienter le travail de façon efficace. «Nous avons procédé en trois temps, explique-t-il. Tout d’abord, j’ai rencontré les étudiants seuls à seuls afin de travailler les détails, l’ornementation, les tempos, la précision des articulations, etc. Ensuite, j’ai vu les solistes par groupes de deux, trois ou quatre, selon l’œuvre à interpréter, ce qui est très exigeant parce qu’il faut beaucoup de discipline pour faire jouer plusieurs clavecins ensemble. En raison de la grande précision des attaques, le moindre décalage est audible. Dans un troisième temps, on a joint les groupes formés aux cordes, que Margaret Little avait fait travailler de son côté.

Pour les séances qui réunissent tous les musiciens, nous sommes présents tous les deux afin de veiller à ce que les choses se mettent en place.» C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’expérience professionnelle de Réjean Poirier s’avère la plus utile: «Comme j’ai joué avec toutes sortes d’ensembles, je suis très conscient de la problématique de la disposition des instruments en fonction de l’acoustique. Les choix sont limités si l’on veut que tous s’entendent et que la communication soit bonne», explique le doyen.

Au programme

Les œuvres en question sont le Concerto à trois clavecins en do majeur BWV 1064, le Concerto à deux clavecins en do mineur BWV 1062, le Concerto à trois clavecins en ré mineur BWV 1063, le Concerto à deux clavecins en do majeur BWV 1061 et, de Vivaldi-Bach, le Concerto à quatre clavecins en la mineur BWV 1065. Les solistes sont les clavecinistes Jean-Yves St-Pierre, Frédéric Roberge, Paulo Vitor Bottas, Lysiane Boulva, Mylène Bélanger et une invitée, Mélisande McNabney, étudiante à l’Université McGill. En plus d’être donné le 21 novembre à 20 h à la salle Claude-Champagne de la Faculté de musique, le concert sera peut-être repris le 1er décembre à l’oratoire Saint-Joseph.

Dominique Olivier
Collaboration spéciale



 
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