Édition du 25 novembre 2002 / volume 37, numéro 13
 
  Des bactéries pour réduire les gaz à effet de serre
Dans la foulée des objectifs de Kyoto, Patrick Hallenbeck étudie comment tirer de l’hydrogène de la biomasse.

 

Les travaux de Patrick Hallenbeck pourraient conduire à la mise au point de nouveaux procédés énergétiques sans émission de gaz à effet de serre. 

La vie sur terre serait impossible sans les bactéries. Et ce sont peut-être ces petites bêtes qui vont la sauver en permettant de la production d’un gaz pour remplacer l’énergie fossile, l’hydrogène.

Il existe déjà des modèles de voitures qui peuvent être alimentés à l’hydrogène et qui ne rejettent, pour tout résidu, que de l’eau pure. Mais rien n’est parfait et cette solution ne fait que déplacer le problème. En effet, l’hydrogène dont auraient besoin ces voitures contribue à l’émission de gaz à effet de serre.

«L’hydrogène, explique Patrick Hallenbeck, professeur au Département de microbiologie et immunologie de la Faculté de médecine, est fabriqué soit à partir du gaz naturel, soit par l’électrolyse de l’eau.» Dans le premier cas, la fabrication de l’hydrogène libère du carbone qui était jusque-là enfoui dans la croûte terrestre; dans le second cas, la méthode nécessite de l’électricité, et l’électricité est produite par de l’énergie fossile ou des barrages hydroélectriques qui libèrent eux aussi du gaz carbonique.

Des bactéries propres, propres, propres

Le professeur Hallenbeck cherche à mettre au point une nouvelle méthode non polluante pour produire de l’hydrogène et recourant aux bactéries. «La décomposition de la biomasse par certaines bactéries produit un mélange de méthane et d’hydrogène, explique-t-il. Il est techniquement possible de séparer ces deux gaz par filtration.»

Il existe un procédé semblable qui permet de produire de l’éthanol avec l’aide des bactéries. Toutefois, l’éthanol actuellement utilisé dans les véhicules est obtenu par fermentation.

La décomposition de la biomasse grâce aux bactéries produit aussi du gaz carbonique mais, comme le souligne le chercheur, elle ne contribue pas à en augmenter la quantité puisque le carbone de base était déjà présent dans la nature. «Il aurait de toute façon été libéré par la décomposition, puis fixé par la prochaine génération de végétaux; on n’ajoute donc rien au cycle naturel du carbone ni à sa quantité.»

Non seulement le procédé ne libérerait pas de carbone supplémentaire, mais il permettrait de disposer de façon utilitaire des résidus forestiers et des résidus de l’agriculture, qui pourraient être livrés en pâture aux bactéries.

Programme canadien de lutte contre l’effet de serre

Actuellement, on ne connaît aucun système qui rend possible l’exploitation à une échelle industrielle de la production d’hydrogène par les bactéries. Le programme de recherche de Patrick Hallenbeck a pour but de déblayer le terrain en recherchant les conditions les plus favorables à cette production. Son projet est un des six que le CRSNG et le ministère des Ressources naturelles du Canada ont retenus dans le cadre d’un programme de recherche exploratoire visant à mettre au point de nouveaux procédés pour réduire les gaz à effet de serre.

Les travaux du professeur Hallenbeck portent entre autres sur la recherche des meilleures bactéries productrices d’hydrogène et sur les protéines de contrôle de la production et de la consommation de cet hydrogène. «La bactérie ne produit que l’hydrogène dont elle a besoin pour sa croissance, précise-t-il. En connaissant mieux le rôle des protéines actives dans le contrôle de cette production, nous chercherons s’il est possible par génie génétique d’en augmenter la production ou d’en réduire la consommation.»

Le professeur a obtenu une subvention de 250 000 $ sur trois ans pour effectuer ces travaux.

Daniel Baril



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement