Édition du 2 décembre 2002 / volume 37, numéro 14
 
  L’arythmie au cabinet médical
Les différents troubles d’arythmie peuvent être soignés par des médicaments.

 

Le Dr Peter Guerra 

Sophie, une patiente de 23 ans, ressent des palpitations depuis cinq ans. Elle n’en souffre pas trop, mais ces symptômes l’inquiètent. Elle sent son cœur s’emballer à l’occasion, particulièrement lorsqu’elle se penche pour attacher ses chaussures. Son problème n’est pas plus aigu quand elle pratique un sport, mais elle admet qu’elle fume un paquet de cigarettes par jour. Elle vous demande alors: «Docteur, aidez-moi!»

Cette jeune femme souffre-t-elle a) d’extrasystole ventriculaire? b) de tachycardie sinusale inappropriée? c) de tachycardie supraventriculaire par réentrée nodale? d) de tachycardie supraventriculaire par faisceaux? ou d) de tachycardie ventriculaire?

Si vous avez répondu c) de tachycardie supraventriculaire par réentrée nodale, bravo, vous avez la bonne réponse. Comme 73 % des 500 médecins qui participaient au jeu-questionnaire qui a clôturé la présentation du Dr Peter Guerra, cardiologue à l’Institut de cardiologie de Montréal, aux 11es Journées annuelles du Département de médecine, les 13 et 14 novembre derniers au centre Mont-Royal.

Sa présentation, fort courue, avait pour thème «L’évaluation des arythmies au cabinet». «Les arythmies touchent environ 2,2 millions de personnes aux États-Unis, a fait observer le conférencier au début de son exposé. Il est souvent difficile, pour un clinicien, de diagnostiquer rapidement le type d’arythmie dont souffre le patient qui se présente pour un examen. Les outils sont assez limités dans un cabinet et les causes des palpitations très variées.»

Pourtant, le taux de succès pour le cas de Sophie montre que les médecins sont relativement à l’aise lorsqu’il faut déterminer de quelle anomalie il est question. Les difficultés ont été plus grandes quand il s’est agi d’établir la médication à privilégier pour deux autres patients virtuels présentés à l’assemblée, âgés respectivement de 63 et de 56 ans: seulement 40 % de bonnes réponses.

La moitié des cas opérés

Ce n’était pas par hasard, pourtant, que le Dr Guerra avait choisi de présenter le cas d’une femme aux prises avec une tachycardie par réentrée nodale. Ce type d’arythmie constitue environ 50 % des cas traités par l’ablation chirurgicale, signale le Dr Guerra. L’intervention consiste à enlever des sections du muscle cardiaque qui provoquent des palpitations. Un cathéter intracardiaque est inséré par une voie fémorale percutanée. Le taux de succès de l’opération est très élevé: plus de 95 % de réussite.

Cette intervention est indiquée pour les personnes qui ressentent des étourdissements sévères, incluant la perte de conscience, et chez qui les médicaments sont inefficaces. Certains patients sont considérés comme prioritaires, notamment les pilotes d’avion ou les personnes qui voyagent beaucoup et qui veulent éviter de subir une crise d’arythmie à l’étranger.

Avec de 400 à 500 ablations par année, l’Institut de cardiologie est l’hôpital où il se pratique le plus de ces interventions au Canada. Autrefois, celles-ci devaient s’effectuer à cœur ouvert, sous anesthésie générale. Aujourd’hui, grâce à la laparoscopie, l’opération est beaucoup moins invasive.

Médication efficace

Les différents troubles d’arythmie peuvent être soignés par des médicaments. Le traitement pharmaceutique à l’amiodarone fait d’ailleurs l’objet de recherches par l’équipe du Dr Guerra.

Le spécialiste n’a pas été surpris par les solides connaissances générales sur l’arythmie que les médecins présents au centre Mont-Royal ont montrées. Les participants étaient en effet invités à répondre aux questions relatives à plusieurs cas grâce à un système de communication électronique. «L’arythmie est un problème que tout médecin est appelé à diagnostiquer très régulièrement dans son cabinet. Il est donc familiarisé avec ce problème. Mais il est utile de s’en faire rappeler les grands principes à l’occasion.»

Plusieurs médicaments, par exemple, ont été déconseillés par le conférencier pour leurs effets secondaires majeurs. Le sotalol, notamment, est contre-indiqué à fortes doses chez les femmes, ainsi que la quinidine, la procainamide et la disopyramide, toutes trois en perte de vitesse. L’amiodarone, en revanche, semble être un choix qui gagne en popularité.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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