Édition du 20 janvier 2003 / volume 37, numéro 17
 
  Cours de maître à la Faculté de musique
L’altiste Jutta Puchhammer donne un atelier sur la visualisation du mouvement.

 

Jutta Puchhammer 

L’altiste d’origine autrichienne Jutta Puchhammer multiplie ses activités, tant à Montréal qu’en Europe. Son impressionnant curriculum laisse presque croire qu’elle a le don d’ubiquité: professeure à la Faculté de musique, elle est également professeure d’alto et de musique de chambre à l’Université du Québec à Montréal ainsi qu’au Centre d’arts d’Orford. Elle occupe aussi le poste d’altiste solo à l’Orchestre des Grands Ballets canadiens, à l’Orchestre symphonique de Laval et à l’ensemble La Pietà.

Malgré sa forte présence au Québec, Mme Puchhammer trouve quand même le moyen d’avoir une carrière européenne, à titre d’artiste invitée et de membre du Wiener Nonett, entre autres.

 


 

Portes ouvertes

Enthousiaste et énergique, Jutta Puchhammer a ajouté à son agenda cette année la tâche de responsable du secteur des cordes à la Faculté de musique. Elle donnera le coup d’envoi, le 26 janvier, de la journée portes ouvertes consacrée exclusivement aux cordes. Cette journée portes ouvertes est une des nombreuses activités qui se tiennent à l’UdeM à l’occasion du Salon des études. «Il reste beaucoup de travail de développement à accomplir, dit-elle. Nous avons d’excellents professeurs, qui sont tous capables de jouer, une équipe qui fonctionne bien, mais il faut faire du recrutement. Notre plus grand défi est de donner une image à cette faculté à la fois francophone et ouverte sur le monde. Les Québécois sont dynamiques, mais ils ne sont pas portés sur l’autopromotion, déclare l’altiste avec une nuance d’affection dans la voix. De là est venue l’idée d’organiser une journée portes ouvertes afin de donner un aperçu des talents d’ici.»

Tout au long de l’après-midi, les participants pourront assister à des cours de maître au choix. «Je voulais que chacun puisse parler de ce qui l’intéresse et offrir une page de son livre d’expériences pédagogiques.» Le contrebassiste Marc Denis abordera les traits d’orchestre de son instrument, le violoniste Vladimir Landsman traitera de l’archet et de ses secrets, le violoniste Claude Richard nous entretiendra de l’art de l’interprétation, la violoncelliste Thérèse Motard parlera du cercle comme base de la technique, la violoniste Eleonora Turovsky nous fera voir le chemin qui mène de la technique à l’interprétation et le violoncelliste Yuli Turovsky se penchera sur l’école russe.

Quant à Jutta Puchhammer, elle s’est réservé un sujet dont elle a le secret: la visualisation. Apparemment un peu ésotérique, la maîtrise de la visualisation a pourtant beaucoup à apporter à l’apprenti interprète.

Le mouvement dans le cerveau

Instinctive, avouant qu’elle accorde dans son jeu beaucoup plus d’importance à l’émotion qu’à la technique, Jutta Puchhammer explique un des aspects essentiels de son enseignement: «C’est une approche que j’ai élaborée avec les étudiants et qui fonctionne à cent pour cent. Il faut savoir que, lorsque le cerveau imagine un mouvement, il le fait parfaitement et corrige automatiquement les erreurs. Donc, je demande aux étudiants qui ont par exemple un problème d’archet de fermer les yeux et de visualiser le mouvement de leur bras droit. Je leur pose des questions sur leur position et ils réalisent, par la différence qu’il y a entre leur image intérieure, parfaite, et leur sensation physique, ce qui ne fonctionne pas. C’est une façon de leur faire comprendre les choses à partir de l’intérieur. Le but est de donner des outils à l’étudiant pour qu’il acquière son autonomie et continue à travailler dans la bonne direction. Il ne reproduit plus un mouvement qu’il a vu devant lui, mais cherche une sensation physique sur laquelle il peut se fier entièrement.»

De même, quand on parle d’interprétation et non plus de technique, l’outil est tout aussi efficace. «Pour arriver à transmettre un sentiment à l’auditoire, il faut que vous le viviez vous aussi. Donc, je commence par définir le caractère d’un trait musical: triste, gai, etc. Ensuite, j’incite l’étudiant à trouver, lorsqu’il joue, la sensation physique de cette émotion. À chaque sentiment correspond une attitude corporelle. Si je veux produire un «son fâché», il faut que mon corps soit fâché... Parfois j’amène l’étudiant à imaginer une énergie ou une situation, comme le fait d’être un acteur qui doit s’adresser à une salle, dicter un sentiment à son public. Les musiciens ne parlent pas, mais c’est la même chose. Les émotions traversent nos mains pour aller toucher les auditeurs.»

Après ces cours de maître, la salle Claude-Champagne ouvrira ses portes au public pour un concert de la Série des profs, à 16 h 15. Vladimir Landsman, accompagné au piano par Élise Richard, interprétera des œuvres de Prokofiev (dont la Sonate pour deux violons avec le concours d’Eugène Nakamura), Stravinski, Chedrin et Frolov. Jutta Puchhammer, pour sa part, donnera un récital le 31 janvier au soir, également à la salle Claude-Champagne. On l’entendra dans des œuvres de Onslow, Bridge et Bliss.

Dominique Olivier
Collaboration spéciale






 
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