Édition du 10 février 2003 / volume 37, numéro 20
 
  Il est urgent de poursuivre le rattrapage
Le sous-financement prive l’Université d’environ 80 M$ par année.

 

La participation du ministère de l’Éducation à l’étude de la CREPUQ constitue une forme d’engagement à redresser la situation, estime le recteur Robert Lacroix. 

‹Reportons-nous quatre ans en arrière, alors que nous avions un sous-financement de 600 M$. Malgré le réinvestissement de 300 M$ du gouvernement, on voit que l’écart a quand même continué de croître puisqu’il est maintenant de 375 M$», a déclaré le recteur Robert Lacroix, qui commentait pour Forum les résultats d’un rapport rendu public la semaine dernière.

Le document, rédigé par un comité mixte de la Conférence des recteurs (CREPUQ) et du ministère de l’Éducation (MEQ), révélait que les universités québécoises devraient avoir 375 M$ de plus pour pouvoir concurrencer d’égal à égal les universités du reste du Canada.

«Cette étude ne retient que les hypothèses les plus conservatrices, a ajouté M. Lacroix. Nous avons fait ce choix justement pour éviter que quelqu’un puisse dire “Oui, mais le sous-financement des universités québécoises n’est peut-être pas si élevé”. C’est là une autre raison de prendre ces chiffres au sérieux.»

Pour l’Université de Montréal, ce sous-financement signifie environ 80 M$ de moins chaque année, a estimé le recteur. «C’est beaucoup d’argent. Malgré l’effort énorme qu’a fait le gouvernement du Québec au cours des trois dernières années pour diminuer ce sous-financement, nous avons dû être très ingénieux afin de pouvoir poursuivre notre recrutement de professeurs de même que pour retenir et attirer les étudiants des cycles supérieurs. Concrètement, 80 M$ de moins, cela veut dire moins de professeurs, moins d’auxiliaires d’enseignement, moins de livres dans les bibliothèques, moins de services informatiques pour les étudiants qui se plaignent qu’il n’y a pas suffisamment d’ordinateurs mis à leur disposition, moins de bourses, etc. Quand on met tout cela bout à bout, on obtient des services de moindre qualité dans les secteurs très onéreux comme les secteurs professionnels, le secteur biomédical et les sciences.»

Un moment historique

Robert Lacroix espère que la prochaine phase de rattrapage ne s’étendra pas sur plus de trois ans afin d’éviter que l’écart se creuse davantage. Et il est confiant que ce rattrapage se fera quelle que soit l’issue de la prochaine campagne électorale. En effet, selon lui, ce rapport CREPUQ-MEQ marque un moment historique. «D’une part, des fonctionnaires ont participé à l’étude et d’autre part le ministre a reconnu l’ampleur du sous-financement», ce qui, selon le recteur, constitue une forme d’engagement. Les relations entre le ministère et les universités ont fait beaucoup de progrès depuis l’époque, pas si lointaine, où les deux parties se livraient une guerre de chiffres sous l’œil perplexe de la population, a-t-il constaté. «On nous voyait alors comme des chialeux qui passaient leur temps à crier au loup, ce qui ne nous aidait en rien et n’aidait pas le ministre à défendre la cause des universités auprès de la population et de ses collègues du cabinet.»

Si les enjeux sont plus limpides, le gouvernement du Québec n’a pas plus d’argent pour autant, a admis le recteur. Il croit qu’un réinvestissement du gouvernement fédéral en santé enlèvera un peu de pression sur les finances du gouvernement du Québec, qui serait alors plus en mesure de dégager une partie des fonds dont il dispose pour les affecter à d’autres priorités, particulièrement à l’enseignement postsecondaire.

Françoise Lachance



 
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