Édition du 24 février 2003 / volume 37, numéro 22
 
  Activités culturelles
Autos, vélos, bateaux au Centre d’exposition - Rendre les Carmélites plus «humaines»

 

Le TGV, c’est pour bientôt. Trong Kim Nguyen prend les devants avec son modèle Arrow.
La moto Vigilante, une conception de Philippe Poulin.
La demoiselle, l’auto sport redessinée par Caroline Saulnier, fera sûrement tourner les têtes. 

Autos, vélos, bateaux au Centre d’exposition

Des autos, des motomarines, des vélos, un aéroglisseur, les étudiants ont imaginé des dizaines de moyens de transport depuis que les programmes d’études de la Faculté de l’aménagement encouragent les projets appliqués.

«Le moyen de transport est le point de convergence du stylisme, de l’ergonomie et de la technologie», explique Pierre de Konink, professeur à l’École de design industriel et responsable de l’exposition Transit, qui commence jeudi et présente près de 30 ans d’exploration dans la conception de matériel et de véhicules de transport.

À l’exception de l’exposition des finissants, qui a lieu annuellement, les occasions de voir le fruit des travaux des étudiants sont très rares… et très courues. La présence de prototypes d’automobiles ne passent jamais inaperçue au Salon de l’auto de Montréal, notamment. Cela s’explique par leur force évocatrice, pense M. de Koninck. «Ces prototypes audacieux font rêver.»

Une trentaine de maquettes avant-gardistes, quatre prototypes grandeur nature et une centaine de dessins et croquis seront présentés au Centre d’exposition. Parmi les projets les plus spectaculaires, il faut mentionner la motomarine Exocet, qui pourrait un jour être commercialisée par la firme Bombardier, un des commanditaires de l’exposition. «On l’oublie souvent, mais le Québec produit beaucoup de moyens de transport, souligne le professeur: des wagons de métros, des camions, des vélos, des avions, des trains.»
Mais le but des travaux pratiques de l’École de design industriel n’est pas d’offrir des biens de consommation aux entreprises. C’est de former des étudiants à la conception. Des diplômés occupent d’ailleurs des postes chez Bombardier, Boeing, Renault, Peugeot…

À l’origine, cette exposition devait être plus modeste. Elle voulait souligner le départ à la retraite de celui qui a longtemps incarné la «filière transport» à l’École de design industriel, Alain Dardenne. Mais le projet a pris une autre tournure lorsque celui-ci est décédé, le 16 juin dernier, deux semaines après avoir quitté son poste. Les professeurs et les étudiants ont voulu lui rendre un hommage posthume en montant cette exposition d’envergure.

L’exposition se déroule du 27 février au 3 avril au Centre d’exposition de l’UdeM, situé dans le Pavillon de la Faculté de l’aménagement, 2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, à deux pas de la station de métro Université-de-Montréal. Il est ouvert au public les mardis, mercredis, jeudis et dimanches, de 12 h à 18 h. L’entrée est gratuite.

Mathieu-Robert Sauvé


 

Alice Ronfard 

Rendre les Carmélites plus «humaines»


Depuis quelques années, la Faculté de musique présente, sur la scène de la salle Claude-Champagne, des productions de l’Atelier d’opéra en collaboration avec l’Orchestre de l’Université de Montréal. Cette saison, la Faculté a mis au programme Dialogues des Carmélites, de Francis Poulenc, une œuvre intense et dramatique sur un livret de Georges Bernanos.

Pour Alice Ronfard, la metteure en scène engagée par la Faculté de musique pour monter la pièce, Dialogues des Carmélites est d’abord une œuvre politique. Durant la Révolution française, sous le régime de la Terreur, on guillotine les membres de cet ordre religieux. Bernanos raconte avec force les émotions de ces femmes livrées pieds et poings liés à une société qu’elles avaient fuie pour se réfugier dans la prière.

La metteure en scène voit dans ces femmes forcées de quitter leur abri et leur monde de méditations toutes les femmes en exil, meurtries par la guerre et chassées sur les routes. «Je veux les rendre humaines, accessibles, les rapprocher de nous plutôt que de les confiner dans un univers incompréhensible», déclare-t-elle.

Par deux fois, Alice Ronfard s’est rendue au Carmel de Montréal afin d’y rencontrer les religieuses. «J’ai déjà monté la pièce au théâtre il y a quatre ans. Je suis allée au Carmel une fois avec les comédiens, une fois avec l’équipe de création. J’ai chaque fois été ébranlée par ces visites en me disant que ces femmes vivent dans le fondamental, nous dans le superficiel.»

Deux approches

Par rapport au théâtre, quelles sont les caractéristiques de l’opéra? «L’approche n’est pas la même; je dois donner plus à voir qu’à sentir, car les émotions appartiennent aussi beaucoup au chef d’orchestre, répond la metteure en scène. À l’opéra, les responsabilités sont très claires. Moi, j’ai la tâche de créer des images qui vont provoquer des émotions, en accord avec la musique. Je me débats avec la dramaturgie du livret de Bernanos, le chef avec la partition de Poulenc. Il se trouve que je travaille très bien avec Robin Wheeler, le directeur musical, et Jean-François Rivest, le chefd’orchestre. Il y a un grand respect mutuel, une relation de créateurs où chacun renforce le travail de l’autre. Nous sommes complices, nous nous encourageons, nous nous renvoyons la balle constamment, un vrai trio infernal!»

Par ailleurs, la scène de la salle Claude-Champagne n’est pas conçue pour le théâtre. Pas de rideaux, pas de décors amovibles. «Je dois aller à l’essentiel, chercher la simplicité. Il s’agit de se détacher complètement de la mécanique du théâtre pour laisser place à la musique et aux chanteurs. Mais d’un autre côté, c’est aussi comme au théâtre. On se pose les mêmes questions: comment donner quelque chose au public, comment rendre ces femmes humaines...»

Alice Ronfard ne se gêne pas pour dénoncer le mauvais goût qui sévit à l’opéra, «l’empire des bébelles», selon sa propre expression. Après plusieurs expériences (Beatrix et Benedict, de Berlioz, avec l’Atelier d’opéra de la Faculté de musique, Cosi fan tutte, de Mozart, à l’Opéra de Montréal, L’arche de Noé, d’Isabelle Panneton, avec Les coups de théâtre), elle sait exactement ce qu’elle cherche, tant du côté de la scénographie que de celui des chanteurs.

«Je ne vais pas révolutionner le genre, mais les chanteurs ont intérêt à travailler plus avec leur corps. L’école, dit-elle en parlant de son travail avec l’Atelier d’opéra, c’est quand même le présent du futur. Il faut qu’il y ait des gens intéressés par la transformation de l’opéra parce que ce sont eux qui seront sur la scène plus tard. Notre responsabilité est grande.»

Deux groupes de chanteurs de l’Atelier d’opéra de l’Université se relaieront les 26, 27, 28 février et 1er mars à 19 h 30. L’Orchestre de l’Université de Montréal sera dirigé par Jean-François Rivest. La direction musicale a été confiée à Robin Wheeler, la scénographie et les costumes à Gabriel Tsampalieros. Les éclairages seront signés Caroline Giroux.

Dominique Olivier
Collaboration spéciale


 

 

 

 



 
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