Édition du 29 avril 2003
 
  Jeunes au volant: les récidivistes deux fois plus dangereux
Selon Urs Maag, les résultats obtenus aux examens de conduite permettent de prévoir quel conducteur sera «à risque».

En octobre dernier, des mesures en vue de diminuer les accidents avec blessés sur les routes du Québec sont entrées en vigueur. Les récidivistes du volant et les jeunes conducteurs sont particulièrement visés par les nouvelles dispositions du Code de la sécurité routière. Pour Urs Maag, du Centre de recherche sur les transports de l'Université de Montréal, ces dispositions se justifient par l'analyse des données de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), ce qu'il fait depuis plusieurs années dans les travaux qu'il mène au Laboratoire sur la sécurité des transports.

«Nous savons depuis longtemps que les nouveaux conducteurs sont plus souvent impliqués dans des accidents avec dommages corporels que la population en général, explique-t-il. Mais l'une de nos études a montré que, parmi ce sous-groupe, les conducteurs dont le permis a été suspendu pour trois mois ou plus sont impliqués dans deux fois plus d'accidents de ce type que les autres titulaires de permis de conduire.»

C'est à la suite de l'analyse des dossiers, sur une période de trois ans, de 3550 hommes et 1295 femmes de 16 à 25 ans que M. Maag est parvenu à ces conclusions. Selon le professeur du Département de mathématiques et de statistique, il faut distinguer les suspensions de permis de moins de trois mois, car elles regroupent le plus souvent des mauvais payeurs de contraventions ou des personnes qui ont négligé de renouveler leur permis de conduire.

Il a aussi analysé les résultats aux examens de conduite et constaté qu'on peut prévoir dès ce moment quel conducteur sera «à risque». «Les nouveaux conducteurs qui ont besoin de plus d'un essai pour réussir les trois parties de l'examen sur les connaissances théoriques risquent plus d'être impliqués dans un accident que ceux qui réussissent au premier essai», explique-t-il.

Actuellement, selon les données de la SAAQ, le nombre de conducteurs qui écopent d'une suspension de permis pour 3, 6 ou 12 mois est d'environ 4500 par année. La surreprésentation des jeunes conducteurs de 16 à 24 ans dans les accidents de la route est un phénomène social reconnu partout sur la planète, et le Québec n'y échappe pas. Ainsi, même si les jeunes conducteurs québécois comptent pour seulement 11 % des titulaires de permis de conduire et que leur kilométrage annuel moyen est inférieur à celui des autres groupes de conducteurs, ils représentent 23 % des conducteurs impliqués dans des accidents avec dommages corporels.

M. Maag ne s'oppose pas au resserrement de la réglementation, au contraire. «Il n'y a pas si longtemps, une personne dont on suspendait le permis pouvait prendre son auto dans le stationnement du palais de justice pour rentrer chez elle. On ne voit plus ce genre de situation aujourd'hui, car le véhicule est saisi sur-le-champ.»

Actuellement, M. Maag travaille à d'autres projets au Laboratoire sur la sécurité des transports avec la collaboration de la Dre Claire Laberge-Nadeau (directrice). Georges Dionne, professeur à HEC Montréal, et les professionnels Denise Desjardins et Stéphane Messier ont aussi participé à la recherche sur les nouveaux conducteurs.

Mathieu-Robert Sauvé



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications et du recrutement