Édition du 26 mai 2003 / volume 37, numéro 23
 
  Cancer du pancréas: fumeurs et diabétiques sont plus à risque
La consommation de fruits et de légumes abaisse le taux de risque.

Le cancer du pancréas est la cinquième cause de décès par cancer en Occident. Avec le vieillissement de la population, l’incidence de cette maladie augmente de deux pour cent chaque année.

Comme ce cancer est difficile à diagnostiquer – de 80 à 90 % des cas sont détectés à un stade trop avancé pour être traités –, l’épidémiologiste Parviz Ghadirian, professeur au Département de nutrition de la Faculté de médecine et directeur de l’Unité de recherche en épidémiologie du CHUM, a passé en revue pas moins de 90 études scientifiques menées sur le cancer du pancréas afin de découvrir quels en sont les principaux facteurs de risque.

De façon générale, ce cancer est plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, chez les Noirs que chez les Blancs, chez les célibataires que chez les personnes mariées et chez les citadins que chez les ruraux.

Diabète et alimentation
Les diabétiques sont plus à risque que le reste de la population. Cette corrélation a d’ailleurs été mise au jour par le professeur Ghadirian lui-même dans une étude effectuée en 1992 auprès des francophones de Montréal. L’incidence du diabète est apparue trois fois plus fréquente chez les patients atteints de cancer du pancréas que dans un groupe témoin. Cinquante pour cent des cancéreux de cette étude souffraient de diabète au moins 10 ans avant qu’on diagnostique le cancer. Selon le chercheur, ceci indique que le diabète peut, à long terme, jouer un rôle dans l’apparition du cancer du pancréas, le diabète étant une manifestation d’un mauvais fonctionnement de cette glande.

Plusieurs facteurs environnementaux, notamment l’alimentation, sont également corrélés avec l’apparition de ce cancer. Le lien a notamment été établi avec la consommation de gras saturés, de viande, d’œufs, de produits laitiers et de fritures. Inversement, la consommation de légumes, de fruits et de fibres est associée, dans plusieurs études, à une diminution des risques de développer un cancer du pancréas.

Parmi ces études, une autre a été réalisée à Montréal par le Dr Ghadirian et son équipe en 1995. Elle a montré que ceux qui mangent de façon régulière des crudités, des produits sans agents de conservation, des fruits et des légumes ainsi que des aliments cuits sous pression ou au micro-ondes courent jusqu’à 75 % moins de risques de souffrir de ce cancer que les gens qui ne consomment jamais de tels aliments.

La même étude a montré, pour la première fois, que les buveurs d’alcool et de café présentent un taux de cancer du pancréas légèrement inférieur par rapport à ceux qui n’en boivent jamais, sans que les chercheurs aient pu expliquer pourquoi.

Par ailleurs, les gros fumeurs (un paquet et plus par jour) présentent de quatre à cinq fois plus de risques de développer ce cancer que les non-fumeurs. Il faut attendre 15 ans après l’abandon de cette habitude pour que le taux de risque redevienne, chez ces fumeurs, comparable à celui des non-fumeurs.

Comme dans la plupart des cancers, des facteurs génétiques sont également en cause dans celui du pancréas. Dans près de 8 % des cas, les patients ont d’autres membres de leur famille qui sont atteints du même cancer, contre 0,6 % des cas dans un groupe témoin.

Cette revue de la littérature dirigée par le professeur Ghadirian a été publiée dans le numéro d’avril du magazine Cancer Detection and Prevention.


Daniel Baril


 
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