Édition du 9 juin 2003 / volume 37, numéro 24
 
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Un robot chirurgical révolutionnaire - Pas d’urgence à aller à l’urgence - Trop compliquée, l’endoscopie? Avalez une caméra!

Un robot chirurgical révolutionnaire
L’Hôpital du Sacré-Cœur procède à deux innovations majeures en chirurgie.

À gauche, un chirurgien installé aux commandes de la console du robot Da Vinci se prépare à manipuler à distance les instruments que l’infirmier installe aux extrémités des bras du robot. L’écran donne une image en trois dimensions et qui peut être grossie par 10 fois.

L’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, affilié à l’Université de Montréal, est devenu le premier établissement hospitalier canadien à être doté d’un robot Da Vinci, considéré comme l’instrument à la fine pointe de la technologie chirurgicale.

Ce robot s’inscrit dans la lignée des appareils de laparoscopie, mais il est beaucoup plus performant que ses prédécesseurs. «Cet appareil représente l’avenir de la chirurgie», a déclaré le Dr Ronald Denis, professeur au Département de chirurgie de l’UdeM et chef du service de chirurgie de l’Hôpital du Sacré-Cœur, au cours d’une rencontre avec la presse le 24 avril.

L’appareil est muni de deux bras et d’une caméra manipulés à distance par le chirurgien, qui surveille et observe le déroulement de l’opération sur un écran à trois dimensions. Les têtes flexibles des bras, auxquelles divers instruments chirurgicaux peuvent être fixés, permettent tous les mouvements des doigts et des poignets mais avec une précision beaucoup plus fine que celle du chirurgien. On évite, par exemple, les risques de tremblements, alors que la caméra grossissante (jusqu’à 10 fois) permet des interventions sur des parties du corps jusque-là très difficiles, sinon impossibles à observer ou à atteindre.

Contrairement aux appareils de laparoscopie, qui obligent le chirurgien à regarder dans un autre axe que celui où il effectue son travail, le robot Da Vinci permet au chirurgien de voir son travail exactement comme s’il était au-dessus du patient. L’ergonomie du poste évite la fatigue entraînée par les longues interventions.

Diminuer la convalescence

L’utilisation du robot Da Vinci ne nécessite en outre que des incisions minimes de quelques centimètres là où de larges ouvertures étaient pratiquées — comme dans le cas des pontages —, ce qui permet de réduire la douleur, les pertes de sang, les cicatrices et le temps de convalescence.

«La durée de l’hospitalisation étant moins longue, on pourra ainsi diminuer le temps d’attente pour une opération et désengorger les urgences», espère le Dr Denis.

Les bras chirurgicaux peuvent même être manœuvrés par une console située dans un autre hôpital, ce qui ouvre la porte à des interventions à distance. Des chirurgiens postés à New York sont ainsi parvenus à opérer la vésicule biliaire d’un patient traité à Strasbourg!

L’achat du robot, d’une valeur de plus de quatre millions de dollars, a été entièrement financé par la Fondation de l’Hôpital du Sacré-Cœur. Ce coût inclut le matériel nécessaire pour effectuer 500 opérations. «Comme il s’agit d’une technologie de haute précision, les pièces doivent être remplacées périodiquement, explique le Dr Denis. Certaines sont programmées pour se bloquer automatiquement après 10 interventions.»

Le robot peut être employé en chirurgie générale, mais on réservera son usage aux cas de chirurgie avancée comme en chirurgie cardiaque et thoracique, en urologie et en gynécologie.

Nouvelle prothèse en angioplastie

L’Hôpital du Sacré-Cœur est également devenu l’un des premiers établissements du Canada à utiliser un stent médicamenté pour prévenir le reblocage des artères coronaires (resténose) à la suite d’une angioplastie.

Un stent est une petite prothèse en treillis métallique servant à maintenir une artère ouverte. Différent du tuteur traditionnel, le stent produit par la compagnie Cypher libère un médicament, le sirolimus, qui réduit les risques de resténose en diminuant la formation de tissus cicatriciels à l’intérieur du tuteur.

Des essais cliniques menés auprès de 100 patients à très haut risque de resténose dans huit hôpitaux canadiens ont démontré que le tuteur médicamenté réduit le taux de risque à environ 2 %, comparativement à 41 % pour les tuteurs traditionnels.

Daniel Baril

Pas d’urgence à aller à l’urgence
En pédiatrie, trois cas sur quatre ne sont pas urgents.

De plus en plus d’enfants se présentent avec leurs parents dans les urgences de nos hôpitaux depuis trois ans. L’an dernier, par exemple, il y a eu en moyenne 178 consultations par jour à l’hôpital Sainte-Justine. Selon le médecin en chef de la salle d’urgence, la Dre Sylvie Bergeron, trois cas sur quatre sont considérés comme «non urgents».

Mais qui consulter et où aller quand bébé fait de la fièvre depuis 48 heures et qu’au bout du fil l’infirmière d’Info-santé conseille fortement de «le faire voir par un médecin»? À la clinique sans rendez-vous ou à l’urgence? «Il faut éduquer la population à aller au bon endroit, affirme Mme Bergeron. La majorité des parents estiment que la condition médicale de leur enfant est de nature sérieuse même si elle n’est pas “prioritaire” selon le protocole de triage en vigueur dans les milieux médicaux.»

Mme Bergeron et quatre autres chercheurs du Groupe de recherche interdisciplinaire en santé de l’Université de Montréal présenteront les résultats de leurs travaux en juin, à Calgary, à l’occasion du colloque annuel de la Société canadienne de pédiatrie. L’équipe a voulu mieux comprendre les raisons qui incitent les parents à consulter les médecins de première ligne de l’hôpital Sainte-Justine. Les perceptions des pères et des mères quant à la sévérité des maux de leur progéniture ont aussi été étudiées dans cette recherche clinique, qui s’est déroulée le jour, en soirée et la nuit durant trois semaines consécutives au mois de mars.

Apaiser les craintes des parents

Les chercheurs ont mené l’enquête auprès de 135 répondants, dont trois mères sur quatre. Les enfants étaient âgés en moyenne de cinq ans et le nombre de visites à l’urgence avait varié de quatre à six au cours des six derniers mois. Les résultats révèlent que plus de 70 % des répondants consultent soit un pédiatre, soit un médecin de famille, mais 16 % d’entre eux ont de la difficulté à obtenir rapidement un rendez-vous. Ils se rendent donc une fois sur deux à l’hôpital Sainte-Justine ou, dans une proportion plus faible (29 %), dans un CLSC.

«La durée du temps d’attente et l’emplacement du centre hospitalier ne semblent pas influer sur leur décision. Cependant, le fait que leur petit soit vu par un pédiatre, perçu comme “le spécialiste des maladies infantiles”, représente un facteur important à leurs yeux. Plus de 60 % des parents affirment qu’ils iraient dans un autre hôpital ou dans un CLSC si leur enfant pouvait être traité par un tel spécialiste», rapporte Mme Bergeron.

Les parents fréquentent l’urgence de l’hôpital Sainte-Justine pour différentes autres raisons: 41 % des répondants reconnaissent que les cliniques d’urgence de pédiatrie sont spécialisées dans les soins pour les enfants; 11 % soulignent les bons services reçus par le passé et 6 % apprécient la proximité du lieu. Avant de se rendre à l’hôpital, environ 80 % des parents avaient jugé que leur enfant avait besoin de soins de première ligne et près de 50 % avaient peur de voir son état de santé s’aggraver. La consultation d’un médecin a eu pour effet d’atténuer leur stress. L’enfant était malade depuis moins de 24 heures dans 40 % des cas, alors que les autres présentaient des symptômes depuis cinq jours et plus.

Selon la Dre Sylvie Bergeron, il est impératif de «développer une confiance parentale à l’égard des médecins de famille, qui sont davantage en mesure d’offrir un suivi et des conseils à propos des cas fréquents de pédiatrie». L’attente à l’urgence imposée aux parents, où qu’ils aillent, démontre qu’on «n’a pas les ressources pour traiter tous azimuts».

Dominique Nancy


Trop compliquée, l’endoscopie? Avalez une caméra!
L’endoscopie par capsule est sécuritaire et efficace en pédiatrie.

Selon les résultats d’une étude menée par des chercheurs de l’hôpital Sainte-Justine de Montréal, l’endoscopie par capsule est un outil de diagnostic sécuritaire et efficace pour les patients pédiatriques âgés de 10 à 18 ans qui sont atteints de pathologies entériques mineures floues impossibles à diagnostiquer par d’autres méthodes d’imagerie traditionnelles.

L’appareil, une caméra miniature contenue dans un comprimé que le patient doit avaler, est capable de prendre des photos d’une précision remarquable de l’intestin grêle, dans lequel il navigue. La caméra M2A peut prendre jusqu’à 50 000 clichés du système digestif durant son voyage «fantastique» de sept heures. «L’ingestion de la capsule permet d’éviter la douloureuse expérience de l’endoscopie, qui consiste à insérer un câble en fibre optique dans les cavités profondes du corps. Pour le patient, cela signifie aucune radiation, pas d’anesthésie ni même d’hospitalisation», explique le directeur du service de gastroentérologie, le Dr Ernest Seidman.

La Dre Ana Maria de Guilhon Sant’Anna, fellow clinique en gastroentérologie pédiatrique, et le Dr Ernest Seidman, directeur du service de gastroentérologie de l’hôpital Sainte-Justine.

En 2001, la Food and Drug Administration avait donné son approbation à l’utilisation de la capsule sur des adultes. Mais il s’agit du premier essai clinique de la capsule M2A en pédiatrie. «L’organisme a demandé à notre équipe d’explorer la technologie sur des enfants et des adolescents de manière à déterminer l’âge à partir duquel on peut y recourir», souligne le Dr Seidman. Sous sa supervision, une recherche a été réalisée auprès de 30 jeunes présumés atteints d’un trouble entérique mineur, y compris la maladie de Crohn occulte, la polypose intestinale et le saignement gastro-intestinal flou. L’étude a permis de comparer les résultats de la procédure basée sur vidéocapsule avec ceux obtenus au moyen de l’imagerie traditionnelle pour ces trois pathologies. L’endoscopie par capsule a été bien tolérée par tous les patients. Aucun effet indésirable n’a été signalé.

Rappelons que les affections de l’intestin sont particulièrement difficiles à reconnaître, et la maladie est souvent très avancée au moment où les spécialistes posent un diagnostic. Les ulcérations qui causent la maladie de Crohn, très courante chez l’enfant, sont notamment visibles sur les images transmises par la caméra. Les hémorragies intestinales, les polypes et certaines tumeurs sont aussi plus faciles à apercevoir.



 
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