Édition du 25 août 2003 / volume 38, numéro 1
 
  Des commotions qui ont la vie dure
Les commotions cérébrales peuvent laisser des séquelles pendant deux ans.

 L’étudiante Aline Turcotte se prête au test des potentiels évoqués, réalisé auprès des victimes de commotion cérébrale.

Chaque année, on dénombre plus de 300 000 commotions cérébrales chez les athlètes américains. Selon Martin Thériault, étudiant au doctorat au Département de psychologie, ce chiffre serait même sous-évalué puisque les commotions légères ne sont pas toujours diagnostiquées.

Même si les spécialistes de la question ne s’entendent pas sur une définition unique de ce qu’est une commotion cérébrale, il y a consensus sur le fait qu’une première commotion rend la victime plus vulnérable à d’autres traumatismes semblables et que les principaux symptômes — maux de tête, troubles de la concentration, fatigue, trous de mémoire, irritabilité — peuvent persister pendant quelques mois.

Martin Thériault a pour sa part montré que des séquelles peuvent encore être observées jusqu’à deux ans après l’accident. À l’aide de la méthode des potentiels évoqués (mesurés par électroencéphalogramme), il a noté l’amplitude d’une des composantes de la mémoire de travail et de l’attention, soit l’onde P3, chez 17 joueurs commotionnés de l’équipe de football le Rouge et Or de l’Université Laval.

«Des travaux avaient déjà montré que l’onde P3 était de plus faible amplitude chez les victimes de commotion, explique-t-il. Nous voulions savoir jusqu’à quel moment après l’accident ce phénomène était observable afin de déterminer les effets à court et à long terme des commotions cérébrales.»

Si le chercheur a choisi les footballeurs de Laval, c’est pour une question d’accessibilité aux données, son père y travaillant déjà à titre de docteur en médecine sportive. Le groupe a été divisé en deux, soit ceux ayant subi leur commotion moins de deux ans avant l’expérience et ceux l’ayant subie plus de deux ans auparavant. Aucune des victimes ne présentait de symptômes post-commotionnels directement observables ou mesurables par les tests neuropsychologiques. «Les joueurs ne rapportaient aucun problème, pas plus qu’ils ne se plaignaient de troubles particuliers», précise Martin Thériault.

On pouvait donc croire que tout était rentré dans l’ordre. Mais ce n’était pas le cas puisque la diminution de l’amplitude de l’onde P3 a été observée jusqu’à deux ans après le traumatisme.

«Le déficit cognitif peut par conséquent persister pendant près de deux ans chez les personnes ayant subi une commotion, en dépit de l’absence de symptômes subjectifs», conclut le chercheur.

Ce déficit n’est toutefois pas suffisamment grave pour empêcher les personnes concernées de fonctionner normalement et de vaquer à leurs occupations habituelles.

Pour mieux cerner l’effet de la commotion sur l’amplitude de l’onde P3, l’étudiant comparera les électroencéphalogrammes enregistrés avant et après une commotion chez des athlètes susceptibles de subir un tel accident. Ces travaux se font sous la direction de la professeure Maryse Lassonde.

Daniel Baril



 
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