Édition du 25 août 2003 / volume 38, numéro 1
 
  Riopelle, Lemieux, Pellan, Borduas, Leduc au Centre d’exposition
L’exposition L’art de collectionner retrace l’histoire des collections universitaires et celle des principaux mécènes de l’UdeM.

Elle ne manipule les œuvres qu’avec des gants blancs. Et pour cause. Les pièces sélectionnées pour l’exposition L’art de collectionner: 125 ans de mécénat à l’Université de Montréal que montre Andrée Lemieux à Forum ont une valeur inestimable. Mais la directrice du Centre d’exposition préfère taire la valeur marchande des œuvres d’art, artéfacts, spécimens entomologiques et autres trésors liés à l’histoire de l’Université pour ne pas attirer l’attention des cambrioleurs.

La directrice du Centre d’exposition, Andrée Lemieux, est également responsable de la Collection d’œuvres d’art, d’où est tiré Femme au peignoir rose, du peintre Alfred Pellan. Ce don provient de Louise Lalonde Lamarre, décédée récemment.

«Il suffit de savoir qu’un tableau de Jean-Paul Riopelle, issu de la série des Mosaïques, vaut à lui seul plus de 500 000 $ sur le marché de l’art», a déclaré la muséologue quelques jours avant le vernissage qui donnera le coup d’envoi aux festivités entourant le 125e anniversaire de l’Université.

Pour la première fois, les pièces maîtresses des collections artistiques, ethnologiques et historiques de l’UdeM seront réunies au Centre et présentées publiquement du 28 août au 16 octobre. À découvrir notamment une quarantaine de peintures et de dessins d’artistes québécois tels que Marc-Aurèle Fortin, Alfred Pellan, Jean-Paul Lemieux, Alfred Laliberté, Ozias Leduc, Paul-Émile Borduas et Marcelle Ferron; des esquisses de costumes du Festival de théâtre de Stratford; des instruments de musique inusités; de magnifiques sculptures funéraires en bois d’Éthiopie; ainsi qu’une copie rare du livre de gravures de Piranèse, Magnificenze di Roma, âgé de 250 ans.

Ces œuvres issues des différentes collections constituées au fil des ans par des dons faits à l’Université sont rarement montrées au grand public. Mais les étudiants et les chercheurs de l’UdeM et d’ailleurs y ont accès et peuvent s’en servir comme objets d’enseignement, de recherche et de référence, souligne Andrée Lemieux. Une petite partie des œuvres est ainsi exposée dans les bureaux et locaux du campus.

«C’est grâce à la générosité de collectionneurs, donateurs et gestionnaires de collections que l’Université a obtenu ces œuvres d’art majeures, dit-elle. Le Centre a proposé de leur rendre hommage avec une exposition qui retrace l’histoire des collections universitaires.»

L’histoire fascinante des collections universitaires

L’Université de Montréal est dépositaire de plusieurs collections, dont l’herbier Marie-Victorin, du Département de sciences biologiques, qui contient plus de 800 000 spécimens de plantes indigènes et exotiques, et la Collection d’œuvres d’art, composée principalement de peintures, de sculptures, de gravures et d’installations d’artistes québécois. L’ensemble de ces pièces a une valeur de plus de trois millions de dollars.

Mais certains départements possèdent des collections dont la valeur historique, scientifique ou patrimoniale est tout aussi importante. La Collection entomologique Ouellet-Robert, du Département de sciences biologiques, compte par exemple un million de spécimens appartenant à 20 000 espèces. Le musée Eudore-Dubeau possède, quant à lui, un millier d’artéfacts qui témoignent de l’évolution de la médecine dentaire. C’est la plus grande collection de ce type au pays. L’École d’optométrie, le Laboratoire de recherche sur les musiques du monde, l’École de design industriel, le Service des livres rares et des collections spéciales et la Division des archives possèdent également de riches collections.

Celles-ci forment le patrimoine artistique et scientifique de l’UdeM, que la directrice du Centre d’exposition a pour mandat de mettre en valeur. Le site du Centre (http://www.expo.umontreal.ca) donne accès à des données sur la valeur de ces objets et sur l’origine de leur acquisition.

«Pour vivre l’art doit être vu!»

Le travail minutieux de Mme Lemieux, mené au cours des derniers mois en collaboration avec une étudiante à la maîtrise en muséologie, Irène Cloutier, a permis de créer une synergie entre les arts et les sciences, trop souvent mis en opposition.

L’historienne de l’art et muséologue, qui a travaillé à la Galerie du Service des activités culturelles pendant 20 ans avant de prendre, en 1997, la direction du Centre d’exposition, déposera sous peu à l’Assemblée universitaire une nouvelle politique de prêt des œuvres pour sensibiliser les gens à la nécessité de préserver ce patrimoine. «On va tenter de privilégier leur rotation en divers lieux, car l’exposition permanente à certains endroits est néfaste. La lumière du jour peut, par exemple, changer les couleurs d’une toile en l’espace d’un mois seulement.»

Mme Lemieux reste convaincue que les œuvres doivent continuer d’être exposées sur le campus, dans les bureaux et les lieux publics. «On pourrait mettre toutes les œuvres à la réserve, où les conditions de conservation répondent aux normes muséologiques les plus récentes, dit-elle. Mais l’art doit être vu!» Des vérifications sont toutefois désormais faites, notamment pour ce qui est de l’aération, du contrôle de la température et de l’humidité, de la sécurité et de l’éclairage afin d’éviter les altérations. C’est ainsi que, l’année dernière, Mme Lemieux a exigé le retrait du bureau du recteur d’un dessin de Suzor-Côté qui avait été endommagé par la lumière des néons.

Et pour cela, elle n’a pas pris de gants blancs…

Dominique Nancy

L’art de collectionner: 125 ans de mécénat à l’Université de Montréal, Centre d’exposition de l’UdeM, 2940, chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Entrée libre. Jusqu’au 16 octobre, du mardi au jeudi et le dimanche, de 12 h à 18 h.



 
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