Édition du 8 septembre 2003 / volume 38, numéro 3
 
  Une enseignante s’attaque à la pollution par le bruit
Magda Farès déposera un mémoire sur ses expériences.

Les enfants apprennent beaucoup mieux dans des classes relativement calmes.

Pour contrer le problème du bruit dans les écoles, Magda Farès a pris les grands moyens: ajout de pièces de feutre sous les pattes des chaises, insonorisation du mobilier et installation, bien en évidence, d’un sonomètre, un appareil capable d’enregistrer l’intensité du bruit.

Lorsque l’aiguille de « Monsieur Sonomètre » dépasse 80 décibels, elle impose le silence. « Le bruit nous agresse et nous ne nous en rendons plus compte. Pourtant vient un moment où tout le monde hurle pour se faire comprendre et c’est très néfaste pour la pédagogie », déplore-t-elle.

L’approche de Mme Farès a inspiré d’autres enseignants puisque, conformément à une politique de réduction du bruit, La petite gare, une école de La Prairie, a muni ses locaux et corridors de sonomètres. Chaque trimestre, des prix sont décernés aux groupes les moins bruyants. L’expérience révèle que ce sont les plus jeunes élèves (maternelle et primaire) qui démontrent le plus de motivation et de persévérance.

Mme Farès ne compte pas s’arrêter là. Dans son local de l’école Les cheminots, à Delson, sur la rive sud de Montréal, elle a suivi l’évolution de ses élèves de maternelle dans une recherche de maîtrise en sciences de l’éducation. Sous la direction de Nathalie Trépanier, professeure à l’Université de Montréal, son travail consiste en une analyse et une synthèse des écrits ayant pour thème l’impact du bruit sur l’apprentissage des enfants de cinq et six ans. Son approche, basée sur les outils et les activités qu’elle a conçus pour sensibiliser les enfants à la pollution par le bruit, sera également prise en compte.

En 2001, Mme Farès a lancé le projet Nos oreilles, quelle merveille ! comprenant une série d’outils d’intervention pour contrer le problème du bruit dans les écoles. Parmi ces outils figure un conte intitulé Belle et Décibel. Une sirène à la voix magnifique qui habite dans le calme de l’océan (Belle) tombe amoureuse d’un garçon charmant mais qui vit dans un vacarme fou (Décibel). Monsieur Sonomètre leur fait découvrir un moyen scientifique de mesurer les sons afin de trouver un terrain d’entente. « Cette histoire est une caricature de notre société bruyante. Elle amène les enfants à réaliser les vertus du silence », signale l’enseignante. Ils sont invités à découvrir des indices de l’intrigue tout en illustrant diverses situations.

Au cours des années, le conte Belle et Décibel est devenu un objet pédagogique, car il fait appel à la créativité des enfants et les incite à réfléchir. Mme Farès a aussi créé un jeu de société sur les mystères de l’ouïe qui passionne ses élèves. À l’aide d’un dé, les joueurs cheminent dans les diverses parties de l’oreille, du pavillon au cerveau, tout en répondant à des questions.

Depuis 1996, plusieurs générations de belles dames (Vanessa Cardui) évoluent dans sa classe et offrent le spectacle de la métamorphose des papillons. Animal silencieux par excellence, le papillon permet à l’enseignante d’aborder plusieurs questions existentielles avec ses élèves : la naissance, la mort, l’épanouissement… le tout dans le calme.

Égyptienne d’origine, Mme Farès a toujours été sensible aux vibrations sonores. D’abord diplômée en musique, elle a entamé une carrière d’enseignante à la fin des années 70. Parmi les prix venus souligner son approche pédagogique originale mariant les arts et l’enseignement, mentionnons en 2001 le Prix d’excellence Pétromont en pédagogie environnementale pour son projet Nos oreilles, quelle merveille !

Mathieu-Robert Sauvé



 
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