Édition du 22 septembre 2003 / volume 38, numéro 5
 
  Bill Graham rencontre les étudiants en sciences politiques
Le ministre s’explique sur les affaires Sampson et Khazemi.

Autrefois chargé de cours à la Faculté de droit, Bill Graham est revenu à l’Université de Montréal à titre de ministre des Affaires étrangères.

Au terme de deux semaines chargées, le ministre canadien des Affaires étrangères, Bill Graham, avait rendez-vous avec les étudiants du Département de science politique le 12 septembre.

Après avoir visité les troupes canadiennes en Afghanistan, dîné avec le ministre français Dominique de Villepin et discuté en tête-à-tête avec le secrétaire d’État à la Défense américain, Colin Powell, le ministre s’est retrouvé dans un amphithéâtre qu’il connaissait bien. «Il y a plus de monde ici aujourd’hui que lorsque j’enseignais», a dit en souriant l’ancien chargé de cours de la Faculté de droit.

Le ministre a dû s’expliquer sur les affaires Zhara Khazemi et William Sampson, du nom de deux ressortissants canadiens injustement traités en Iran et en Arabie Saoudite.

L’assassinat de Mme Khazemi par la police locale de Téhéran pendant un interrogatoire, l’été dernier, a provoqué un incident diplomatique majeur qui s’est soldé par le retrait de l’ambassadeur du Canada de la capitale iranienne. Quant au second, il a passé plusieurs années au bagne et subi diverses tortures jusqu’à ce qu’il soit soudainement libéré il y a quelques semaines. «Pourquoi avoir agi différemment dans les deux cas? Aurait-il fallu la mort de M. Sampson pour que le Canada intervienne?» a demandé un étudiant. Le ministre a expliqué que les deux cas étaient fort différents. «Nous comptons 8000 Canadiens en Arabie Saoudite actuellement. Retirer notre ambassadeur, cela aurait signifié couper subitement un lien important avec leur pays.»

Le droit mène à tout…

Membre influent du cabinet Chrétien, M. Graham est né à Montréal et a grandi à Vancouver. Il a fait ses études à l’Université de Toronto et à l’Université de Paris, où il a obtenu un doctorat en droit. Avant sa carrière politique, il a exercé en pratique privée, où il s’est spécialisé en contentieux des affaires civiles et en transactions commerciales internationales. Il a ensuite enseigné le droit commercial international, le droit international public et le droit de l’Union européenne à la Faculté de droit de l’Université de Toronto. Il a également occupé les fonctions de directeur du Centre d’études internationales de l’Université de Toronto.

Le Canada, a expliqué le ministre dans un excellent français, joue un rôle important dans le monde actuellement, même si sa contribution la plus remarquable ne se situe pas sur le plan des forces armées. «Le Canada est engagé dans la reconstruction de pays comme l’Afghanistan et la Bosnie. Il envoie à l’occasion des troupes, mais il participe aussi économiquement à cette reconstruction. Ce sont plus de 500 M$ que nous avons engagés en 10 ans dans ces projets d’aide internationale. C’est énorme pour un pays de notre taille.»

La position du Canada par rapport aux États-Unis dans la guerre en Irak a créé des remous diplomatiques, mais les relations entre les deux pays sont excellentes, de l’avis du député libéral de Toronto-Centre–Rosedale devenu ministre en 2002. «Nous sommes voisins; nous avons donc des relations de voisins. Certains désaccords sont inévitables, au chapitre du bois d’œuvre ou de la vente de blé par exemple. Mais 98 % de nos rapports se passent très bien.»

Le Canada dans le monde

Le ministre souhaite établir dans l’avenir des liens plus étroits avec l’Amérique latine et il estime que le Québec est très bien placé pour contribuer à ce rapprochement. De plus, il a noté que c’est au Québec que sont le plus âprement discutées les questions liées à la mondialisation.

Au chapitre des droits de la personne, le Canada compte demeurer vigilant et c’est pourquoi il soutient notamment le Tribunal pénal international de La Haye.

Au cours d’un échange avec les étudiants qui a suivi son allocution, des questions fort pertinentes ont été posées par l’assistance. Malheureusement, le temps a manqué, car une demi-douzaine d’étudiants étaient encore en ligne derrière les micros lorsque l’animateur de la rencontre a annoncé la fin de l’échange.

Jean-Philippe Therrien, professeur au Département de science politique, a souligné que c’était vraisemblablement la première fois que l’Université de Montréal recevait un ministre des Affaires étrangères en fonction. «En tout cas, à notre connaissance, cela ne s’est pas produit depuis 10 ans.»

Mathieu-Robert Sauvé



 
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