Édition du 22 septembre 2003 / volume 38, numéro 5
 
  Percée en chimie des polymères
Suzanne Giasson publie un article dans Nature.

On sait depuis toujours que la friction entre deux solides a pour effet de détériorer le matériau au point de contact. Les prothèses de la hanche, par exemple, doivent être régulièrement remplacées, car l’usure en altère les surfaces. Leur durée de vie ne dépasse pas 15 ans. Peut-on penser qu’un jour des matériaux se toucheront sans provoquer la moindre friction?

C’est ce que permet d’envisager un article de la revue Nature cosigné par Suzanne Giasson, professeure agrégée au Département de chimie (FAS) et à la Faculté de pharmacie. «Nous avons travaillé sur un polymère chargé en forme de brosse qui s’est avéré un excellent lubrifiant en milieu aqueux, explique l’ingénieure chimiste. C’est difficile à croire, mais nous avons obtenu des résultats où le frottement était réduit presque à zéro: à moins de 10-9 newton pour être précis (pression de 10 atmosphères). Même un objet qui se déplace dans l’air peut subir davantage de friction.»

Avec des collègues du Weinzmann Institute of Science, en Israël, où elle s’est rendue trois fois au cours des dernières années, la professeure Giasson a mené des expériences sur des couches de polymères de quelques dizaines de nanomètres. Ces expériences ont permis aux chercheurs d’effectuer une percée dans le secteur du recouvrement de surfaces et dans celui que les experts appellent «tribologie», c’est-à-dire la science des surfaces en mouvement.

Comme il s’agit de recherche fondamentale, un grand chemin reste à parcourir avant que les fabricants recouvrent leurs prothèses de ce produit miracle de la nanotechnologie. Mais la publication des résultats de cette recherche dans une des deux plus prestigieuses revues scientifiques du monde permet de croire que ce sera possible un jour.

Pour Mme Giasson, qui a été engagée par l’Université de Montréal en septembre 2002, la diffusion des résultats obtenus marque une étape importante. Mais elle est impatiente d’ouvrir son propre laboratoire dans la Technopole, actuellement en construction entre l’École Polytechnique et le Pavillon principal.

Ses travaux en chimie portent principalement sur les phénomènes de surface des nouveaux matériaux et biomatériaux. En pharmacie, elle s’intéresse notamment aux véhicules servant à cibler des médicaments.

Le signataire principal de l’article est Uri Raviv, étudiant diplômé du Weinzmann Institute. L’article est paru dans l’édition du 11 septembre de la revue Nature et s’intitule «Lubrification by charged polymers».

Mathieu-Robert Sauvé



 
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