Édition du 3 novembre 2003 / volume 38, numéro 10
 
  La Faculté des sciences infirmières s’étend jusqu’au Maroc
Une première pour l’UdeM: un programme complet de 2e cycle est offert à l’étranger.

Bilkis Vissandjee, responsable du programme de coopération de la FSI avec le Maroc.

Grâce à un projet de partenariat entre la Faculté des sciences infirmières (FSI) et le ministère de la Santé du Maroc, le programme de 2e cycle de l’UdeM en sciences infirmières pourra être intégralement suivi par une quinzaine d’étudiants marocains de l’Institut de formation aux carrières de santé de Rabat.

Ceci constitue un précédent pour l’Université de Montréal puisqu’il s’agit du premier programme à être proposé en entier à l’étranger.

Le projet durera jusqu’en mars 2009 et les premiers diplômés sont attendus en 2006. L’Agence canadienne de développement international (ACDI) y contribue pour 750 000 $ et l’Organisation mondiale de la santé y investit 100 000 $US. Considérant la contribution du gouvernement marocain de près de un million de dollars et celle indirecte de l’Université, la valeur totale du projet s’élève à 2,5 M$.

Ce projet de coopération s’inscrit dans le contexte de la réforme des soins de santé actuellement en cours au Maroc et qui nécessite le renforcement des compétences du personnel infirmier et des techniciens sanitaires afin de rehausser la qualité des soins.

L’objectif est de former des professeurs qui pourront enseigner de façon autonome la matière du nouveau programme marocain de 2e cycle (correspondant à notre 1er cycle). «Il s’adresse à des cadres qui ont une formation et une fonction d’infirmier, explique Bilkis Vissandjee, professeure à la FSI et responsable du projet. Ces personnes sont déjà en poste dans le réseau de la santé et seront prêtes à intervenir sur place. C’est pourquoi la formation se donne au Maroc.»

Six professeurs de la FSI vont donner les cours de propédeutique qu’exige la Faculté des études supérieures et au moins huit devraient participer à l’une ou l’autre des étapes du projet.

Un premier cours de propédeutique relatif à la méthodologie de recherche en sciences infirmières a été donné cet automne par Marie Hatem, professeure à la FSI. Récemment rentrée du Maroc, la professeure ne cache pas qu’il y a beaucoup de travail à faire pour que les infirmiers et infirmières soient perçus comme de véritables professionnels.

«Actuellement, la discipline est considérée comme un métier technique, souligne-t-elle. Les infirmières et les infirmiers sont conscients du chemin à parcourir, mais ils sont confiants que le développement des connaissances va leur ouvrir les portes.»

Un volet du projet vise d’ailleurs à consolider l’Association marocaine des sciences infirmières et des techniques sanitaires afin d’en faire une véritable association professionnelle.

Éviter l’occidentalocentrisme

Vu la grande différence entre le contexte social et institutionnel des soins infirmiers au Maroc et celui à Montréal, le programme de formation inclut des activités de réflexion sur les écoles de pensée en techniques infirmières. «Il faut aussi adapter notre approche et notre contenu à la culture marocaine pour éviter l’«occidentalocentrisme», déclare Bilkis Vissandjee. Nos normes de déontologie, par exemple, ne sont pas applicables telles quelles parce qu’on ne retrouve pas dans ce pays les mêmes structures de gestion des soins de santé.»

La prise en compte de la réalité marocaine amène du reste les responsables du projet à suspendre les cours pour la durée du ramadan.

Toutes les normes occidentales ne sont pas pour autant délaissées. Les responsables du projet, de même que ceux de l’ACDI, ont tenu à ce qu’un nombre égal de femmes et d’hommes bénéficient de la formation, et cette demande a été respectée: la quinzaine d’étudiants inscrits – sélectionnés parmi 250 candidats – se compose de huit hommes et de sept femmes.

Selon Mme Vissandjee, la présence des femmes en éducation serait même encouragée par le roi actuel, Mohamed VI. «Nous allons d’ailleurs assurer un suivi à ce projet en effectuant une étude sur la façon dont le milieu de la santé réagit à la présence de femmes professeures», affirme-t-elle.

La Faculté des sciences infirmières disposait déjà d’une expertise en matière de formation à l’étranger puisqu’un autre projet de coopération, quoique plus limité et portant sur la formation en santé communautaire, a déjà été réalisé au Liban.

Daniel Baril



 
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