Édition du 1er décembre 2003 / volume 38, numéro 14
 
  Comment devenir un bon directeur à la maîtrise ou au doctorat
La FES publie des guides pour mieux encadrer les études aux cycles supérieurs.

Louis Maheu

 Un bon directeur de travaux de maîtrise ou de doctorat «manifeste une attitude d’accueil et de respect, même et surtout quand le déroulement de la recherche rencontre [certains obstacles] ou que se développent des divergences d’opinions ou de positions». Il garantit à son étudiant «sa disponibilité et son écoute exclusives, à une fréquence convenue» et s’intéresse à l’ensemble de son cheminement. Le bon directeur offre même son aide à l’étudiant dans les demandes de bourses et la planification du soutien financier.

 Telles sont quelques-unes des responsabilités des directeurs consignées dans une brochure que la Faculté des études supérieures (FES) vient de faire paraître à 10 000 exemplaires et intitulée Votre encadrement aux cycles supérieurs. Cette brochure, actuellement distribuée aux étudiants des 2e et 3e cycles et bientôt envoyée à chaque nouvel inscrit, est un résumé de l’engagement qui lie directeurs et étudiants dans le cadre de leur collaboration à long terme. Une brochure similaire à l’intention des professeurs a également été publiée.

 «Nous avons résolument privilégié dans ces documents un style limpide; pas de langue de bois ici», explique le doyen de la FES, Louis Maheu, particulièrement fier de cette réalisation. C’est une brochure de belle facture et d’un format pratique, qu’on peut apporter facilement et lire dans le métro, souligne le doyen.

 Les textes, signés Nicole Dubreuil, se lisent sans l’aide du dictionnaire. Dans le guide aux professeurs par exemple, on n’a pas peur d’affirmer qu’il est révolu le temps où le directeur lançait à son étudiant: «Revenez me voir lorsque vous aurez écrit quelque chose». «Il y aurait peut-être lieu, malgré le relatif bien-fondé de cette attitude, de se montrer inventif en matière d’encadrement: en plus des échanges intellectuels visant le contenu de la thèse, du mémoire, du travail dirigé ou du rapport, un suivi de la méthode de travail elle-même pourrait aider à dissiper les doutes et à atténuer les blocages.»

 De plus, on déconseille fortement les notations de type «pas clair», «pas concluant», «à reprendre» griffonnées en marge des documents de travail. «Si elle a l’avantage de secouer les paresses et d’obliger au dépassement, indique-t-on, cette attitude [risque] de terroriser et de décourager l’étudiant.»

Changer les mentalités

 Dans le guide destiné aux professeurs, le ton est direct: «L’étudiant ne correspond pas à une pure instance de réception des prestations d’encadrement, peut-on lire. On ne peut pas par exemple l’assimiler formellement à un client […] L’étudiant, même s’il n’est pas [bénéficiaire] de bourses ou de prêts, est redevable à la collectivité des investissements qu’elle fait pour lui.»

 Lorsqu’il est question d’entreprendre des études aux cycles supérieurs, étudiants et directeurs doivent être considérés comme des partenaires, précise le document. Celui-ci ajoute: «Notre rôle n’est pas d’armer les camps, mais de changer les mentalités pour que la relation interpersonnelle s’exerce harmonieusement et efficacement.»

 Deux idées maîtresses sont à la base de ces brochures, précise-t-on dans la conclusion: primo, l’encadrement est intimement lié à la mission de l’Université; secundo, cette question relève d’une responsabilité collective. Les directions de départements et les décanats de facultés ont un rôle à jouer dans ce contexte.

 «C’est la première fois, à ma connaissance, qu’une université francophone procède à une opération de cette nature pour favoriser l’encadrement aux cycles supérieurs», souligne le doyen.

L’abandon: un problème préoccupant

 Depuis plusieurs années, M. Maheu et ses collaborateurs de la FES déploient des efforts considérables pour contrer le problème du décrochage, qui touche durement les étudiants à la maîtrise et au doctorat. Actuellement, toutes disciplines confondues, le taux de décrochage atteint près de 50 % au doctorat et 35 % à la maîtrise. Des taux que le doyen juge «inadmissibles», car ils placent l’Université de Montréal à un rang peu enviable parmi les 10 grands établissements universitaires de recherche du Canada.

 Le doyen et son équipe veulent augmenter la diplomation de 10 % d’ici l’année 2007-2008, et la publication des guides sur l’encadrement des étudiants aux cycles supérieurs est une façon d’atteindre cet objectif. «En tout cas, en donnant cette brochure aux étudiants, on leur dit: “Voici à quoi vous devez vous attendre.” De leur côté, les professeurs sont invités à revoir leur manière d’encadrer leurs étudiants.» D’autres moyens sont aussi utilisés, comme l’attribution de bourses d’excellence.

 L’Université de Montréal et ses écoles et centres affiliés comptent quelque 3000 professeurs ou chargés d’enseignement autorisés à diriger des travaux aux cycles supérieurs. Ces affectations sont de divers ordres: certains professeurs peuvent uniquement diriger des projets de maîtrise par exemple. Mais le doyen insiste sur le fait que, tous les trois ans, ces affectations sont réévaluées. L’encadrement des étudiants est un des critères qui sera pris en compte de façon plus attentive.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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