Édition du 1er décembre 2003 / volume 38, numéro 14
 
  Les avantages d’un retour aux études
Un nombre croissant de personnes se réinscrivent à l’Université.

Après une pause de près de 10 ans, Nathalie Farley, qui est mère de trois enfants, est retournée à l’Université. «Je crois avoir fait le bon choix», dit-elle.

Certains ont des enfants, plusieurs un emploi et tous le même objectif: retourner à l’université pour décrocher un diplôme de 2e ou de 3e cycle. Et ils sont de plus en plus nombreux à relever le défi.

Près de 10 ans après l’obtention de son baccalauréat, Nathalie Farley vit une sérieuse remise en question. Son emploi d’ergothérapeute ne la satisfait plus et elle ressent le besoin d’être davantage valorisée. Elle est sûre d’aimer l’enseignement et son petit boulot de conférencière lui donne envie d’aller plus loin. Lorsqu’un professeur lui parle des cycles supérieurs, tout s’enchaîne dans sa tête. Mais quatre facteurs majeurs doivent être pris en considération: ses trois enfants et leur papa.

«La principale difficulté se situe sur le plan financier. Je suis redevenue étudiante, mais mes obligations n’ont pas changé: nourrir trois enfants, les vêtir, payer l’hypothèque, etc. Tu apprends à devenir jongleur», raconte la maman de 35 ans.

Et les études? «Mes enfants vont à la garderie de 9 h à 17 h, comme si je travaillais à temps plein. Ce temps-là est consacré à mes études et à mon emploi d’assistante de recherche», dit-elle. Tout écart à l’horaire entraîne du travail supplémentaire le soir. Ce moment de la journée est d’abord réservé à la vie familiale, car, dès le retour des enfants, s’enchaînent le repas, la préparation des lunchs du lendemain, les leçons de l’aîné et les bains, sans oublier un peu de temps pour chacun.

La situation de Nathalie Farley est loin d’être unique. Même si les étudiants qui effectuent un retour aux études sont minoritaires sur le campus, leur nombre ne cesse d’augmenter depuis cinq ans, particulièrement aux cycles supérieurs.

Afin de mieux s’adapter à cette clientèle et à la tendance qui inscrit la formation continue aux 2e et 3e cycles, la Faculté des études supérieures (FES) a mis sur pied un programme-cadre de formation continue, comme l’explique le doyen, Louis Maheu.

«Nous avons élaboré une structure des offres de formation qui s’emboîtent les unes dans les autres. Un étudiant peut ainsi terminer un microprogramme de 15 crédits et obtenir une attestation. S’il y additionne 15 autres crédits, il obtient un diplôme d’études supérieures spécialisées (D.E.S.S.). Sur cette base, l’étudiant peut encore aller chercher 15 crédits en vue d’obtenir un diplôme de maîtrise.»

Le cheminement «morcelé» trouve preneur, si bien que la FES a créé 80 microprogrammes en cinq ans. L’effort a été particulièrement nourri dans les domaines dits professionnels, comme ceux de la santé, des sciences de l’éducation et du droit. «Dans ces secteurs, les programmes offrent des horaires de soir et de fins de semaine. Les cours sont aussi donnés à l’extérieur du campus de Montréal, notamment à Longueuil et Laval et sur certains lieux de travail», précise Louis Maheu.

L’art d’apprendre

Effectuer un retour aux études après avoir passé plusieurs années sur le marché du travail n’est pas qu’une question de conciliation d’horaires. Encore faut-il se réadapter au rythme et aux exigences des travaux universitaires. Même si son premier trimestre se déroule bien, Nathalie Farley admet qu’elle a dû mettre les bouchées doubles. «J’ai dû me réhabituer aux examens. C’est différent du travail, où je n’étais pas constamment évaluée. On sent une certaine compétition et la nécessité de performer.»

Cela ne l’empêche toutefois pas de trouver sa place à l’Université. «Il faut savoir pourquoi on est là, fixer ses propres limites et apprendre à lâcher prise. Je fais cette maîtrise pour moi, pas pour les autres étudiants ni pour les profs.»

Se réadapter au monde universitaire est parfois plus ardu. Frédéric Talbot, psychologue à l’Université de Montréal, a eu l’occasion de recevoir en consultation des étudiants dont le retour aux études était difficile.

«Certains sont stressés, déprimés ou manquent de confiance en eux. Il faut alors les remettre en contact avec leurs capacités.»

Parce que ces étudiants sont de plus en plus nombreux à participer aux différentes activités qu’il offre, le Service d’orientation et de consultation psychologique a décidé de proposer dès janvier un atelier1 créé en fonction de leur réalité. «Certains thèmes sont déjà prévus, mais ce sera d’abord et avant tout un atelier concret, orienté sur leurs questions et leurs besoins», précise Frédéric Talbot.

Selon le psychologue, ce type de rencontre peut être très bénéfique, car bon nombre de ces étudiants sont prêts à tout pour réussir leur retour. «Ces gens vont rapidement chercher des outils pour s’aider; ils sont très actifs et ont une grande motivation.»

C’est aussi l’avis de Nathalie Farley, qui n’a pas l’intention de quitter l’Université sans une maîtrise en poche . «Je suis hypermotivée; plus fatiguée qu’au début de l’année, mais plus confiante que j’ai fait le bon choix.»

Crystelle Crépeau

Collaboration spéciale

1 Pour plus d’information sur l’atelier «Le retour aux études», communiquez avec le Service au (514) 343-6853.



 
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