Édition du 8 décembre 2003 / volume 38, numéro 15
 
  Pour rouler sans se casser le cou
Les parcs pour planches à roulettes assurent une pratique sécuritaire de ce sport.

Un jeune planchiste dans le parc spécialement aménagé à l’École sans frontières.

Sport extrême, la planche à roulettes? Sûrement pas si l’on s’y adonne dans des parcs spécialement aménagés. La pratique de ce sport dans un tel environnement s’avère très sécuritaire, s’il faut en croire l’étude de Sophie Laforest, professeure au Département de kinésiologie.

Dans une recherche réalisée pour le compte du Collectif sans frontières et subventionnée par le Secrétariat au loisir et au sport, Sophie Laforest a observé les comportements des planchistes qui fréquentaient le parc pour planches à roulettes de l’École sans frontières dans le quartier Rosemont l’été dernier. L’étude visait à brosser un tableau des blessures directement occasionnées par l’usage de la planche à roulettes et à établir des conditions d’utilisation sécuritaires.

Au total, 209 planchistes se sont dûment inscrits pour fréquenter ce parc, ce qui a représenté près de 2000 présences pendant les 39 jours qu’a duré l’observation. La chercheuse a enregistré en tout 38 blessures, mais une seule, soit une fracture du poignet, a nécessité une consultation médicale. Les autres blessures étaient des ecchymoses (chez 63 % des planchistes), des éraflures (chez 47 %) et des entorses (chez 13 %).

Sophie Laforest

«Les blessures sont beaucoup moins graves que celles auxquelles on s’attendait, selon des relevés d’enquêtes effectuées dans les hôpitaux et faisant mention de blessures sérieuses, affirme Sophie Laforest. Ces blessures graves surviendraient dans la rue. Les parcs pour planches à roulettes s’avèrent donc des endroits sécuritaires propices à la tenue de cette activité. Mieux vaut favoriser ces aménagements que de laisser les jeunes planchistes dans la rue au travers des automobiles.»

À partir d’une extrapolation de ses données, la chercheuse indique qu’on peut s’attendre, pour une période de 60 jours, à environ 280 blessures en tous genres, dont 7 nécessitant des consultations médicales, si le nombre d’inscrits était de 1000 usagers.

Le parc où l’étude a été menée comportait une dizaine de modules ne dépassant pas un mètre de hauteur, destinés à des débutants et à des intermédiaires. Des moniteurs ont été présents tout l’été afin d’organiser des activités, mais l’usage des modules pour planches à roulettes a été laissé libre. L’âge des usagers variait de 8 à 25 ans pour une moyenne d’âge de 13 ans.

Matériel de protection

Interrogés sur l’utilité du port d’un équipement de protection, tous les jeunes ont répondu qu’un casque serait une protection utile. Mais seuls ceux qui y étaient obligés – soit les moins de 12 ans – en portaient effectivement un, même si les casques étaient fournis gratuitement par le parc!

Moins de 2 % avaient des protège-coudes et des protège-genoux, alors que 73 % des planchistes ne portaient aucun équipement de protection.

Selon Mme Laforest, certaines blessures auraient pu être évitées avec le port d’un équipement protecteur, même si ces blessures étaient mineures. Ses données indiquent que, parmi les planchistes qui ne portaient aucun accessoire de protection, le nombre de blessés dépasse de 2 % celui des planchistes non blessés.

La chercheuse a aussi voulu savoir à quoi les jeunes attribuaient leur accident. Près de 88 % ont invoqué un facteur humain comme une perte de contrôle, un mauvais calcul ou un mouvement trop audacieux, alors que seulement 6 % ont mis en cause le mauvais état des installations ou de leur planche.

Pour Sophie Laforest, les jeunes qui s’adonnent à ce type de sport ne font pas preuve de plus de témérité que les autres jeunes. «Ce que nous avons observé pourrait se comparer à ce qu’on peut voir sur les pistes de ski alpin, souligne-t-elle. Un seul planchiste a cherché à épater les autres.»

La chercheuse présentait les résultats de son étude le 4 décembre à l’occasion des 7es Journées annuelles de santé publique.

Daniel Baril



 
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