Le site, hébergé à l’UdeM, reçoit actuellement quelque 10 000 visites par mois.

Un cas de violence psychologique envers une handicapée en établissement de santé a défrayé la chronique il y a deux semaines avant de tourner au drame. Ce qui a été présenté comme un cas isolé ne serait que la pointe de l’iceberg, selon Louis Plamondon, coordonnateur du réseau Internet francophone Vieillir en liberté (RIFVEL).

Avant la tragédie de l’hôpital Saint-Charles-Borromée, le coordonnateur du RIFVEL confiait à Forum qu’il n’est pas rare que des comportements déviants ou «conduites secondaires abusives» deviennent des normes de pratique dans des centres de soins. «Ceci résulte de lacunes dans le contrôle de la qualité des soins et du laxisme de la part des directions d’établissements, déclarait-il. C’est aussi un signe de défaillance du système de plaintes.»

Selon Louis Plamondon, également responsable du certificat Violence, victimes et société de la Faculté de l’éducation permanente, ces conduites abusives sont une manifestation du «pouvoir totalitaire que détient le personnel des établissements de santé sur les patients et qui s’arroge le droit de punir. Cela nous montre la nécessité de bien outiller les familles et les proches de ces patients.»

Le réseau qu’il coordonne a justement pour objectif de protéger les personnes âgées, particulièrement vulnérables aux conduites abusives sur les plans physique, psychologique et social. «Le RIFVEL a pour mandat de regrouper et de rendre disponibles sur Internet les expertises acquises dans toute la francophonie autour des soins à donner aux gens du troisième âge, que ce soit dans les domaines de la santé, de l’aide psychosociale ou du droit», précise-t-il.

Les usagers du réseau (www.rifvel.org) peuvent y trouver des réponses adéquates aux divers problèmes vécus, de la documentation de base sur la façon d’intervenir dans les situations de violence envers les personnes âgées, des liens vers les lois et les organismes-ressources pour chacun des pays participants ainsi que des recensions d’articles et de recherches sur tous les sujets en rapport avec la gérontologie.

On y trouve également un programme intégré de prévention de la violence en contexte de soins à domicile de même qu’un test permettant d’évaluer les risques d’abus ou de négligence liés aux situations particulières dans lesquelles peuvent être plongées les personnes âgées.

Leadership de l’Université

Louis Plamondon

À l’échelle internationale, le RIFVEL regroupe des partenaires du Québec, de la France, de la Belgique et de la Suisse. Le réseau tire son origine d’un partenariat entre l’Université de Montréal et L’Université de Genève qui, à l’initiative de Louis Plamondon, ont lancé un premier site en l’an 2000 sur la violence envers les personnes âgées.

Sur la scène québécoise, le RIFVEL-Québec réunit des représentants de l’UdeM, de l’Institut universitaire de gériatrie, de la Fondation Jules et Paul-Émile Léger, de l’Association québécoise Plaidoyer-victimes, de l’Office de la protection du consommateur, du Curateur public, du Conseil pour la protection des malades, de la Sûreté du Québec et du Réseau québécois pour contrer les abus aux aînés. La présidence en est assumée par Louis Plamondon tandis que Louise Getty, professeure au Département d’orthophonie et d’audiologie de la Faculté de médecine de l’UdeM, dirige le Comité d’experts.

Des projets en cours, pilotés par l’Institut universitaire de gériatrie, portent sur la nutrition, la prévention des chutes et l’évaluation de la dépression. Une autre recherche, en collaboration avec le Centre national de prévention du crime, se penche sur la vulnérabilité des personnes âgées habitant dans les HLM.

Louis Plamondon a également comme projet de rendre accessible sur le site du RIFVEL le cours sur la violence envers les personnes âgées offert au certificat Violence, victimes et société.

Daniel Baril