Édition du 8 décembre 2003 / volume 38, numéro 15
 
  Vient de paraître
Le dialogue du Sauveur (NH III, 5) - Possibles: littérature et citoyenneté - La gang: une chimère à apprivoiser

Le dialogue du Sauveur (NH III, 5)

«Lorsque vous abandonnerez les œuvres qui ne pourront vous suivre, alors vous vous reposerez», enseigne le Seigneur dans Le dialogue du Sauveur (141,9-12). Voilà qui résume bien la doctrine centrale de ce «dialogue de révélation» entre Jésus, le révélateur descendu du Plérôme, et ses disciples Marie, Matthieu et Jude.

Document manifestement chrétien, mais demeuré inconnu jusqu’à sa découverte en Haute-Égypte en 1945, Le dialogue du Sauveur présente l’ultime enseignement que Jésus adressa à ses disciples avant de quitter ce monde. Si l’élu se connaît lui-même et trouve à l’intérieur de lui sa racine de lumière en se débarrassant de la colère, de l’envie et des autres passions suscitées par les ténèbres, il peut déjà «voir» le lieu du repos. Mais il n’atteindra à la grande vision éternelle du Dieu vivant qu’après la dissolution, lorsque l’âme abandonnera le corps pour échapper aux archontes, éons et puissances célestes qui veulent la retenir captive en ce monde de pauvreté. Alors seulement celle-ci pourra-t-elle entrer dans la chambre nuptiale pour être éternellement unie à son conjoint céleste.

On cherchera en vain dans Le dialogue du Sauveur cet anticosmisme radical qui considère le monde matériel créé par un démiurge mauvais ou ignorant comme la source de tous les maux accablant l’humanité. Et ce n’est qu’avec un œil averti qu’on peut y détecter le mythe de la chute d’une semence pneumatique issue du Plérôme. Le document s’inscrit malgré tout dans le courant gnostique, affichant une doctrine valentinienne épurée qui témoigne d’une volonté de rapprochement avec la «Grande Église».

Il s’agit de l’édition critique, traduite et commentée d’un manuscrit égyptien du 2e-3e siècle avant Jésus-Christ resté inconnu jusqu’à la découverte fortuite d’un corpus de vieux manuscrits dans le désert de la Haute-Égypte en 1945 par des Bédouins. L’ensemble de 13 codices comprenant 53 textes distincts constitue une véritable «bibliothèque» gnostique dont l’importance tient, entre autres choses, au fait que les spécialistes de l’Antiquité peuvent désormais étudier la gnose judéo-chrétienne à partir de sources de première main, s’affranchissant ainsi des anciens traqueurs d’hérésies dont les réfutations déformantes constituaient les principales sources de documentation.

Le présent volume porte sur l’un de ces textes gnostiques originaux, Le dialogue du Sauveur, dont il présente une édition critique du texte dans sa langue originale, une traduction française, une introduction et un commentaire exhaustif. Il s’agit de la première traduction française de ce texte et surtout du premier commentaire à en être fait. Le travail a été réalisé à l’intérieur d’un vaste projet international d’édition basé à l’Université Laval sous le nom «Bibliothèque copte de Nag Hammadi».

Pierre Létourneau, Le dialogue du Sauveur (NH III, 5), Bibliothèque copte de Nag Hammadi, section "Textes", 29, XIII, Les Presses de l’Université Laval, 2003, 330 p.

 

Possibles: littérature et citoyenneté

Comment, dans le contexte de la mondialisation marchande et de la fragmentation des identités, la «vieille» problématique de l’engagement se pose-t-elle? C’est la question qui a été soumise comme objet de réflexion à des intervenants des milieux littéraire et culturel à leur double titre d’acteurs engagés dans une pratique particulière et de citoyens concernés par les grands débats qui préoccupent notre société.

On verra que tous s’entendent pour reconnaître l’importance décisive du politique comme dimension constitutive de la vie sociale, régie du vivre ensemble qui nous concerne tous à titre d’êtres sociaux et de citoyens embarqués dans une aventure collective dont nous sommes des acteurs responsables. De cela, les écrivains, malgré et peut-être en raison de leur singularité, sont de plus en plus nombreux à être conscients.

Ont collaboré à ce numéro Terry Cochran, Madeleine Gagnon (professeure invitée) et Catherine Mavrikakis.

Possibles, vol. 28, no 1, Littérature et citoyenneté, hiver 2004, 178 p., 8 $.

 

La gang: une chimère à apprivoiser

On croit les jeunes endormis, résignés, mous. Erreur, la colère couve chez bon nombre d’entre eux, elle gronde même chez certains: une colère d’un type nouveau qui s’exprime en «gang», mêlée de tensions raciales, surtout visibles dans les quartiers multiethniques et dans les milieux populaires, la colère des garçons et des filles qui veulent jouir au plus vite du bien-être qu’une société de plus en plus riche expose dans un consumérisme effréné et propose comme le signe de la réussite.

Le phénomène des gangs juvéniles est surmédiatisé. Il est l’objet d’inquiétudes dans la population et il est dans la mire des policiers patrouilleurs. Avec raison, diront la plupart des lecteurs, mais les auteurs de cet essai nous invitent à y regarder de plus près.

Dans ce livre où ils donnent une place prépondérante à la parole des jeunes, ils adoptent une position critique à l’égard de cette philosophie sociale, dominante aujourd’hui, qui est exclusivement centrée sur le maintien de l’ordre social et qui tend à ignorer le rôle positif que joue la marginalité tant dans la société qu’auprès des personnes marginales elles-mêmes.

Les deux auteurs sont attachés au Département d’anthropologie.

Marc Perreault et Gilles Bibeau, La gang: une chimère à apprivoiser, Marginalité et transnationalité chez les jeunes Québécois d’origine afro-antillaise, Montréal, Boréal, 2003, 391 p., 27,95 $.



 
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